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https://www.lexpress.fr/actualite/s...-et-des-flics-ripoux-aux-assises_2057976.html
Trafic de cocaïne: un réseau et des flics ripoux aux assises
Par François Koch, publié le 21/01/2019
44 membres d'un tentaculaire réseau d'importation de stupéfiants sont jugés à Paris pendant trois semaines.
On ne fait pas tomber un aussi gigantesque trafic de cocaïne tous les quatre matins. Pour les spécialistes de la criminalité organisée, l'affaire jugée aux assises de Paris du 21 janvier au 8 février apparaît exceptionnelle. Presque un cas d'école pour ces enquêteurs qui sont parvenus à démanteler tout un réseau, entre la France et la République dominicaine, depuis le petit passeur jusqu'au gros bonnet présumé Kamel Berkaoui, sans oublier les blanchisseurs d'argent sale. Au total, 44 mis en examen vont se tasser pendant trois semaines sur les bancs des accusés, assistés de 46 avocats. L'aboutissement de six années d'enquête policière digne d'un bon polar, mettant en lumière de truculents trafiquants et des flics ripoux hauts en couleurs.
899 500 euros en liquide
Le début de l'histoire se déroule à l'aéroport de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, le 20 janvier 2011. Alors qu'ils sont en transit en provenance de Paris à destination de Punta Cana (République dominicaine), les deux principaux lieutenants de Berkaoui sont contrôlés par les douaniers. Dans un simple film plastique transparent, les gabelous ébahis découvrent 400 000 euros en billets de 500. Et sur les doigts de ceux qui transportent ce petit magot, l'analyse détecte des traces de cocaïne. Bonne pioche.
Cette prise ébranle le réseau, mais la vigilance du chef de bande Berkaoui retombe trop vite. Le 12 septembre 2011, des agents de la brigade anticriminalité l'interpellent à Paris, dans un quartier de boutiques de numismates et de bureaux de changes. A l'intérieur de sa Peugeot 207, les policiers trouvent une valise Delsey contenant 499 500 euros en petites coupures usagées, et neuf téléphones portables. Sur les billets, les enquêteurs mettent en évidence de la cocaïne et en déduisent que le bagage a servi au transport de drogue.
Devant le juge d'instruction, Berkaoui affirme que les billets saisis proviennent de gains aux jeux et d'"un richissime Libyen". Il maintiendra cette version fantaisiste pendant quatre ans et demi avant de reconnaître qu'il s'agissait de recettes de son trafic de stupéfiants.
Le logo de la Police aux frontières (PAF) sur un uniformeLe logo de la Police aux frontières (PAF) sur un uniformeafp.com/Philippe Huguen
Deux policiers de la PAF, personnages clefs
A partir de l'été 2013, l'enquête prend une tout autre ampleur alors que sont découvertes les nombreuses ramifications du réseau. Du coup, le juge d'instruction de Versailles se dessaisit au profit de la juridiction interrégionale spécialisée, compétente pour les investigations complexes de criminalité organisée. Comme les soupçons des policiers les orientent vers un important trafic de cocaïne entre la République dominicaine et la France, ils recherchent d'éventuelles complicités au sein d'aéroports franciliens.
Après dix-huit mois de surveillances, notamment via des écoutes téléphoniques, deux agents de la police de l'air et des frontières (Paf) affectés à Roissy-Charles de Gaulle sont interpellés et placés en garde à vue. Clément Geisse, 42 ans, et Christophe Peignelin, 56 ans, reconnaissent assez vite leur implication dans la récupération de valises de cocaïne pour le compte de Kamel Berkaoui. A lire l'ordonnance de mise en accusation de 460 pages signée par le juge d'instruction Benoist Hurel, consultée par L'Express, il s'agirait de deux personnages clefs du trafic, car la sécurisation du passage des frontières représente l'une des principales difficultés pour les organisations criminelles internationales.
Trafic de cocaïne: un réseau et des flics ripoux aux assises
Par François Koch, publié le 21/01/2019
44 membres d'un tentaculaire réseau d'importation de stupéfiants sont jugés à Paris pendant trois semaines.
On ne fait pas tomber un aussi gigantesque trafic de cocaïne tous les quatre matins. Pour les spécialistes de la criminalité organisée, l'affaire jugée aux assises de Paris du 21 janvier au 8 février apparaît exceptionnelle. Presque un cas d'école pour ces enquêteurs qui sont parvenus à démanteler tout un réseau, entre la France et la République dominicaine, depuis le petit passeur jusqu'au gros bonnet présumé Kamel Berkaoui, sans oublier les blanchisseurs d'argent sale. Au total, 44 mis en examen vont se tasser pendant trois semaines sur les bancs des accusés, assistés de 46 avocats. L'aboutissement de six années d'enquête policière digne d'un bon polar, mettant en lumière de truculents trafiquants et des flics ripoux hauts en couleurs.
899 500 euros en liquide
Le début de l'histoire se déroule à l'aéroport de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, le 20 janvier 2011. Alors qu'ils sont en transit en provenance de Paris à destination de Punta Cana (République dominicaine), les deux principaux lieutenants de Berkaoui sont contrôlés par les douaniers. Dans un simple film plastique transparent, les gabelous ébahis découvrent 400 000 euros en billets de 500. Et sur les doigts de ceux qui transportent ce petit magot, l'analyse détecte des traces de cocaïne. Bonne pioche.
Cette prise ébranle le réseau, mais la vigilance du chef de bande Berkaoui retombe trop vite. Le 12 septembre 2011, des agents de la brigade anticriminalité l'interpellent à Paris, dans un quartier de boutiques de numismates et de bureaux de changes. A l'intérieur de sa Peugeot 207, les policiers trouvent une valise Delsey contenant 499 500 euros en petites coupures usagées, et neuf téléphones portables. Sur les billets, les enquêteurs mettent en évidence de la cocaïne et en déduisent que le bagage a servi au transport de drogue.
Devant le juge d'instruction, Berkaoui affirme que les billets saisis proviennent de gains aux jeux et d'"un richissime Libyen". Il maintiendra cette version fantaisiste pendant quatre ans et demi avant de reconnaître qu'il s'agissait de recettes de son trafic de stupéfiants.
Le logo de la Police aux frontières (PAF) sur un uniformeLe logo de la Police aux frontières (PAF) sur un uniformeafp.com/Philippe Huguen
Deux policiers de la PAF, personnages clefs
A partir de l'été 2013, l'enquête prend une tout autre ampleur alors que sont découvertes les nombreuses ramifications du réseau. Du coup, le juge d'instruction de Versailles se dessaisit au profit de la juridiction interrégionale spécialisée, compétente pour les investigations complexes de criminalité organisée. Comme les soupçons des policiers les orientent vers un important trafic de cocaïne entre la République dominicaine et la France, ils recherchent d'éventuelles complicités au sein d'aéroports franciliens.
Après dix-huit mois de surveillances, notamment via des écoutes téléphoniques, deux agents de la police de l'air et des frontières (Paf) affectés à Roissy-Charles de Gaulle sont interpellés et placés en garde à vue. Clément Geisse, 42 ans, et Christophe Peignelin, 56 ans, reconnaissent assez vite leur implication dans la récupération de valises de cocaïne pour le compte de Kamel Berkaoui. A lire l'ordonnance de mise en accusation de 460 pages signée par le juge d'instruction Benoist Hurel, consultée par L'Express, il s'agirait de deux personnages clefs du trafic, car la sécurisation du passage des frontières représente l'une des principales difficultés pour les organisations criminelles internationales.