c'est une question d'interprétation
Cham, malédiction de Cham
La Genèse, premier livre de la Bible, rapporte que Noé s'étant énivré, son troisième fils Cham se serait moqué de lui ; Noé aurait alors maudit Canaan, le plus jeune fils de Cham, en le vouant à devenir l'esclave de ses frères :
« Maudit soit Canaan,
qu'il soit le dernier des serviteurs de ses frères ! ».
Le texte poursuit en décrivant comment Noé a réparti les nations de la Terre entre ses trois fils Sem, Japhet et Cham. Il ne fait à ce stade aucune allusion à la couleur de peau des uns et des autres. D'ailleurs, faut-il le préciser ? la Bible, quand elle les évoque, se montre plutôt flatteuse pour les noirs, par exemple dans le Cantique des Cantiques.
Le préjugé de couleur attaché à la malédiction de Cham va naître tardivement de l'exégèse d'un Père de l'Église (*), Origène (182-254), qui postule que Cham devait être de couleur noire (Catherine Coquery-Vidrovitch, Le Livre noir du colonialisme, Robert Laffont, 2003). Mais jusqu'aux environs de l'An Mil, ce commentaire ne suscite pas d'intérêt particulier.
« Ce sont les musulmans qui, les premiers, s'en sont servis afin de légitimer l'esclavage des Noirs. Il suffisait pour cela d'indiquer qu'ils descendaient directement de Cham », note Olivier Grenouilleau (Traites négrières, Gallimard 2004).
L'historien précise plus loin : « Ce furent aussi des créoles d'origine espagnole (Buenaventura de Salinas y Cordova et Leon Pinelo) qui, afin de légitimer la traite, cherchèrent au XVIIe siècle à se servir d'une vieille histoire, jusque-là assez peu utilisée dans le monde occidental, celle de la malédiction de Cham ». C'est ainsi qu'un racontar né en terre musulmane a nourri, sept ou huit siècles plus tard, les préjugés racistes des planteurs américains, du nord comme du sud
j'arrête le HS
mam