Vue de Rabat, l'interdiction du port du voile intégral dans la rue en France sexplique par la dérive droitière de la République. Pourtant, ici aussi niqab, burqa ou hijab, étrangers à la tradition, suscitent crainte et suspicion.
Lanecdote rapportée par le journaliste Jaouad Mdidech illustre bien lévolution du phénomène au Maroc: la scène se passe vers la fin des années 60, la grande diva égyptienne Oum Kalthoum donne un concert inoubliable dans la salle archicomble du théâtre Mohammed V de Rabat. Le public est à moitié féminin. Les femmes sont pour la plupart habillées à loccidentale, certaines arborant des djellabas traditionnelles, mais leur visage est découvert. Nulle trace de hijab, de niqab ou de burqa à cette époque. Près dun demi-siècle plus tard, une autre image se superpose à la première: dans le même théâtre de la capitale, Sofia Essaïdi, la jeune artiste franco-marocaine devenue célèbre grâce à la Star Academy se produit sur scène. Dans le public, une majorité de jeunes femmes ont un foulard sur la tête.
Un «phénomène étranger à la culture marocaine»
Entre ces deux images, il y a eu un tournant, que lon peut situer dans les années 1980. Une période qui, au Maroc comme dans les autres pays arabes, a vu se généraliser le port du voile. La contagion népargne pratiquement aucun milieu, populaire comme aisé; élèves et professeures des établissements scolaires, universités, ouvrières, médecins, avocates, banquières Cette époque, estiment les sociologues, est en rupture avec celle de lindépendance qui avait vu les citadines jeter aux orties la tenue traditionnelle au profit d'une allure plus occidentale.
Au Maroc, les discussions sur le port du voile restent timides. Aucune position officielle nest prise, lislam étant la religion dEtat et le roi tirant sa légitimité de son statut de Commandeur des croyants. Seul le Parti de la justice et du développement (PJD) des islamistes modérés est ouvertement favorable au port du voile, souvent pour des raisons électoralistes. Les activistes féministes saventurent rarement sur ce terrain miné, préférant défendre la femme sur des thématiques moins sensibles.
Pour Hassan II, qui commentait sur Antenne 2 en 1989 son intervention dans l'affaire du voile portée par des adolescentes dorigine marocaine dans un lycée de Creil, la tradition vestimentaire du simple fichu sur la tête au Maroc nétait pas à rapprocher de la polémique alors naissante en France autour du port du voile. Son discours était même empreint de condescendance sur ce «phénomène étranger à la culture marocaine».
Le voile intégral (dans ses versions niqab, hijab ou burqa) est la représentation de la composante salafiste dun islamisme importé au Maroc. Une composante récente et des codes vestimentaires totalement inconnus auparavant. Certaines femmes très minoritaires ont commencé à le porter a partir des années 80 dans le sillage de la révolution iranienne. Il renvoie à des courants religieux marginaux ayant une vision figée de l'islam et prônant la négation de la modernité.
Lanecdote rapportée par le journaliste Jaouad Mdidech illustre bien lévolution du phénomène au Maroc: la scène se passe vers la fin des années 60, la grande diva égyptienne Oum Kalthoum donne un concert inoubliable dans la salle archicomble du théâtre Mohammed V de Rabat. Le public est à moitié féminin. Les femmes sont pour la plupart habillées à loccidentale, certaines arborant des djellabas traditionnelles, mais leur visage est découvert. Nulle trace de hijab, de niqab ou de burqa à cette époque. Près dun demi-siècle plus tard, une autre image se superpose à la première: dans le même théâtre de la capitale, Sofia Essaïdi, la jeune artiste franco-marocaine devenue célèbre grâce à la Star Academy se produit sur scène. Dans le public, une majorité de jeunes femmes ont un foulard sur la tête.
Un «phénomène étranger à la culture marocaine»
Entre ces deux images, il y a eu un tournant, que lon peut situer dans les années 1980. Une période qui, au Maroc comme dans les autres pays arabes, a vu se généraliser le port du voile. La contagion népargne pratiquement aucun milieu, populaire comme aisé; élèves et professeures des établissements scolaires, universités, ouvrières, médecins, avocates, banquières Cette époque, estiment les sociologues, est en rupture avec celle de lindépendance qui avait vu les citadines jeter aux orties la tenue traditionnelle au profit d'une allure plus occidentale.
Au Maroc, les discussions sur le port du voile restent timides. Aucune position officielle nest prise, lislam étant la religion dEtat et le roi tirant sa légitimité de son statut de Commandeur des croyants. Seul le Parti de la justice et du développement (PJD) des islamistes modérés est ouvertement favorable au port du voile, souvent pour des raisons électoralistes. Les activistes féministes saventurent rarement sur ce terrain miné, préférant défendre la femme sur des thématiques moins sensibles.
Pour Hassan II, qui commentait sur Antenne 2 en 1989 son intervention dans l'affaire du voile portée par des adolescentes dorigine marocaine dans un lycée de Creil, la tradition vestimentaire du simple fichu sur la tête au Maroc nétait pas à rapprocher de la polémique alors naissante en France autour du port du voile. Son discours était même empreint de condescendance sur ce «phénomène étranger à la culture marocaine».
Le voile intégral (dans ses versions niqab, hijab ou burqa) est la représentation de la composante salafiste dun islamisme importé au Maroc. Une composante récente et des codes vestimentaires totalement inconnus auparavant. Certaines femmes très minoritaires ont commencé à le porter a partir des années 80 dans le sillage de la révolution iranienne. Il renvoie à des courants religieux marginaux ayant une vision figée de l'islam et prônant la négation de la modernité.