Salam
Je m'appelle Samir et je suis homo qui vis à Montréal. Il y'a un an et demi, je suis tombé raide amoureux d'un jeune mec que j'ai rencontré à la salle de sport. Un étudiant marocain du bled (je suis né en France) dont le physique m'a transpercé. On ne s'est jamais calculé mais je passais mon temps à fantasmer sur lui tellement il représente mon idéal masculin. 1m87, un corps qui semble être sculpté dans le marbre, des yeux et des cheveux noirs, le regard tébébreux... Angel ou khlass. J'étais tellement obnubilé que chaque fois que j'allais à la salle de sport, je n'arrivais plus du tout à me concentrer sur mes exercices. Soit il était là et je passais mon temps à l'épier toutes les deux secondes, soit il n'était pas là et dans ce cas les minutes me semblait des heures et je partais au bout de vingt minutes. Cela à durer deux mois. Vint alors le Ramadan, donc je me suis abstenu d'aller à la salle pendant tout le mois. Une semaine après l'Aid, je décide de repartir à la salle et là je le revois. Sauf qu'il croise mon regard, premier échange après trois mois où je connaissais même pas son nom. Je m'exécute sur les machines. Plus tard je décide d'aller au sauna et aprés une bonne douche, je m'habille et la je tombe sur monsieur qui me toise en me fixant. Nos casiers sont dans la même rangée. Rouge de honte je prends mes clics et mes clacs et je pars sans dire un mot.
Une semaine après, retour à la salle. Je me réinstalle sur les machines. De nouveau nos regards se croisent. Son regard me bute. Je tente tant bien que mal de me concentrer. Idem, je pars dans le sauna, je prends une douche, je retourne au vestiaires. Il est là, toujours au même casier. Là il se leve et me toise. Je le regarde et tente un timide : ".. Salut... ca va?". Son regard s'éclaircis et il s'approche et se présente. "Amine". Mon coeur bat la chamade, moi qui m'étais demandé pendant trois mois comment il s'appelait, à quoi ressemblait sa voix... Trop d'informations en une fois, mon coeur s'emballe et je frole la tachycardie. On se présente. Je lui dis que je suis né en France, mais que je suis originaire de Casablanca, il me dis qu'il vient d'Agadir. Nous vivons dans le même quartier. On parle de notre parcours, nous avons le même âge. Timidement, je lui demande son numéro de téléphone, des fois qu'il voudrait prendre un café. Il me le donne tout de suite avec un grand sourire. Il se moque de mon accent francais quand je parles en arabe. Je quitte les vestiaires, des ailes dans le dos. Je hurle dehors. Toutes les semaines à la salle de sport, le même rituel, nous utilisons les mêmes casiers. Petite conversation de cinq minutes, et monsieur repars faire ses exercises. Je tente de l'appeler au téléphone un soir pour lui proposé un café. "Avec grand plaisir" me dit-il. Aprés m'avoir fait poirauté tout un samedi en me promettant qu'il viendrait, il décommande en me disant qu'il me rappelerais le lendemain. Ce qu'il ne fais pas. La semaine d'aprés, on se salue, je suis glacial avec lui. Je ne le calcule plus de la séance. Il viens me voir aprés pour s'excuser et me sors une explication.
Je le propose plusieurs fois de venir prendre un café, il me dis pourquoi pas. Il ne me relance pas et je n'ose pas le relancer de peur d'être grillé. Pendant les séances, je ne lui dis pas bonjour, mais toujours il viens à ma station pour me saluer et me demander de mes nouvelles. La situation m'enerve, il refuse qu'on se voit à l'exterieur en trouvant milles pretextes, mais il continue à venir me parler quand je décide de l'ignorer. Un vrai supplice de Tantale. Ceci dure deux mois et je décide de ne plus aller à cette salle de sport. Son visage me hante jour et nuit. Malgré de nombreuses rencontres sans lendemain et diverses indiscretions, je ne cesse de penser à lui, à son corps, à son sourire, sa voix. Plusieurs mois après, je décide de lui envoyer un SMS : "Salut Amine, c'est Samir. Comment s'est passé ton trimestre". Il me réponds "Ca s'est bien passé, merci akhay". Sa réponse, dénué d'interet pour moi, me donne l'impression de me prendre une fleche en plein coeur. Je réponds "Super. Content que ce soit bien passé". Il me réponds "Thanks bro". Je saigne. Je deteste la situation, je l'imagine dans des bras de femmes et cela me brise le coeur, je deteste tellement la situation que je profite des grêves d'étudiant à Montréal pour rentrer en France et passer du temps avec ma famille pour me recentrer sur moi. Les mois passent et je parviens à l'oublier un peu, sans totalement l'occulter totalment. Aprés quatorze mois à Paris, je décide de retourner à Montréal (cela fait trois semaines que je suis là). J'ai réemménagé dans le même quartier. Aucune signe d'Amine. "Il a surement déménagé" me dit-on. La semaine passée, ma meilleure amie, casablancaise, me demande de lui montrer la fameuse salle de sport car elle souhaite s'y inscrire. J'ai l'impression de revenir sur les lieux d'un tournage. J'ai mal au ventre. Mon amie souhaite visiter le complexe sportif, y compris la fameuse salle d'entrainement. Mon coeur bat la chamade. Mais on ne le vois pas.
On sors du complexe et je prends congé de mon amie. Je descend dans le métro et la, je tombe nez à nez avec Amine. Il monte l'escalator tandis que je le descend. Je le contemple, aprés plus d'un an et demi, il est toujours aussi beau. Un peu plus mince, une nouvelle coupe de cheveux. Un dieu. Je sens son regard sur moi, géné je regarde le plafond. Je le regarde, il regarde loin devant lui, il me regarde encore et j'évite son regard. Nous nous croisons et je lui lance un ultime regard pour qu'il le capte et décide de me saluer. Il fixe le plafond et je le vois monter puis disparaitre, l'âme en peine.
Ma question est la suivante... je n'arrive pas à concevoir le fait que je ressente tout cela sans qu'il ne soit au courant. Même si clairement il ne se passera rien avec lui, même si son comportement a été ambigue à un moment, je ne sais pas si j'arriverais à faire le deuil sans que je puisse lui avouer ce que j'ai ressentis. Si vous etiez à sa place, voudriez vous savoir qu'une personne est dingue de vous, même si elle était du même sexe, ou préfereriez vous pas savoir ?
Shokran bzaf