Philosophie française

David39

On est les enfants oublié de l'Histoire les amis!
VIB
Bonsoir,

Je partage cet article que je valide complètement et qui, je trouve, met l'accent sur ce qu'est la philosophie même dans son point de départ, à savoir: l'art de vivre.

Au passage je ne peux que vous conseiller philosophie magasine pour ceux que ça intéresse. C'est assez riche et accessible dans le domaine. Parfois un article comme celui-ci nous permet de nous imprégner de la pensée de son auteur et ce qui va avec de manière succincte et efficaceme sans pour autant passer des semaines, des mois à lire un ou plusieurs ouvrages. Une synthèse en quelque sorte. Voir un échantillon.

Sans transition place au texte:



Hors-série "La Renaissance"

Michel de Montaigne : "Un passe-temps nouveau et extraordinaire"​


« Sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant », l’homme n’a de cesse d’intriguer Montaigne. Or « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition » — et quoi de plus proche de soi que soi ? La tâche constante de l’auteur des Essais sera donc de capter le cours fugace de ses pensées et de ses sensations. De cette expérience de soi émerge la figure d’un homme singulier et changeant.

« Comme dit Pline, chacun est pour soi-même un très bon sujet d’étude, pourvu qu’il soit capable de s’examiner de près. Ce que je rapporte ici, ce n’est pas ce que je crois, mais ce que j’ai éprouvé ; ce n’est pas la leçon d’autrui, mais la mienne.

Il ne faut pourtant pas m’en vouloir si je la fais connaître. Car ce qui m’est utile peut aussi être utile aux autres, à l’occasion. Et de toutes façons, je ne fais de tort à personne, puisque je me sers seulement de ce qui m’appartient. Et si je dis des sottises, c’est à mes dépens, et sans dommage pour quiconque : c’est une divagation qui mourra avec moi, et sera sans conséquences. […] C’est une délicate entreprise, et plus encore qu’il n’y paraît, que de suivre une allure aussi vagabonde que celle de notre esprit, de pénétrer les profondeurs opaques de ses replis internes, de distinguer et de saisir au vol tant de menues apparences dans son agitation. Et c’est un passe-temps nouveau et extraordinaire, qui nous arrache aux occupations communes de ce monde, et même aux plus importantes d’entre elles.

Il y a plusieurs années que je suis moi-même le seul objet de mes pensées, que je n’examine et n’étudie que moi. Et si je m’intéresse à autre chose, c’est pour l’appliquer aussitôt à moi-même, le faire en quelque sorte entrer en moi. […] Il n’est rien d’aussi difficile à décrire que soi-même, ni de plus utile, pourtant. Mais encore faut-il se coiffer, encore faut-il s’apprêter et s’arranger avant de se montrer en public. Je me prépare donc sans cesse, puisque je me décris sans cesse. […]

Mon métier et mon art, c’est de vivre. Que celui qui me défend d’en parler selon l’idée, l’expérience et la pratique que j’en ai, ordonne à l’architecte de parler des bâtiments non pas selon ses conceptions, mais selon celles de son voisin, selon la science d’un autre et non selon la sienne ! […]


Je m’expose au contraire tout entier, comme un “écorché’’ sur lequel on verrait d’un seul coup d’œil les veines, les muscles, les tendons, chacun à sa place. […] Ce ne sont pas mes actes que je décris : c’est moi, c’est mon essence même. »

Montaigne, Essais, II, VI, 23-29, G. de Pernon (édition en ligne), pp. 68-70.

 

David39

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VIB
Extrait sur la pensée de Descartes:



L’unité de la philosophie chez Descartes est pensée au moyen de la figure bien connue de l’arbre de la philosophie : « Toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ; j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse » [1].

L’arbre de la philosophie n’est donc pas enraciné [2], et Descartes ne dit rien de cette absence d’enracinement [3]. Sans doute cette absence répond-elle au projet cartésien, que l’on considère que l’ontologie est absente de la métaphysique de Descartes [4], ou bien que « le souci des Principia » est de « fournir une métaphysique qui se suffise à elle-même »[5].

Mais, quelle que soit la perspective envisagée, la difficulté n’en est pas moindre eu égard à la pertinence de la figure : un arbre dont les racines (la métaphysique) ne sont enracinées dans aucun sol (l’ontologie) est un arbre mort.

Cette étrangeté des racines n’est cependant pas la seule : la branche de « la plus parfaite morale » est supérieure aux deux autres, puisqu’elle présuppose « une entière connaissance des autres sciences ». Où et comment, par conséquent, se situe cette branche morale par rapport aux deux autres ? De deux choses l’une, en effet : ou bien cette branche, comme les autres, sort du tronc, auquel cas elle se situe sur le même plan que les branches de la médecine et de la mécanique, ce qui signifie que la figure ne rend pas exactement la position de la branche morale ; ou bien celle-ci présuppose effectivement les deux autres, auquel cas elle est une forme d’excroissance de la médecine ou de la mécanique, voire des deux, ce qui signifie qu’en définitive il n’y a que deux branches sortant du tronc, qui se rejoignent ou se confondent en une troisième, de nature différente et non directement reliée au tronc.

Descartes avoue d’ailleurs qu’il « ignore presque tout » de ces « parties [les branches] qu’on ne peut apprendre que les dernières » et dont dépend « la principale utilité de la philosophie », de sorte que ce n’est qu’avec le temps que l’on peut découvrir ces « vérités [qu’il n’a] point expliquées » et ainsi acquérir « une parfaite connaissance de toute la philosophie et monter au plus haut degré de la sagesse »[6]. Aussi, loin de signifier une totalité unifiée et achevée, la figure de l’arbre indique plutôt un inachèvement structurel de la philosophie, et conduit alors à concevoir l’unité de la philosophie davantage comme un problème que comme un objet donné ou constitué.

 

David39

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VIB
[...]

On retrouve ainsi la figure de l’arbre de la philosophie, sous un éclairage nouveau : l’unité de la philosophie se situe dans le mouvement par lequel « l’arbre devient ce qu’il était », exactement comme la pensée « devient ce qu’elle était en s’explicitant et se reconnaissant dans les vérités qu’elle tire de soi », ce qui conduirait au « paradoxe d’un être fini portant en soi la tâche de l’infini »[14]. Deux raisons, par conséquent, justifient l’absence d’enracinement de l’arbre : la première tient à la méthode de re-fondation cartésienne, qui consiste à vider les savoirs de tout contenu déterminé, de sorte qu’aucune science particulière ne puisse tenir lieu de fondement absolu, au profit d’une unité formelle et, par conséquent, indéterminée, qui trouve son fondement dans la méthode même par laquelle cette unité apparaît. La seconde raison, corrélat nécessaire de la première, tient à la nature à la fois du lieu de production des vérités et des vérités produites elles-mêmes : le paradoxe d’une pensée finie dont la tâche consiste dans la production d’une infinité de vérités n’en est véritablement un qu’à la condition d’identifier finitude et détermination, alors même que le sens du projet cartésien de re-fondation réside, précisément, dans l’identification de la position d’un « être fini » à l’indétermination d’une pensée qui se définit moins par sa capacité que par sa méthode de production du vrai.

Ainsi peut-on comprendre ce fameux passage de la Seconde Méditation où, après avoir montré qu’il ne peut être un corps, c’est-à-dire « compris en quelque lieu » [15], Descartes en vient à considérer que la pensée définit le tout de l’être et de l’existence : « Je suis, j’existe : cela est certain ; mais combien de temps ? À savoir, autant de temps que je pense ; car peut-être se pourrait-il faire, si je cessais de penser, que je cesserais en même temps d’être ou d’exister ».


C’est pourquoi, s’il est indubitable que je suis, je ne peux en revanche savoir « quel je suis, moi que j’ai reconnu être » [16] : la détermination de la position ontologique de l’être fini, ou sujet de la pensée ( « je suis, j’existe » ), est réduite à l’indétermination topologique de la pensée de l’être ou de l’existence de cette pensée. Aussi n’est-il d’autre fondement absolu de la re-fondation du savoir que ce jeu circulaire de renvoi, au sein duquel l’être ou l’existence trouvent leur fondement métaphysique dans l’indétermination topologique d’une pensée qui se fonde elle-même sur cet être et cette existence ainsi posés par elle.



Soit ce don inné qu'est la réflexion 🔄

🤸‍♂️
 

David39

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VIB
On peut constater que ce rationalisme ne se constitut, au final, que sur la seule base du consensus des conclusions de la pensée humaine, de la science des hommes.

Avis aux amateurs.

A retenir:

« Toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ; j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse » [1].
 

David39

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VIB
Volonté:


Quand on veut, on peut... Vraiment ?​


Question Philo, avec Charles Pépin... Tous les samedis, Charles répond aux questions des auditeurs d'Inter et aujourd'hui, il a choisi celle de Marlène : "L'adage "quand on veut, on peut" est-il vrai et raisonnable ?"​



Quelle belle et difficile question, chère Marlène, qui va nous permettre d’examiner un peu la valeur de ce volontarisme typiquement occidental.



Ce que je veux d’abord vous dire, Marlène, c’est que la volonté est en effet une belle faculté, qui nous permet parfois, c’est vrai, de déplacer des montagnes, une faculté qui se travaille comme un muscle, se développe contre cela même qui lui résiste – la volonté est même d’après Descartes, la seule faculté que nous puissions développer… à l’infini.


Ah bon, Descartes, le prétendu rationaliste, fait l’apologie de la volonté ?​


Oui, tout à fait. Notre entendement est limité, affirme Descartes, notre imagination et notre sensibilité également, mais quand nous voulons, nous pouvons toujours vouloir plus. Décider, d’après Descartes, c’est précisément compenser les limites de notre réflexion par la puissance de notre volonté. Il va même jusqu’à voir dans notre volonté (capable donc de vouloir à l’infini) la marque du divin en nous : la preuve que nous sommes fils de Dieu.

Alors ça vient de là, le "quand on veut on peut" ?​


Oui ça vient de là, ça vient de loin. Descartes voit dans notre volonté la preuve de notre nature divine, Kant y verra la condition de notre moralité, avant eux les stoïciens en firent la condition de toute sagesse. Nous sommes les enfants de siècles de volontarisme.

Mais si la volonté peut beaucoup, elle ne peut évidemment pas tout. Et quand on songe, avec un peu d’honnêteté, un peu de tendresse également pour nos fragilités, à ce que c’est que la vie, et qu’on écoute cet énoncé censé nous motiver – « quand on veut on peut » - on ne peut qu’être frappé par sa fausseté, pour ne pas dire par sa bêtise.

Allez dire à une insomniaque qui tourne en rond chez elle, échouant à trouver le sommeil : « quand on veut, on peut » ?

Allez dire à un couple qui ne parvient pas à avoir d’enfant et enchaine, en vain, les traitements depuis des années : « écoutez, quand on veut, on peut »

Allez dire à un homme victime d’une panne sexuelle : « Ecoutez monsieur, quand on veut on peut ! »

Mais allons plus loin. Allez dire à un enfant issu d’une famille dans laquelle tout le monde est au chômage depuis trois générations et dans laquelle personne ne parle la langue qu’il est censé utiliser à l’école : « allons mon garçon, quand on veut on peut ». Allez dire à un migrant en pleine mer déchainée, balloté sur une embarcation de fortune, espérant s’en sortir vivant et fouler enfin le sol d’une véritable terre d’accueil : « quand on veut, on peut ».

Quand on veut on peut. Mais quelle insulte à la complexité de la vie, quel déni de ce réel qui nous résiste si souvent. D’ailleurs n’est-ce pas une possible définition du réel : ce qui ne se plie pas si facilement à notre volonté ?

Souvent nous avons beau vouloir mais nous ne pouvons pas, nous n’en pouvons plus. Et c’est alors que les autres viennent nous secourir, nous venir en aide, nous rappeler que nous ne sommes pas seuls avec notre volonté mais inscrits dans des groupes, des communautés, des Etats. Miser sur la toute-puissance de la volonté individuelle, c’est oublier les vertus de la communauté, de l’entraide, de la solidarité.

Parfois aussi c’est quand nous arrêtons de vouloir que la vie semble nous récompenser, et que nous pouvons
enfin.

Elle a cessé de vouloir s’endormir, de se mettre la pression, elle a décidé de regarder un vieux film ou d’écouter de la musique, elle a cessé de vouloir s’endormir et le sommeil l’a envahie comme la drogue la plus douce.

Ils ont arrêté les traitements contre l’infertilité, ils ont accepté l’échec de toutes leurs tentatives, ils ont cessé de vouloir un enfant et c’est alors qu’ils ont découvert un bonheur imprévu, une manière de vivre et de s’aimer à laquelle ils n’avaient jamais songé auparavant.

Comme si la vie, parfois, n’aimait pas qu’on lui mette la pression, et venait nous rappeler, à sa manière, que nous pouvons lui faire confiance.

Si la volonté est une belle faculté, y croire trop, tomber dans l’excès de l’idéologie volontariste, répéter sans cesse comme un mantra que « quand on veut on peut », c’est probablement rater quelque chose d’essentiel de cette vie, rater quelque chose de son mystère, de la manière dont, parfois, elle nous donne le meilleur lorsque nous cessons d’insister.


 

David39

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VIB
René Descartes considère la volonté comme la faculté humaine la plus large : « je ne conçois point l'idée d'aucune autre [faculté] plus ample et plus étendue »[5]. Il la place au centre de sa philosophie morale (deuxième et troisième maximes de sa morale provisoire), mais également au cœur de sa théorie sur l'erreur. Enfin, se prononçant dans ses Méditations métaphysiques[6] contre une certaine forme d'indifférence, il estime que la liberté d'un choix vient surtout de la conjugaison de la volonté avec la connaissance.



Et il nous fait donc la démonstration que l'erreur nous appartient, nous les humains (et la nature dans son ensemble) et qu'elle est le fruit du mauvais choix, de près ou de loin, de notre volonté encore mal maîtrisé/dompté/éduqué qui s'exprime par notre libre arbitre et notre liberté qui est légitimé par le besoin de connaître et de se connaître.

Pour cela il faut bien évidemment concevoir que cette force/chaleur en nous est ce qui nous anime et crée le mouvement qui s'opère par la contrainte (voir degré de liberté, liaison mécanique, fonction logique de base et principe fondamental de thermodynamique, ça suffit pour comprendre dans les grandes lignes comment le monde fonctionne).

Que ce soit l'esprit, l'âme ou le corps tout suit le plan logique de certaines lois universelles. C'est l'accord des nos différents plans qui fait la réussite de ce en quoi l'on est là. Par l'erreur aussi nous pouvons être des exemples.

Partant d'un point zéro, l'origine, qui ne sera qu'un repère arbitraire tout autant légitime que lamentable il constituera néanmoins ce qui peut revêtir la gloire et l'honneur sur lequel nous fondons nos vérité et convictions, de ce que nous pouvons tenir pour vrai, légitime et aussi l'inverse.

L'Homme se forge au travers de l'épreuve par l'expérience qui donne la durabilité et la fiabilité ou l'inverse à ne pas faire.

C'est toute la notion du potentiel infini que Dieu nous a offert, qui est en nous, qui nous habite toujours sous Son savoir et Son regard auquel nous n'échappont pas par Sa présence et aussi Sa dissimulation. Conscient de ce don, de cette faculté, l'expression de cette marge de liberté nous conduit à la morale et au choix et ce, toujours en étant libre dans le cadre de la matrice qu'est l'univers donc toujours avec le point de vue individuelle et celui du tout, tout du moins la perception que l'on en a.

C'est cette Volonté d'être en accord avec Dieu qui nous unis plus ou moins à lui. C'est en quelque sorte caler son ego sur la bonne fréquence afin d'être à même de bien interpréter tous les signaux que la Vie nous envoie. En cela nous sommes enseigné et enseignants.





Pour suite, un petit extrait:
 

David39

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VIB
Extrait:

J'ai toujours estimé que ces deux questions, de Dieu et de l'âme, étaient les principales de celles qui doivent plutôt être démontrées par les raisons de la philosophie que de la théologie: car bien qu'il nous suffise, à nous autres qui sommes fidèles, de croire par la foi qu'il y a un Dieu, et que l'âme humaine ne meurt point avec le corps; certainement il ne semble pas possible de pouvoir jamais persuader aux infidèles aucune religion, ni quasi même aucune vertu morale, si premièrement on ne leur prouve ces deux choses par raison naturelle.

Et d'autant qu'on propose souvent en cette vie de plus grandes récompenses pour les vices que pour les vertus, peu de personnes préféreraient le juste à l'utile, si elles n'étaient retenues, ni par la crainte de Dieu, ni par l'attente d'une autre vie.

Et quoiqu'il soit absolument vrai qu'il faut croire qu'il y a un Dieu, parce qu'il est ainsi enseigné dans les Saintes Ecritures, et d'autre part qu'il faut croire les Saintes Ecritures, parce qu'elles viennent de Dieu et cela parce que, la foi étant un don de Dieu, celui-là même qui donne la grâce pour faire croire les autres choses, la peut aussi donner pour nous faire croire qu'il existe: on ne saurait néanmoins proposer cela aux infidèles, qui pourraient s'imaginer que l'on commettrait en ceci la faute que les logiciens nomment un Cercle.

Descartes, Méditations métaphysiques.

[...]
 

David39

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VIB
Et ce qui me semble bien remarquable en cet endroit, est que, de toutes les autres choses qui sont en moi, il n'y en a aucune si parfaite et si étendue, que je ne reconnaisse bien qu'elle pourrait être encore plus grande et plus parfaite.

Car, par exemple, si je considère la faculté de concevoir qui est en moi, je trouve qu'elle est d'une fort petite étendue, et grandement limitée, et tout ensemble je me représente l'idée d'une autre faculté
beaucoup plus ample, et même infinie, et de cela seul que je puis me représenter son idée, je connais sans difficulté qu'elle appartient à la nature de Dieu.

En même façon, si j'examine la mémoire, ou l'imagination, ou quelque autre puissance je n'en trouve aucune qui ne soit en moi très petite et bornée, et qui en Dieu ne soit immense et infinie. Il n'y a que la seule volonté, que j'expérimente en moi être si grande, que je ne conçois point l'idée d'aucune autre plus ample et plus étendue: en sorte que c'est elle principalement qui me fait connaître que je porte l'image et la ressemblance de Dieu.

Car, encore qu'elle soit incomparablement plus grande dans Dieu que dans moi, soit à raison de la connaissance et de la puissance, qui s'y trouvant jointes la rendent plus ferme et plus efficace, soit à raison de l'objet, d'autant qu'elle se porte et s'étend infiniment à plus de choses, elle ne me semble pas toutefois plus grande, si je la considère formellement et précisément en elle-même. Car elle consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose, ou ne la faire pas (c'est-à-dire affirmer ou nier, poursuivre ou fuir), ou plutôt seulement en ce que, pour affirmer ou nier, poursuivre ou fuir les choses que l'entendement nous propose, nous agissons en telle sorte que nous ne sentons point qu'aucune force extérieure nous y contraigne.

Car, afin que je sois libre, il n'est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l'un ou l'autre des deux contraires; mais plutôt, d'autant plus que je penche vers l'un soit que je connaisse évidemment que le bien et le vrai s'y rencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l'intérieur de ma pensée, d'autant plus librement j'en fais choix et je l'embrasse.

Et certes la grâce divine et la connaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l'augmentent plutôt, et la fortifient. De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d'aucune raison, est le plus bas degré de la liberté et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance, qu'une perfection
dans la volonté; car si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire; et ainsi je serais
entièrement libre sans jamais être indifférent.

De tout ceci je reconnais que ni la puissance de vouloir, laquelle j'ai reçue de Dieu, n'est point d'elle-même la cause de mes erreurs, car elle est très ample et très parfaite en son espèce; ni aussi la puissance d'entendre ou de concevoir: car ne concevant rien que par le moyen en de cette puissance que Dieu m'a donnée pour concevoir sans doute que tout ce que je conçois, je le conçois comme il faut, et il n'est pas possible qu'en cela je me trompe.

D'où est-ce donc que naissent mes erreurs? C'est à savoir, de cela seul que, la volonté étant beaucoup plus ample et plus étendue que l'entendement, je ne la contiens pas dans les mêmes limites, mais que je l'étends aussi aux choses que je n'entends pas; auxquelles étant de soi indifférente, elle s'égare fort aisément, et choisit le mal pour le bien, ou le faux pour le vrai. Ce qui fait que je me trompe et que je pèche.

Descartes, Méditations métaphysiques.
 

David39

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René Descartes considère la volonté comme la faculté humaine la plus large : « je ne conçois point l'idée d'aucune autre [faculté] plus ample et plus étendue »[5]. Il la place au centre de sa philosophie morale (deuxième et troisième maximes de sa morale provisoire), mais également au cœur de sa théorie sur l'erreur. Enfin, se prononçant dans ses Méditations métaphysiques[6] contre une certaine forme d'indifférence, il estime que la liberté d'un choix vient surtout de la conjugaison de la volonté avec la connaissance.



Et il nous fait donc la démonstration que l'erreur nous appartient, nous les humains (et la nature dans son ensemble) et qu'elle est le fruit du mauvais choix, de près ou de loin, de notre volonté encore mal maîtrisé/dompté/éduqué qui s'exprime par notre libre arbitre et notre liberté qui est légitimé par le besoin de connaître et de se connaître.

Pour cela il faut bien évidemment concevoir que cette force/chaleur en nous est ce qui nous anime et crée le mouvement qui s'opère par la contrainte (voir degré de liberté, liaison mécanique, fonction logique de base et principe fondamental de thermodynamique, ça suffit pour comprendre dans les grandes lignes comment le monde fonctionne).

Que ce soit l'esprit, l'âme ou le corps tout suit le plan logique de certaines lois universelles. C'est l'accord des nos différents plans qui fait la réussite de ce en quoi l'on est là. Par l'erreur aussi nous pouvons être des exemples.

Partant d'un point zéro, l'origine, qui ne sera qu'un repère arbitraire tout autant légitime que lamentable il constituera néanmoins ce qui peut revêtir la gloire et l'honneur sur lequel nous fondons nos vérité et convictions, de ce que nous pouvons tenir pour vrai, légitime et aussi l'inverse.

L'Homme se forge au travers de l'épreuve par l'expérience qui donne la durabilité et la fiabilité ou l'inverse à ne pas faire.

C'est toute la notion du potentiel infini que Dieu nous a offert, qui est en nous, qui nous habite toujours sous Son savoir et Son regard auquel nous n'échappont pas par Sa présence et aussi Sa dissimulation. Conscient de ce don, de cette faculté, l'expression de cette marge de liberté nous conduit à la morale et au choix et ce, toujours en étant libre dans le cadre de la matrice qu'est l'univers donc toujours avec le point de vue individuelle et celui du tout, tout du moins la perception que l'on en a.

C'est cette Volonté d'être en accord avec Dieu qui nous unis plus ou moins à lui. C'est en quelque sorte caler son ego sur la bonne fréquence afin d'être à même de bien interpréter tous les signaux que la Vie nous envoie. En cela nous sommes enseigné et enseignants.





Pour suite, un petit extrait:

Oulala les fautes :claque:


Je suis fatigué en ce moment et je ne me suis pas relu avant de poster, déjà que ma présence ici se résume aux instants que j'ai à tuer. Je vous prierais de bien vouloir m'excuser :indigne:
 

David39

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VIB
Sur la Volonté, son orientation et son potentiel infini:

Pour illustrer la volonté dans un contexte contemporain il y a un exemple très simple et très pertinent qui permettra de se faire une idée concrète et précise de l'infinité potentielle d'actions et ainsi des conséquences que chaque choix et actions entraînent.

J'en veux pour preuve le fameux "pouvoir d'achat". C'est un grand pouvoir.

En situation, prenons quelqu'un qui a en sa possession un smartphone avec un moyen de paiement à distance et dans sa bourse virtuelle 100 euros.

Il est très aisé de voir à quel point le sujet a en sa possession un pouvoir non pas infini mais déjà une quantité difficilement calculable de choix à sa portée.

Avec ces 100 euros et cette capacité d'achat de biens en ligne le sujet peut s'offrir un ou des produits et/ou un ou des services. Ça doit se chiffrer en milliards de possibilités, juste avec 100 euros.

C'est là qu'intervient, idéalement, le discernement. Le bon choix.

En effet on pourrait bien acheter quelques nudes à une mineure sur onlyfans ou envoyer un mandat cash à un ivoirien peu scrupuleux rencontré sur une application de rencontres déjà trop cher mais le sujet aurait tout intérêt à investir son capital à bon escient et de façon profitable, surtout s'il n'a que cela.

C'est là qu'intervient l'éthique, la morale.

C'est encore là une multitude de paramètres quasiment infini qui avant le choix devra être le fruit d'une réflexion sagement raisonné et aussi validé par d'autres points de vue.

Principe de consultation et de validation.

Voilà c'était juste pour imager.
 

David39

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VIB
En complément et conclusion je me permets de faire un parallèle avec le mode de pensée de Machiavel via ce sujet où il a été évoqué ici (C'était pour faire plaisir à Tupac et toute la communauté):

Publié dans la discussion 'Savoir se jeter a l'eau' https://www.bladi.info/threads/savoir-se-jeter-a-leau.536512/post-17667302

J'aime particulièrement la pensée de cette époque à la fois cartésienne et métaphysique. C'est quelque chose que nous avons perdu en Europe depuis plus d'un siècle et n'étant pas adeptes de l'orientalisme allemand vous ne pouvez que me comprendre.

Fin de la parenthèse.
 

David39

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VIB
Pour l'occasion en référence à l'institut du monde arabe passons à une petite touche orientale comme je les aime et non pas justement façon "shprechen" (sarcasmes):


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“Falsafa” à l’Institut du monde arabe

Pierre Lory : “L’expérience soufie est celle d’un anéantissement en Dieu”​


Pierre Lory, propos recueillis par Ariane Nicolas publié le 05 février 2024 6 min


« Falsafa, les rendez-vous de la philosophie arabe » : le cycle sur la philosophie dans le monde arabo-musulman se poursuit à l’Institut du monde arabe, à Paris. Mardi 6 février, Pierre Lory animera à 19h la conférence « Hâllaj : dans la mystique, qui parle et à qui ? ». L’islamologue nous raconte, en amont, qui était ce prêcheur né au IXe siècle et quelle place occupe le soufisme dans l’histoire musulmane.



Qui est Hallâj et pourquoi a-t-il fini condamné à mort ?
Pierre Lory : Husayn ibn Mansûr Hallâj
est un grand soufi d’obédience sunnite, qui a vécu au tournant du Xe siècle (environ 858-922). Il a la particularité d’avoir dit tout haut ce que d’autres prêchaient tout bas. Pour des raisons diverses, Hallâj ne s’entendait pas avec le milieu soufi de son temps. Il l’abandonne rapidement et se met à prêcher « en freelance », si je puis dire, dans les souks ou les mosquées. Il fréquente des Juifs, des chrétiens, parle de mystique à qui veut bien l’entendre… Son style de prédication est totalement différent de celui des autres soufis, qui se regroupent habituellement en petits groupes discrets, voire clandestins. Hallâj, lui, voyage partout, en Iran, en Inde, en Arabie. Il acquiert un prestige énorme, des milliers de disciples se réclament de lui, on lui attribue de nombreux miracles. Et cela agace le pouvoir de façon prodigieuse. Il est mis en prison en 913, et il y restera jusqu’en 922, date de sa mise à mort, à Bagdad [alors en califat abbasside] .
“Depuis ses débuts, le soufisme pose, en tant que mystique, un problème à la pensée théologique musulmane”Pierre Lory

En quoi était-il considéré comme menaçant ?
Sur le fond, Hallâj n’apporte pas de doctrine très différente de ses maîtres. C’est sur la forme, parce qu’il prêche publiquement, qu’il crée le scandale. Depuis ses débuts, le soufisme pose, en tant que mystique, un problème à la pensée théologique musulmane. Pour le musulman ordinaire, être musulman consiste à obéir à la Loi religieuse. Personne ne peut comprendre Dieu ni l’atteindre. Tout ce que l’on peut faire, c’est lui obéir. Au contraire, pour les mystiques comme Hallâj et ses confrères, il est possible d’avoir une expérience de Dieu sur Terre. Il y a la possibilité d’un contact par le cœur – ce qui est jugé suspect. En Islam, tout dépend en effet du témoignage du prophète Muhammad qui a révélé le Coran et a délivré le hadith. S’il y a des mystiques qui affirment être en lien avec la source de la révélation, c’est un peu comme s’ils se mettaient en compétition avec le prophète. De fait, les soufis ne le font pas, mais il leur arrive facilement de passer pour hérétiques.

 

David39

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VIB
Y a-t-il d’autres raisons qui motivent cette méfiance envers les soufis ?
Les soufis professent l’union à Dieu ici-bas. Dans cette configuration, que deviennent le Jugement et la résurrection ? Cela laisse entendre qu’ils se considèrent déjà comme éternels en Dieu : le Jugement dernier perd donc son sens. Un autre point délicat concerne l’amour divin, idée qu’ils professent contre le texte du Coran. Pour les théologiens musulmans classiques, Dieu peut être miséricordieux, il peut être bon avec les êtres humains, délivrer des bienfaits, mais il ne peut pas y avoir un sentiment d’amour entre les humains et Dieu – dans un sens comme dans l’autre – parce qu’ils sont de nature trop différente, incommensurable. Or dans sa poésie, et notamment dans son Diwan [recueil poétique], Hallâj enseigne cet amour de Dieu, ce qui est jugé blâmable pour les théologiens. D’une manière générale, Hallâj a la certitude que face à Dieu, l’être humain est illusoire et qu’il lui doit tout, son corps, son esprit, sa capacité de dire « je ». L’expérience soufie telle qu’il la conçoit est celle d’un anéantissement en Dieu. L’être humain est pensé sur le mode d’un miroir dans lequel Dieu se reflète. Donc le « moi » divin se réverbère à travers le miroir de l’humanité. La communication avec Dieu se fait paradoxalement au nom de l’anéantissement de leur personne.
“Traditionnellement, être musulman consiste à obéir à la Loi religieuse : on ne peut atteindre ou comprendre Dieu, on peut juste lui obéir. Et au Xe siècle, le pouvoir a très peur que le spirituel prenne le dessus sur le légal”Pierre Lory


Et d’un point de vue politique ? Les soufis sont-ils considérés comme des rebelles, des révolutionnaires ?
Pas des révolutionnaires, mais on les soupçonne quand même de pouvoir incarner une autre autorité que celle des prophètes. Au Xe siècle, le calife est considéré comme la référence religieuse suprême. Cette référence religieuse est, d’abord et avant tout, une référence juridique. Le pouvoir a très peur que le spirituel prenne le dessus sur le légal. Cela dit, au moment où Hallâj exerce, il y a énormément de mouvements de révolte, sunnites ou chiites, qui contestent le pouvoir politique au nom de l’illumination spirituelle. On peut penser par exemple au mouvement des Qarmates, qui est vraiment révolutionnaire, puisque ses disciples ne pratiquent pas la religion, ils ne prient pas, ne jeûnent pas. Pour eux, les rites renvoient à une sorte d’école maternelle de la religion musulmane ! Les Qarmates vont jusqu’à attaquer la Mecque en 930, capturer la pierre noire de la Kaaba et l’emmener dans leur capitale al-Ahsâ, dans le nord de l’Arabie saoudite actuelle.


 

David39

On est les enfants oublié de l'Histoire les amis!
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Qu’est-ce qui caractérise le soufisme dans sa pratique concrète ?
Le soufisme est un mouvement mystique qui naît dès les premiers temps de l’Islam, essentiellement parmi les sunnites car chez les chiites, il existe déjà des chefs charismatiques appelés imams, considérés comme des intermédiaires entre les êtres humains et Dieu. Les soufis pratiquent exactement les mêmes rites que les autres musulmans, mais ils en pratiquent certains en plus, et d’autres différemment. Le principal rite est la répétition de certains noms divins ou de certaines prières, qui varient beaucoup selon les confréries. La répétition des textes est à mettre en lien avec la notion de baraka (بركة,), cette énergie singulière qui trouve sa source dans le monde divin. Plus un maître soufi prie, plus il est en contact avec le monde divin, plus son esprit, ce corps subtil qu’il a en lui, se renforce en récitant des textes. La plupart des maîtres soufis sont très peu connus car ils vivaient discrètement et n’ont pas laissé de traces. Le maître de Hallâj était Junayd, un juriste qui a en quelque sorte installé le soufisme comme pensée ésotérique, avec une transmission entre croyants qui se fait sur le mode initiatique.
“En islam, Hallâj est un saint, mais pas un martyr”Pierre Lory

Hallâj est un saint, en islam. Comment désigne-t-on la sainteté dans cette religion ?
Il n’y a pas de clergé en islam ; par conséquent, la vox populi décide. Si un grand soufi est considéré comme saint, c’est parce que ses disciples le considèrent comme tel. La sainteté en islam est très différente de la sainteté en climat chrétien. Il s’agit vraiment d’arriver à se dépouiller de toutes ses qualités humaines et en quelque sorte à se remplir de présence divine. L’idéal, c’est que le saint puisse se gommer lui-même, effacer sa propre personnalité et laisser la présence divine demeurer en lui. Hallâj est donc un saint, mais pas un martyr. Pour rappel, les martyrs qualifient uniquement des croyants qui meurent au combat, en principe contre des non-musulmans. Hallâj, lui, a été exécuté après un procès, où le calife a jugé lui-même : malgré son supplice, il a été exécuté par d’autres musulmans. Il a sacrifié sa vie pour sa religion, certes, mais aux yeux des musulmans, ce n’est pas cela qui fait un grand saint. Hallâj serait mort dans son lit, cela aurait été pour ainsi dire pareil.

Qui sont les soufis aujourd’hui ? Sont-ils toujours persécutés ou mis sous surveillance, dans les sociétés à dominante musulmane ?
Après l’exécution de Hallâj, les soufis ont compris qu’il fallait être prudent. Une sorte de modus vivendi s’est établi au fil des siècles, à savoir que si les soufis restaient entre eux et ne prêchaient pas publiquement, ils pourraient avoir les expériences qu’ils voulaient d’extinction en Dieu, sans être persécutés. Mais il fallait qu’ils restent tranquilles et qu’ils reconnaissent le pouvoir politique ou légaliste comme le pouvoir officiel. C’est ce modèle qui perdure aujourd’hui, quoique de manière très variable selon les aires géographiques. En Arabie saoudite par exemple, ils sont encore persécutés par le pouvoir wahhabite, qui ne tolère que la charia et exclut les soufis. Ces derniers sont acceptés et repérés dans des pays comme l’Égypte, où il existe un ministère qui s’occupe de les recenser. Autre configuration, au Sénégal, où plus de la moitié de la population appartient à des ordres soufis. Et dans d’autres pays, comme au Maroc, le gouvernement essaie même d’appuyer les confréries soufies pour en faire des contrefeux aux musulmans fondamentalistes.


 
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