Libye : 35% du pétrole brut contre le soutien de la France au CNT

La France aurait signé, dès le mois d’avril, un accord avec le Conseil national de transition (CNT), lui attribuant 35% du pétrole brut, en échange d’un soutien total aux insurgés. L’information a été publiée jeudi par le quotidien français Libération.


Libye : 35% du pétrole brut contre le soutien de la France au CNT
Le soutien de la France au Conseil national de transition (CNT) ne se serait pas fait sans condition. « Protéger la population civile (libyenne) d’une folie meurtrière », aider à la construction d’une « Nouvelle Libye », les « priorités » édictées par le président français Nicolas Sarkozy n'étaient pas dénuées d'arrières-pensées commerciales.

Le 3 avril dernier, 17 jours après l’adoption de la résolution 173 par l’ONU, le CNT signe une lettre, dont le journal français Libération a publié une copie dans son édition de jeudi.

« […] S’agissant de l’accord sur le pétrole passé avec la France en échange de la reconnaissance de notre Conseil, lors du sommet de Londres, comme représentant légitime de la Libye, nous avons délégué le frère Mahmoud [Shammam, ministre en charge des médias au CNT, ndlr] pour signer cet accord attribuant 35% du total du pétrole brut aux Français en échange du soutien total et permanent à notre Conseil ».
Le document est adressé au cabinet de l’émir du Qatar, pays qui servait alors d’intermédiaire entre la France et l’organe politique de la rébellion libyenne, avec, en copie, Amr Moussa, le secrétaire général de la ligue arabe.
"Juste rétribution"
Interrogé sur le sujet par la radio RTL jeudi, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a déclaré ne pas avoir eu vent d’une telle lettre. Même s’il a jugé logique que les pays ayant soutenu les insurgés puisse bénéficier d’avantages lors de la reconstruction du pays. Moustapha Abdeljalil, le numéro un de l’organe politique de la rébellion, avait d’ailleurs promis de récompenser les États ayant aidé la Libye « en fonction du soutien » qu'ils ont apporté aux insurgés.
Cet accord pétrolier ne serait donc qu’une gratification honnête. C’est en tout cas la thèse défendue par Mathieu Guidère, spécialiste du monde arabe, dans les lignes de Libération. « Pour les membres du CNT, cet accord n’est que la juste rétribution (…) du soutien offert par la France », analyse-t-il. « Ce peuple n’est pas pauvre, il ne tend pas la main car il a conscience de sa richesse », poursuit le professeur.

Libye : 35% du pétrole brut contre le soutien de la France au CNT
Et la France compte bien honorer sa part du contrat. Le pays renouvèle, aujourd’hui même, son soutien au pays libéré du joug de Mouammar Kaddafi, en accueillant soixante pays à l’Élysée, à l’occasion d’une conférence des « amis de la Libye ».


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Jeudi 1 Septembre 2011 - 12:04
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