Mahur
Iesous Christos Theou Yios Soter
Après avoir été proche des milieux islamistes, Ahmed Akkari, un jeune libano-danois qualifié d'imam par les médias locaux, prend du recul et critique l'influence des religieux qui, selon lui, empoisonnent l'esprit des jeunes. Témoignage.
Un épisode de ma scolarité reste à jamais gravé dans ma mémoire : mon professeur d'histoire au lycée avait posé par terre, sous une table, une boîte d'allumettes à l'effigie de Tordenskjold [héros naval dano-norvégien représenté sur la quasi-totalité des boîtes d'allumettes danoises]. Puis, il nous avait demandé d'observer la boîte depuis nos places respectives. Chacun de nous avait ainsi vu la boîte sous un angle différent et sous une perspective particulière. Cela nous avait amusés cinq minutes. Notre professeur avait ensuite commencé à parler de la personne et du héros Tordenskjold, en nous racontant de quelles manières son histoire avait été utilisée à travers les âges.
J'ai grandi à Thy et à Aalborg [au nord du Danemark]. Jusqu'à l'âge de 16 ans, j'ai été à l'abri des influences qui devaient ultérieurement changer mon destin. A 16 ans, ma vie a en effet pris un autre cours - pour le mieux, ai-je d'abord pensé. J'ai été enrôlé dans une mission islamiste par notre voisin d'une part, qui ne ressemblait absolument pas à un islamiste actif, et par d'habiles recruteurs d'autre part, membres de la mosquée locale de Danmarksgade à Aalborg.
Les islamistes supposent que chaque mot du Coran est loi
Alors qu'à l'école et au lycée, on apprend à reconnaître et à écouter les arguments, on assistait ici à une transmission de règles et de prescriptions sans aucun esprit critique. Les vérités assénées par les personnes pieuses étaient en réalité l'expression de luttes de pouvoir et de positionnements dans la sphère sociale. Les groupes et assemblées islamistes étaient presque les mêmes partout. J'ai été frappé de constater à quel point ils étaient souvent régis par des intérêts personnels et savaient servir ces derniers à force de manipulations. J'ai vécu l'intolérance à l'égard de ceux qui pensaient autrement, même des coreligionnaires qui ne partageaient pas les mêmes convictions.
Les islamistes supposent que chaque mot du Coran est loi et que chaque source donnée par Mahomet est la base d'une loi. Cette idée s'est enracinée chez la plupart des musulmans ordinaires, qui ne peuvent donc pas imaginer d'interpréter autrement les textes sans avoir le sentiment d'offenser Dieu et de commettre un sacrilège. On peut croire pendant longtemps qu'on voit la vérité, alors qu'en réalité on ne voit que des idées. C'est un peu comme regarder une boîte d'allumettes depuis une chaise placée dans une grande salle.
J'ai pris conscience de ce phénomène lors de l'été 2011 au Liban, alors que je rendais visite à un ami et directeur d'école libanais. Je trouvai chez lui plusieurs livres intéressants qui, je m'en souvenais, avaient fait grand bruit au Moyen-Orient. L'un d'eux était Critique du discours religieux, écrit par un intellectuel du nom de Nasr Hamed Abou Zeid. Ses arguments lui valurent en son temps d'être condamné comme dissident et apostat.
Tout au long de ma lecture, en confrontant les arguments de l'ouvrage avec le jugement prononcé à l'encontre de Zeid, j'ai constaté un écart considérable entre les propos du livre et la manière dont il avait été attaqué. Cette découverte décisive m'a convaincu que chez les islamistes, l'éducation était fondamentalement mauvaise. Les livres écrits par Zeid constituaient une tentative d'intellectuel pour interpréter une partie des textes essentiels de l'islam à partir d'un fondement moins connu, basé sur des points de vue à la fois philosophiques et spirituels. Cela, l'islam sunnite monopoliste ne pouvait le tolérer !
L'islam doit s'affranchir du pouvoir des islamistes
http://www.courrierinternational.co...-danois-qui-a-rompu-avec-l-islamisme?page=all
Un épisode de ma scolarité reste à jamais gravé dans ma mémoire : mon professeur d'histoire au lycée avait posé par terre, sous une table, une boîte d'allumettes à l'effigie de Tordenskjold [héros naval dano-norvégien représenté sur la quasi-totalité des boîtes d'allumettes danoises]. Puis, il nous avait demandé d'observer la boîte depuis nos places respectives. Chacun de nous avait ainsi vu la boîte sous un angle différent et sous une perspective particulière. Cela nous avait amusés cinq minutes. Notre professeur avait ensuite commencé à parler de la personne et du héros Tordenskjold, en nous racontant de quelles manières son histoire avait été utilisée à travers les âges.
J'ai grandi à Thy et à Aalborg [au nord du Danemark]. Jusqu'à l'âge de 16 ans, j'ai été à l'abri des influences qui devaient ultérieurement changer mon destin. A 16 ans, ma vie a en effet pris un autre cours - pour le mieux, ai-je d'abord pensé. J'ai été enrôlé dans une mission islamiste par notre voisin d'une part, qui ne ressemblait absolument pas à un islamiste actif, et par d'habiles recruteurs d'autre part, membres de la mosquée locale de Danmarksgade à Aalborg.
Les islamistes supposent que chaque mot du Coran est loi
Alors qu'à l'école et au lycée, on apprend à reconnaître et à écouter les arguments, on assistait ici à une transmission de règles et de prescriptions sans aucun esprit critique. Les vérités assénées par les personnes pieuses étaient en réalité l'expression de luttes de pouvoir et de positionnements dans la sphère sociale. Les groupes et assemblées islamistes étaient presque les mêmes partout. J'ai été frappé de constater à quel point ils étaient souvent régis par des intérêts personnels et savaient servir ces derniers à force de manipulations. J'ai vécu l'intolérance à l'égard de ceux qui pensaient autrement, même des coreligionnaires qui ne partageaient pas les mêmes convictions.
Les islamistes supposent que chaque mot du Coran est loi et que chaque source donnée par Mahomet est la base d'une loi. Cette idée s'est enracinée chez la plupart des musulmans ordinaires, qui ne peuvent donc pas imaginer d'interpréter autrement les textes sans avoir le sentiment d'offenser Dieu et de commettre un sacrilège. On peut croire pendant longtemps qu'on voit la vérité, alors qu'en réalité on ne voit que des idées. C'est un peu comme regarder une boîte d'allumettes depuis une chaise placée dans une grande salle.
J'ai pris conscience de ce phénomène lors de l'été 2011 au Liban, alors que je rendais visite à un ami et directeur d'école libanais. Je trouvai chez lui plusieurs livres intéressants qui, je m'en souvenais, avaient fait grand bruit au Moyen-Orient. L'un d'eux était Critique du discours religieux, écrit par un intellectuel du nom de Nasr Hamed Abou Zeid. Ses arguments lui valurent en son temps d'être condamné comme dissident et apostat.
Tout au long de ma lecture, en confrontant les arguments de l'ouvrage avec le jugement prononcé à l'encontre de Zeid, j'ai constaté un écart considérable entre les propos du livre et la manière dont il avait été attaqué. Cette découverte décisive m'a convaincu que chez les islamistes, l'éducation était fondamentalement mauvaise. Les livres écrits par Zeid constituaient une tentative d'intellectuel pour interpréter une partie des textes essentiels de l'islam à partir d'un fondement moins connu, basé sur des points de vue à la fois philosophiques et spirituels. Cela, l'islam sunnite monopoliste ne pouvait le tolérer !
L'islam doit s'affranchir du pouvoir des islamistes
http://www.courrierinternational.co...-danois-qui-a-rompu-avec-l-islamisme?page=all