France. Les dessous de laffaire Zahia
Une affaire de murs impliquant un proxénète dorigine marocaine fait scandale dans le milieu du football.
Après le golfeur américain Tiger Woods, cest au tour de Franck Ribéry, linternational français du Bayern de Munich, de se retrouver au cur dun scandale sexuel qui a fait la Une de tous les journaux européens. Tout commence le 12 avril dernier lorsque la Brigade de répression du proxénétisme (BRP) fait une descente dans un cabaret oriental situé sur les Champs-Elysées, dans le 8ème arrondissement de Paris. La
présence de prostituées et la vente de drogue font du Zaman café le lieu par excellence des fins de soirées parisiennes. Les agents de la BRP y interpellent une vingtaine de jeunes filles, pour la plupart dorigine maghrébine, dont Zahia D. qui, lors de son audition, leur révélera compter parmi ses clients plusieurs joueurs de léquipe nationale de football.
A leur tour, Franck Ribéry et Sidney Govou, qui évolue au sein de lOlympique lyonnais, seront entendus comme témoins dans les locaux de la BRP. Ni la jeune femme de 18 ans, ni les deux vedettes du ballon rond ne seront poursuivis. En France, la prostitution nest pas illégale. En revanche, elle ne peut être organisée. Les maisons closes et les réseaux de proxénétisme sont donc interdits par la loi. Lenquête révèlera le rôle joué par Abou Soufiane M., un homme dune trentaine dannées dorigine marocaine, qui servait dentremetteur entre des clients fortunés et ces prostituées qui lui reversaient 30% de leurs gains. Ce dernier est écroué le 19 avril et mis en examen pour proxénétisme aggravé. Ancien candidat malheureux de La Nouvelle star, lémission de télé-réalité de M6, Abou Soufiane M. animait par ailleurs une émission de divertissements sur une petite chaîne de la télévision numérique terrestre (TNT).
Emballement médiatique
Des clients célèbres, une prostituée mineure au moment des faits : il nen fallait pas plus pour lancer la machine médiatique. Le rôle dAbou Soufiane M. est presque relégué au second plan. La presse titre sur limplication des joueurs français dans un réseau de proxénétisme et les photos privées de Zahia D., en accès libre sur son profil Facebook, se retrouvent sur des centaines de sites Internet. La jeune femme fermera rapidement son compte Facebook. Quà cela ne tienne, plusieurs faux profils apparaissent sur le site. Le droit à limage est clairement violé. Le quotidien Le Monde, qui a révélé lexistence de la jeune femme, se refuse de les publier et diffuse une mise en garde sur son site Internet : Les photographies publiées par la jeune fille sur sa page Facebook sont sa propriété. Sans l'autorisation de cette personne, il est interdit de les publier. La publication de ces images pourrait également porter atteinte à l'image de la jeune femme, et indirectement causer préjudice à ses proches ou à sa famille.
Laffaire suscite dautant plus dintérêt quau moment de sa rencontre avec Karim Benzema, lattaquant français du Real Madrid, puis avec Franck Ribéry, qui la fera même venir en Allemagne, Zahia D. avait moins de 18 ans. Or, tout acte sexuel avec une mineure est passible de trois ans de prison et 45 000 euros damende. La jeune femme aurait menti sur son âge à ses clients. Les deux joueurs ont assuré ne pas le lui avoir demandé. Des déclarations impossibles à vérifier. Aucune poursuite judiciaire ne devrait donc être entamée.
Franck Ribéry ne sort pas pour autant indemne de cette histoire. Si son sponsor Nike na pas lintention de remettre en cause leur collaboration, la presse espagnole a révélé que le Real Madrid, intéressé pour engager lattaquant français la saison prochaine, pourrait se rétracter. Quant aux réactions des supporters des Bleus, elles sont mitigées. Après le but marqué à la main par Thierry Henry, qui avait permis à la France de se qualifier au Mondial sud-africain de football, laffaire Zahia D. a achevé de ternir le prestige de léquipe de France.
Telquel