LA CATHARSIS:
I. Etymologie
La catharsis est un terme ancien provenant du grec «
katharein » signifiant « purifier ». Ce verbe connaît à son origine une utilisation tout à fait laïque (sans aucun rapport avec la religion) tel que « nettoyer, trier, éliminer les éléments non homogènes d'un ensemble ».
Par la suite le terme prendra une triple signification : religieuse, médicale et tragique.
II- La catharsis religieuse
Le sens religieux de « purification » renvoie aux rituels d'expulsion pratiqués à Athènes la veille de la fête traditionnellement dédiée à Artémis et Apollon (en novembre). En prévision de cette fête, la ville d'Athènes est purifiée : pour se faire, on exclut deux hommes, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes, ainsi que des boucs émissaires qui emmènent alors toutes les souillures Athéniennes. Apollon lui-même est dit «
katharsios », purificateur. Selon le personnage de Socrate dans
Le Cratyle de Platon, il est bien nommé «
apolouô », «
celui qui lave », dans la mesure où la musique, la médecine et la divination qui le caractérisent sont autant de pratiques de purification.
III- La catharsis médicale
Selon Hippocrate (il est le plus ancien médecin grec et philosophe, considéré comme le père de la médecine), la santé repose sur une bonne répartition des humeurs dans le corps. Une surabondance d'une de ces humeurs exige un dégorgement nature, même s'il est le plus souvent artificiel, par l'utilisation de drogue («
pharmakon ») provoquant ainsi vomissement, défécation, menstruation, etc.
On guérit un mal par un mal pour produire un bien ; c'est d'ailleurs pourquoi le «
pharmakon » est autant un «
poison » qu'un «
remède ». La catharsis médicale définit le processus de purgation physique.
IV- La catharsis tragique (Aristote)
Aristote considère que les émotions fictives que le spectateur voit et comprend au théâtre s'ajoutent aux émotions réelles que lui-même. En les voyant ressenties sur scène par des personnages fictifs, il s'en défait, il s'en "purge". Le théâtre serait pour Aristote l'équivalent du "
pharmakon" d'Hippocrate.
Cependant Aristote apporte une nouvelle idée et perception de la
catharsis. En effet, Aristote pense que la
catharsis se développe par la pitié ou la terreur, toutes deux régies par la peur. Il nous fait comprendre que lorsqu'on a peur, on dérègle son âme. En voyant que sa propre peur peut se retrouver chez un autre et que cet autre, en l'exprimant, fait écho à son propre tourment, par effet de "mimétisme" on s'en trouve apaisé. Cette apaisement est provoqué par l'émancipation de son état d' âme. «
Par la pitié et la terreur, la représentation tragique accomplit la catharsis de telles émotions ». Le théâtre est nécessaire pour se purifier des émotions telles que la terreur ou la pitié. Ainsi, la peur, la terreur et la pitié sont trois thèmes omniprésents dans la tragédie et sont liés au grand thème de la Fatalité.
«
Il faut agencer l'histoire de façon qu'en écoutant les choses arriver, on frissonne et on soit pris de pitié […]. Ce que le poète doit procurer, c'est le plaisir qui par la représentation provient de la pitié et de la frayeur » (extrait de
La Poétique d'Aristote)
Conclusion (de Mofid)
La
catharsis est tout de même un concept égoïste propre à l'homme : on voit les autres souffrir pour souffrir avec eux et se relâcher. C'est un comportement assez vil que de souhaiter ne pas être le seul à subir un mal quelconque… Mais très humain.