Grand vainqueur des législatives, le parti islamiste PJD ne conteste pas le pouvoir du roi, qui restera le seul maître du pays.
Le cas Ennahda ferait-il désormais école au Maghreb ? Après la victoire écrasante du parti islamiste en Tunisie, et celle déjà annoncée des Frères musulmans en Égypte, les islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD) ont remporté une large victoire aux législatives avec 107 sièges sur 395, et vont diriger le gouvernement pour la première fois dans l'histoire moderne du royaume. À sa tête, Abdelilah Benkirane, chef du PJD, devrait être nommé mardi par le roi Mohamed VI nouveau chef de l'exécutif marocain.
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"Le PJD est un parti d'islamistes royalistes, créé en 1998, fondé avec le parrainage du ministère de l'Intérieur de Hassan II", rappelle ainsi Zineb el-Rhazoui. "Quant à son chef, Abdelilah Benkirane, il estime que la monarchie parlementaire n'est pas adaptée au Maroc". La militante souligne par exemple le fait que le parti n'ait pas soutenu le Printemps arabe, allant même jusqu'à se ranger derrière le ministère de l'intérieur en condamnant les manifestations. Mais le Mouvement du 20 février n'est pas seul. Il bénéficie du soutien d'un allié de poids, Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), seul organe réclamant l'abolition pure et simple de la monarchie, brisant un tabou dans le royaume.
"C'est lui, le véritable parti islamiste", indique Mathieu Guidère. Avec près de 200 000 adhérents dans le royaume, Justice et bienfaisance demeure l'un des plus gros mouvements islamistes, après les Frères musulmans. Mais il a toujours été interdit. "Plus ancré et populaire que le PJD, cet organe beaucoup plus radical aurait obtenu beaucoup plus de voix s'il avait été autorisé à se présenter", affirme l'islamologue. C'est d'ailleurs le report de ses voix qui expliquerait l'impressionnant score du PJD. Pour la première fois à la tête d'un gouvernement, celui-ci aura une marge de manoeuvre limitée, les pouvoirs régaliens restant l'apanage du seul roi.
"Le nouvel exécutif ne disposera d'aucune prérogative", prévient Zineb el-Rhazoui. "Le Premier ministre ne pourra diriger le Conseil ministériel que par dérogation." En d'autres termes, c'est toujours au roi de fixer l'ordre du jour. D'ailleurs, dès l'annonce des résultats officiels dimanche soir, Abdelilah Benkirane a réitéré son allégeance au souverain. "Le roi est le chef de l'État et aucune décision importante ne peut être prise en Conseil des ministres sans la volonté du roi", a-t-il insisté. L'homme s'emploie actuellement à former un gouvernement de coalition, tablant sur une alliance avec les opposants "historiques" de l'Istiqlal (nationalistes conservateurs) et des partis de gauche USFP et PPS.
Article
http://www.lepoint.fr/monde/maroc-les-islamistes-de-sa-majeste-28-11-2011-1401535_24.php
Le cas Ennahda ferait-il désormais école au Maghreb ? Après la victoire écrasante du parti islamiste en Tunisie, et celle déjà annoncée des Frères musulmans en Égypte, les islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD) ont remporté une large victoire aux législatives avec 107 sièges sur 395, et vont diriger le gouvernement pour la première fois dans l'histoire moderne du royaume. À sa tête, Abdelilah Benkirane, chef du PJD, devrait être nommé mardi par le roi Mohamed VI nouveau chef de l'exécutif marocain.
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"Le PJD est un parti d'islamistes royalistes, créé en 1998, fondé avec le parrainage du ministère de l'Intérieur de Hassan II", rappelle ainsi Zineb el-Rhazoui. "Quant à son chef, Abdelilah Benkirane, il estime que la monarchie parlementaire n'est pas adaptée au Maroc". La militante souligne par exemple le fait que le parti n'ait pas soutenu le Printemps arabe, allant même jusqu'à se ranger derrière le ministère de l'intérieur en condamnant les manifestations. Mais le Mouvement du 20 février n'est pas seul. Il bénéficie du soutien d'un allié de poids, Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), seul organe réclamant l'abolition pure et simple de la monarchie, brisant un tabou dans le royaume.
"C'est lui, le véritable parti islamiste", indique Mathieu Guidère. Avec près de 200 000 adhérents dans le royaume, Justice et bienfaisance demeure l'un des plus gros mouvements islamistes, après les Frères musulmans. Mais il a toujours été interdit. "Plus ancré et populaire que le PJD, cet organe beaucoup plus radical aurait obtenu beaucoup plus de voix s'il avait été autorisé à se présenter", affirme l'islamologue. C'est d'ailleurs le report de ses voix qui expliquerait l'impressionnant score du PJD. Pour la première fois à la tête d'un gouvernement, celui-ci aura une marge de manoeuvre limitée, les pouvoirs régaliens restant l'apanage du seul roi.
"Le nouvel exécutif ne disposera d'aucune prérogative", prévient Zineb el-Rhazoui. "Le Premier ministre ne pourra diriger le Conseil ministériel que par dérogation." En d'autres termes, c'est toujours au roi de fixer l'ordre du jour. D'ailleurs, dès l'annonce des résultats officiels dimanche soir, Abdelilah Benkirane a réitéré son allégeance au souverain. "Le roi est le chef de l'État et aucune décision importante ne peut être prise en Conseil des ministres sans la volonté du roi", a-t-il insisté. L'homme s'emploie actuellement à former un gouvernement de coalition, tablant sur une alliance avec les opposants "historiques" de l'Istiqlal (nationalistes conservateurs) et des partis de gauche USFP et PPS.
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http://www.lepoint.fr/monde/maroc-les-islamistes-de-sa-majeste-28-11-2011-1401535_24.php