Connaître son ennemi est la première étape pour le vaincre, et permettra, espérons-le, de déloger le sionisme en tant que doctrine et pratique fortement implantées dans la société.
Quelle est la fonction du mouvement sioniste ? Commençons par quatre affirmations qui, cumulées, définissent l’action du mouvement sioniste .
Le mouvement sioniste crée et soutient le “lobby israélien” afin d’étendre son influence idéologique et politique, façonnant ainsi la politique étrangère et intérieure des pays où il opère. Il apporte un soutien matériel au nettoyage ethnique et au génocide, en injectant chaque année des millions de dollars dans des organisations caritatives qui contribuent au vol de terres et aux crimes de guerre. Il forme les enfants et les jeunes à devenir des fidèles idéologiques grâce à un vaste réseau d’écoles, de synagogues, de groupes de soutien et de programmes de recrutement de colons, notamment les voyages Birthright, le Masa Journey et le Lone Soldier Program. Au-delà encore, le mouvement déploie systématiquement ses adeptes dans toutes les strates de la société en tant qu’agents permanents de l’idéologie sioniste. Ce n’est pas une métaphore. C’est de l’infiltration.
Ce concept d’infiltration va au-delà du modèle traditionnel du renseignement, qui consiste à recruter des agents pour des missions secrètes, même s’il inclut toujours cette pratique. Il implique également de faire appel à des individus qui sont, en quelque sorte, des agents dormants, prêts à être activés.
Mais le concept va encore plus loin, car dans de nombreux cas, les agents dormants n’ont pas besoin d’être sollicités pour participer à une mission particulière. Ils sont prêts à agir dès lors que les intérêts de l’État juif sont menacés, ou perçus comme tels.
Fort de leur longue expérience de plusieurs décennies de radicalisation et de conditionnement, ils sont préparés à incarner des sionistes idéologiques convaincus. Il s’agit en d’autres termes d’un niveau d’infiltration multiforme et bien ancré, qui se développe dès l’enfance et s’intensifie à chaque étape de la vie.
Pour comprendre comment un tel système a pu voir le jour, une analyse des origines et de l’évolution du mouvement sioniste s’impose.
Le mouvement sioniste
Même les sionistes les plus radicaux et les socialistes les plus révolutionnaires s’accordent sur un point : avant 1948, le mouvement sioniste constituait une force politique coordonnée. Il a organisé et perpétré la Nakba, c’est-à-dire le nettoyage ethnique et le déplacement massif de la population palestinienne, afin d’établir ce qu’il a appelé l’État d’Israël. Les sionistes rejettent bien sûr cette terminologie, mais les archives historiques sont formelles.Une fois son objectif principal atteint en 1948, le mouvement a brièvement envisagé de se dissoudre. Cependant, lors du congrès sioniste mondial de Jérusalem en 1951, les délégués ont choisi de poursuivre et de redéfinir de nouveaux objectifs pour l’avenir.
Cette décision a conduit à la création du “Programme de Jérusalem”, qui a officiellement codifié les nouveaux objectifs du mouvement. Parallèlement, le Parlement israélien a promulgué la loi sur l’Organisation sioniste mondiale et l’Agence juive (Statut), afin de codifier les relations entre “l’État d’Israël” et le mouvement sioniste. Cette loi est toujours en vigueur aujourd’hui et définit les activités et les responsabilités du mouvement sioniste mondial.
Congrès de 1951
Lors du Congrès sioniste mondial de Jérusalem, le 24 septembre 1951, le mouvement s’est trouvé à la croisée des chemins. Trois ans après la fondation de l’État d’Israël, les délégués ont débattu pour savoir si le mouvement sioniste avait rempli sa mission et s’il devait être dissous ou reconstitué avec de nouveaux objectifs. Par un vote de 286 voix contre 0, les 438 délégués restants s’étant abstenus, le congrès a décidé de poursuivre sa mission.Il a alors adopté une nouvelle série d’objectifs afin de réorienter le mouvement. Ceux-ci ont été définis comme suit : le renforcement de l’État d’Israël, le rassemblement des exilés en Eretz Yisrael et promouvoir l’unité du peuple juif.
Ce moment marque la transition du sionisme d’un mouvement colonialiste à une infrastructure idéologique mondiale. Il ne s’agissait plus seulement de construire un État, mais de l’ancrer dans le cœur, l’esprit et les institutions des Juifs du monde entier.