Pau : condamné pour avoir proféré des injures raciales à un couple de passants dans la rue

Ce lundi 4 mars, un homme de 45 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Pau pour injure publique à connotation raciste et outrage sexiste. Il a écopé de 800 euros d'amende.​

Le prévenu répondait d’injure publique raciale ainsi que d’outrage sexiste. Des faits survenus dans la nuit du 10 octobre au 11 octobre 2022 à Pau, à l’encontre d’un couple qui sortait du cinéma.

Au volant de sa voiture de travail, le quadragénaire demande à la plaignante si elle « cherche un singe », la traite de « p*te à nègre ». Puis il injurie son compagnon, d’origine gabonaise, le traitant à plusieurs reprises de « sale négro ».

Corps sportif, pull noir, pantalon cargo beige, cheveux noirs coupés court, nombreux tatouages qui se devinent au vu de ceux sur sa nuque ou ses poignets, mais yeux baissés et voix inaudible. Au tribunal, l’attitude du quadragénaire, gérant d’un débit de boissons dans l’agglomération de Pau, tranche avec la violence des descriptions des faits.

« Propos plus que détestables »​

Son avocat, Me Pierre-Marie Bonneau, a contesté. « L’articulation correcte des propos visés et poursuivis n’est pas celle rapportée par les plaignants, et les propos de Madame ne recoupent pas parfaitement ceux de son compagnon », fustigeait-il, la veine saillante sur son front dégarni. Il avance également que le terme « **** à nègre » n’est « pas sexiste mais racial ». Tout en rappelant que son client faisait le coupable idéal, de par ses liens avérés avec des « milieux musicaux très à droite », et qu’il porte le costume « du coupable idéal ».

Il n’aura pas réussi à convaincre les magistrats, malgré ses appels à la liberté d’expression et au coup monté. Ni le procureur de la République, Richard Pineau : « C’est un peu dans le désordre mais ce sont exactement les mêmes mots que dans le dossier », s’emporte-t-il. Tout en soulignant des « propos plus que détestables », il requiert quatre mois de prison et 1 200 euros d’amende au total (répartie entre les victimes).

« Black-blanc-beur »​

« Cette France elle est aujourd’hui ‘black-blanc-beur’, elle est aujourd’hui ‘touche pas à mon pote’, cette France on l’aime ou on la quitte si on ne l’aime pas comme elle est. Comme certains disent à l’encontre des personnes issues de l’immigration », tance Me Guillaume Blanche, l’avocat des parties civiles. Dans l’assistance, les plaignants ne sont pas présents. Leur avocat dénonce des faits apparentés à « une ratonnade ». Le conseil regrette que ses clients vivent désormais dans la peur, « victimes de syndromes de stress post-traumatique et d’évitement et d’hypervigilance ».

En face, le patron de bar ne réagit toujours pas. Il a été reconnu coupable de l’ensemble des faits et condamné à une amende de 500 euros à verser à sa première victime et d’une amende de 300 euros à verser à la seconde victime. Sa condamnation ne sera pas inscrite à son casier judiciaire, mais il devra verser 400 euros à ses victimes pour préjudice moral.

 
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