Mort pour un logement: Enterrement de Bachir Mohamed à Aïn Témouchent

La wilaya de Aïn-Temouchent a vécu une journée fort agitée mercredi dernier. L’enterrement de Bachir Mohamed, un homme de 33 ans décédé lundi à l’hôpital d’Oran où il a été admis 12 jours auparavant, a été suivi d’une large action de protestation.

Des centaines de personnes ayant assisté à l’enterrement ont, en effet, organisé une manifestation contre les autorités locales, à leur tête Mme le wali. Les manifestants, après l’enterrement, se sont rués vers le siège de la Wilaya, scandant des slogans hostiles aux autorités locales, entre autres «le peuple veut la chute de Mme le Wali». Sur trois banderoles déployées tout le long du parcours menant du cimetière au siège de la Wilaya, on pouvait lire, écrit en arabe : «Il a réclamé un logement, vous lui avez offert la tombe», «Faut-il mourir pour jouir d’un droit ?» ou encore «Justice, justice». Il a fallu tout le tact de sages personnes pour que la manifestation pacifique ne tourne pas à l’émeute violente. Les manifestants, jeunes, pour la majorité, avaient visiblement gros sur le cœur. Une délégation composée de quatre personnes a été reçue par le secrétaire général de la Wilaya à qui elle a exposé les doléances de la famille du défunt et des manifestants. La famille de Bachir Mohamed réclame une enquête sur les circonstances de la mort de son cher regretté.

Une doléance assortie de deux autres réclamations, à savoir un toit pour la famille et une pension pour la veuve et les deux enfants du défunt. La famille demande une enquête, car avant qu’il ne décède à l’hôpital d’Oran, Bachir Mohamed avait fait l’objet d’une interpellation par la police. C’était exactement le 3 juillet dernier, lors d’une action de protestation contre les listes de bénéficiaires de logements sociaux. Bachir Mohamed, demandeur, comme beaucoup d’autres citoyens de la wilaya, d’un logement social mais qui n’avait pas été retenu parmi les bénéficiaires, était sorti protester. Selon ses parents, il était parmi les protestataires qui s’étaient dirigés vers la siège de la station de la radio locale et que là «il a été interpellé, menotté et passé à tabac par la police». Sept autres manifestants, selon les déclarations de la famille du défunt, avaient subi le même traitement.

«Relâché, il souffrait d’atroces douleurs au niveau de l’abdomen. Ce qui a nécessité son évacuation vers l’hôpital. Il subira une intervention chirurgicale mais son état ne s’est pas amélioré pour autant. Aussi il a été décidé son transfert à l’hôpital d’Oran où il a été maintenu sous surveillance médicale jusqu’à son décès lundi», a encore témoigné sa famille. La police, pour sa part, a réfuté cette version des faits. Notons qu’une délégation de la DGSN a été dépêchée à Tissemsilt pour mener une enquête sur les circonstances de la mort de Bachir Mohamed. Le secrétaire général de la Wilaya, accompagné de représentants de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale, s’est rendu au domicile du défunt pour présenter ses condoléances à la famille.

S. B. - Le Soir d'Algérie.
 
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