RAPPORT GIEC : NOUS AVONS LU LA P. 108 CONSEILLÉE PAR THUNBERG
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Climat : et si on parlait du fond, plutôt que des nattes / de la bouille / de la taille / de la santé mentale... de Greta Thunberg? La jeune écolo a conseillé mardi aux députés français de se pencher sur la page 108 du chapitre 2 du dernier rapport du GIEC. ASI a pris son conseil au pied de la lettre.
Il est exactement 12H42, ce mardi 23 juillet, dans les sous-sols de l'Assemblée nationale, quand la frêle Greta Thunberg
suggère aux députés assis en rang sous ses yeux de se plonger dans le dernier rapport du Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Rendu public en octobre 2018, il est consacré au scénario (optimiste) d'un maintien de la hausse des températures en-dessous de + 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Et Thunberg parle d'une page en particulier : la page 108, chapitre 2.
Dans cette page 108, vous trouverez le budget carbone qui reste à notre disposition. Le rapport dit que si nous voulons avoir 67% de chances de limiter l’augmentation des températures en-dessous d’1,5°C, nous avions, le 1er janvier 2018, 420 gigatonnes de CO2 qui restaient dans notre budget. Et bien entendu ce chiffre est bien inférieur aujourd’hui. Nos émissions s’élèvent à environ 42 gigatonnes de CO2 chaque année. Au niveau d’émissions que nous connaissons aujourd’hui, ce budget qui nous reste sera complètement épuisé d’ici huit ans et demi.
Elle ajoute : "Ces chiffres sont incontestables (...) Et pas une seule fois, pas une seule fois, n’ai-je entendu un politicien, un journaliste ou un chef d’entreprise mentionner ces chiffres. C’est comme si vous ne saviez même pas que ces chiffres existaient. C’est comme si vous n’aviez même pas lu le dernier rapport du GIEC, sur lequel se fonde l'avenir de notre civilisation." Nous non plus, nous n'avions pas lu
le chapitre 2 du dernier rapport du GIEC.
Nous sommes allés tout droit page 108.
... Et nous nous sommes dit qu'une traduction en français serait la bienvenue. Surprise : il n’y en a pas. Ou plus exactement
il y en a une, mais sous forme de résumé, publiée sur Wikisource en mars dernier, à l’initiative de bénévoles. Là où ça se complique, c'est que ce résumé n'est pas chapitré et titré comme le rapport original. Bref, il nous a fallu du "control F" pour retrouver les mots-clés prononcés par Greta : budget carbone, 420 gigatonnes. Et nous avons lu ceci : "L’utilisation de la température moyenne globale de l’air de surface, comme dans le RE5, donne une estimation du bilan carbone restant de 580 GtCO2 pour une probabilité de 50 % de limiter le réchauffement à 1,5 °C et de 420 GtCO2 pour une probabilité de 66 % (
degré de confiance moyen) . Par ailleurs, l’utilisation de TMSG donne des estimations de 770 et 570 GtCO2, pour des probabilités de 50 et 66 %, respectivement (
degré de confiance moyen)" . Hum. Il fallait comprendre. Nous avons appelé l'antenne française du GIEC, à l'université Paris-Saclay, mais il n'y avait même pas de répondeur (pas de répondeur, pas de traduction française, alors qu'il est question d'extinction de l'humanité).
Et puis tout s'est arrangé. Envoi d'un e-mail au service de la communication à Genève (le siège du GIEC est à Genève), sans trop y croire un 24 juillet. Quelques échanges (en anglais) plus tard, nous sommes en possession du numéro de portable d'un coauteur du fameux chapitre 2 :
Roland Séférian, climatologue à Météo France. Disert, pédagogue, précis, il nous a décrypté la page 108. Laquelle, au même titre que l'ensemble du rapport, va être (quand même!) prochainement publiée en français.
Comme quoi la petite elle ne sert pas à rien et les adultes sont pas à la hauteur des enjeux si il sont pas fichu de fournir une traduction !
Les polémistes n'en parlons même pas !