Depuis quelques semaines, l’opposition de droite se déchaîne contre une nouvelle cible : les «listes communautaires», se revendiquant de l’islam. Dans leur viseur, une organisation de centre gauche née en 2012, qui espère présenter une quinzaine de listes aux municipales.
L’UDMF n’en est pas à son coup d’essai. En 2014, lors des dernières municipales, le parti a fait élire un conseiller à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, après avoir rallié la liste de Stéphane de Paoli (UDI). Il a ensuite présenté, sans succès, des candidats aux départementales et aux régionales de 2015 aux législatives en 2017 et aux européennes de mai. Leur liste baptisée «Une Europe au service des peuples» n’a obtenu que 0,13 % des suffrages. Insignifiant à l’échelle nationale, ce résultat masque de vraies percées au niveau local, principalement en banlieue : 7,43 % à Garges-lès-Gonesse, 6,77 % à Mantes-la-Jolie ou encore 4,87% à Vaulx-en-Velin. Dans certains bureaux de vote, les chiffres grimpent encore. C’est le cas à Maubeuge, dans le Nord, où la «liste 34» a non seulement récolté 6 % des voix mais a été choisie par 70 électeurs sur 170 dans un des bureaux de vote de la ville.
«Sécession»
D’où l’activisme de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France. Contacté par Libération, son cabinet explique «chercher une modalité juridique» pour interdire le dépôt de leur liste. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a annoncé dimanche le dépôt d’une «proposition de loi pour contrer ce qui est une forme de sécession». Une interdiction écartée par le gouvernement. «Il n’existe pas de liste communautaire. Personne ne se revendique ainsi, a fait valoir Christophe Castaner. Et le fait d’avoir une religion ne vous empêche pas de faire de la politique, y compris à des élections municipales.» Il n’empêche, le procès en communautarisme est lancé, y compris par des ministres. Juste après les européennes, Gérald Darmanin, ancien maire de Tourcoing devenu ministre du Budget, allait jusqu’à évoquer un «programme contraire à la République».
Dette, fraude fiscale, délinquance, code du travail, écologie, moralisation de la vie publique : le programme de l’UDMF égrène pourtant les sujets habituels pour des municipales. On y trouve toutefois quelques références à l’islam : promotion de la «finance islamique», qui bénéficie déjà d’aménagements fiscaux, développement du marché halal, de l’enseignement de l’arabe à l’école ou encore lutte contre l’islamophobie en Europe et fin du blocus de Gaza. «On ne s’interdit aucun sujet, explique Karima (1), candidate dans le Val-de-Marne. C’est réducteur de nous limiter à ces revendications, mais pourquoi le mot "musulman" nous empêcherait d’en parler ?» Le mot «musulman», justement, est considéré par l’UDMF, qui se classe au centre gauche, comme une revendication politique et non l’expression d’une confession. «C’est important car on nous reproche souvent de ne pas être assez impliqués, explique M., candidat à Guyancourt. On est musulmans, mais on est français, on peut apporter quelque chose à la France. C’est ça qu’on montre avec le nom du parti.» Azergui assure d’ailleurs que l’association des mots «musulmans» et «démocrates» irriterait les tenants d’un islam politique.
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https://www.liberation.fr/france/2019/10/21/l-udmf-le-parti-musulman-qui-derange-la-droite_1758967
- L’UDMF, le parti musulman qui dérange la droite
L’UDMF n’en est pas à son coup d’essai. En 2014, lors des dernières municipales, le parti a fait élire un conseiller à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, après avoir rallié la liste de Stéphane de Paoli (UDI). Il a ensuite présenté, sans succès, des candidats aux départementales et aux régionales de 2015 aux législatives en 2017 et aux européennes de mai. Leur liste baptisée «Une Europe au service des peuples» n’a obtenu que 0,13 % des suffrages. Insignifiant à l’échelle nationale, ce résultat masque de vraies percées au niveau local, principalement en banlieue : 7,43 % à Garges-lès-Gonesse, 6,77 % à Mantes-la-Jolie ou encore 4,87% à Vaulx-en-Velin. Dans certains bureaux de vote, les chiffres grimpent encore. C’est le cas à Maubeuge, dans le Nord, où la «liste 34» a non seulement récolté 6 % des voix mais a été choisie par 70 électeurs sur 170 dans un des bureaux de vote de la ville.
«Sécession»
D’où l’activisme de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France. Contacté par Libération, son cabinet explique «chercher une modalité juridique» pour interdire le dépôt de leur liste. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a annoncé dimanche le dépôt d’une «proposition de loi pour contrer ce qui est une forme de sécession». Une interdiction écartée par le gouvernement. «Il n’existe pas de liste communautaire. Personne ne se revendique ainsi, a fait valoir Christophe Castaner. Et le fait d’avoir une religion ne vous empêche pas de faire de la politique, y compris à des élections municipales.» Il n’empêche, le procès en communautarisme est lancé, y compris par des ministres. Juste après les européennes, Gérald Darmanin, ancien maire de Tourcoing devenu ministre du Budget, allait jusqu’à évoquer un «programme contraire à la République».
Dette, fraude fiscale, délinquance, code du travail, écologie, moralisation de la vie publique : le programme de l’UDMF égrène pourtant les sujets habituels pour des municipales. On y trouve toutefois quelques références à l’islam : promotion de la «finance islamique», qui bénéficie déjà d’aménagements fiscaux, développement du marché halal, de l’enseignement de l’arabe à l’école ou encore lutte contre l’islamophobie en Europe et fin du blocus de Gaza. «On ne s’interdit aucun sujet, explique Karima (1), candidate dans le Val-de-Marne. C’est réducteur de nous limiter à ces revendications, mais pourquoi le mot "musulman" nous empêcherait d’en parler ?» Le mot «musulman», justement, est considéré par l’UDMF, qui se classe au centre gauche, comme une revendication politique et non l’expression d’une confession. «C’est important car on nous reproche souvent de ne pas être assez impliqués, explique M., candidat à Guyancourt. On est musulmans, mais on est français, on peut apporter quelque chose à la France. C’est ça qu’on montre avec le nom du parti.» Azergui assure d’ailleurs que l’association des mots «musulmans» et «démocrates» irriterait les tenants d’un islam politique.
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https://www.liberation.fr/france/2019/10/21/l-udmf-le-parti-musulman-qui-derange-la-droite_1758967