Au Maroc, le règne de Mohammed VI avait apporté à ses débuts quelques lueurs despoir : limogeage de Driss Basri ; libération de détenus politiques et retour dans sa patrie dAbraham Serfaty ; politique volontariste en termes dinfrastructures ; réforme du code du statut personnel améliorant la condition des femmes
Mais, en labsence de changement profond dun système où le makhzen a continué de régir en maître, ces réformes ne se sont pas attaquées aux fondamentaux absolutistes du régime, et leur rythme sest vite essoufflé. Cest ainsi quemprisonnement et torture ont repris ; des organes de presse ont été contraints à la disparition ; des journalistes condamnés à la prison ou à des indemnités colossales ; laffairisme et lenrichissement des proches du Palais se sont accélérés Le message est clair : la récréation est terminée !
Cest pourquoi, dans la lancée de ce printemps arabe, au Maroc, le mouvement du 20 février est né, initié par une jeunesse volontaire et pacifique, déterminée à conquérir ses droits. Ce mouvement a vite rassemblé autour de lui les forces de progrès : jeunesse, société civile, partis de gauche, mouvements de femmes, mais aussi islamistes, tous ralliés au mouvement et à ses revendications. Une force alerte, vigoureuse et déterminée est en marche.
Vigilante à ne se laisser récupérer ni par les partis, ni par les islamistes, ni par les associations qui ont adopté son combat. Cette force nest pas près de se tarir. Au contraire, elle se densifie de jour en jour. Ainsi, les manifestations du 20 février, renouvelées chaque dimanche depuis, nauront été quun hors-duvre..... à celles qui suivront....
Les promesses de réforme annoncées par le roi dans son discours du 9 mars ont entrouvert des fenêtres qui ne sauront enrayer le mouvement. En effet, les promesses de révision globale de la constitution ont été vidées de leur sens dès le lendemain par M. Manouni, président de la Commission de révision, nommé par le roi, qui a assuré que seules des modifications de forme et limitées seraient apportées à la Constitution. Les membres de cette Commission sont nommés par le roi et sont, pour lessentiel, acquis au pouvoir.
Surtout, le discours na pas répondu à la revendication essentielle exigeant une monarchie parlementaire où le roi règne mais ne gouverne pas. Et donc à lexigence de séparation des pouvoirs, notamment religieux et politique, qui implique la fin de la «Commanderie des croyants», clé de voûte de la monarchie absolue et de droit divin. Il a au contraire affirmé «la sacralité de nos constantes» et des référentiels «immuables».
Enfin, il na pas annoncé la fin du quasi-monopole du pouvoir politique sur les affaires économiques, cause dun enrichissement insolent et du pillage du patrimoine national.
La révolution en marche aujourdhui, dont la revendication centrale est linstauration dune monarchie parlementaire, vise un système, dans son maillage absolutiste, qui a démontré son pouvoir de nuisance. La violente répression du 13 mars puis celles qui lont suivie ont prouvé que la coercition ne fera quexacerber colère et protestation et aboutir à une violence non maîtrisée pouvant déboucher sur une confrontation ouverte. Le bain de sang libyen est là pour nous rappeler les voies à ne pas suivre.
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Source : http://www.liberation.fr/monde/01012333139-maroc-une-revolution-urgente-et-legitime
Mais, en labsence de changement profond dun système où le makhzen a continué de régir en maître, ces réformes ne se sont pas attaquées aux fondamentaux absolutistes du régime, et leur rythme sest vite essoufflé. Cest ainsi quemprisonnement et torture ont repris ; des organes de presse ont été contraints à la disparition ; des journalistes condamnés à la prison ou à des indemnités colossales ; laffairisme et lenrichissement des proches du Palais se sont accélérés Le message est clair : la récréation est terminée !
Cest pourquoi, dans la lancée de ce printemps arabe, au Maroc, le mouvement du 20 février est né, initié par une jeunesse volontaire et pacifique, déterminée à conquérir ses droits. Ce mouvement a vite rassemblé autour de lui les forces de progrès : jeunesse, société civile, partis de gauche, mouvements de femmes, mais aussi islamistes, tous ralliés au mouvement et à ses revendications. Une force alerte, vigoureuse et déterminée est en marche.
Vigilante à ne se laisser récupérer ni par les partis, ni par les islamistes, ni par les associations qui ont adopté son combat. Cette force nest pas près de se tarir. Au contraire, elle se densifie de jour en jour. Ainsi, les manifestations du 20 février, renouvelées chaque dimanche depuis, nauront été quun hors-duvre..... à celles qui suivront....
Les promesses de réforme annoncées par le roi dans son discours du 9 mars ont entrouvert des fenêtres qui ne sauront enrayer le mouvement. En effet, les promesses de révision globale de la constitution ont été vidées de leur sens dès le lendemain par M. Manouni, président de la Commission de révision, nommé par le roi, qui a assuré que seules des modifications de forme et limitées seraient apportées à la Constitution. Les membres de cette Commission sont nommés par le roi et sont, pour lessentiel, acquis au pouvoir.
Surtout, le discours na pas répondu à la revendication essentielle exigeant une monarchie parlementaire où le roi règne mais ne gouverne pas. Et donc à lexigence de séparation des pouvoirs, notamment religieux et politique, qui implique la fin de la «Commanderie des croyants», clé de voûte de la monarchie absolue et de droit divin. Il a au contraire affirmé «la sacralité de nos constantes» et des référentiels «immuables».
Enfin, il na pas annoncé la fin du quasi-monopole du pouvoir politique sur les affaires économiques, cause dun enrichissement insolent et du pillage du patrimoine national.
La révolution en marche aujourdhui, dont la revendication centrale est linstauration dune monarchie parlementaire, vise un système, dans son maillage absolutiste, qui a démontré son pouvoir de nuisance. La violente répression du 13 mars puis celles qui lont suivie ont prouvé que la coercition ne fera quexacerber colère et protestation et aboutir à une violence non maîtrisée pouvant déboucher sur une confrontation ouverte. Le bain de sang libyen est là pour nous rappeler les voies à ne pas suivre.
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Source : http://www.liberation.fr/monde/01012333139-maroc-une-revolution-urgente-et-legitime