La salle a ouvert le 9 septembre, dans une rue passante du Raincy (Seine-Saint-Denis) – à quelques mètres de Livry-Gargan. Au programme d'Orty Gym, ce nouveau club de sport "réservé uniquement pour femmes", comme disent site Internet et flyers, "fitness, musculation, cours collectifs (de zumba, salsa, hip-hop, danse orientale), renforcement, tonification"... Deux cents mètres carrés tout frais repeints où l'on trouve cabine d'esthétique (épilation, massage, gommage, etc.), appareils cardio, douches individuelles... "L'aquabiking sera installé en octobre", explique derrière le comptoir du salon d'accueil rose et orange une jeune hôtesse portant hidjab à deux sexagénaires bien comme il faut.
Pas certain que les abonnées de ce nouveau club de sport pourront tenterd'effacer cellulite et peau d'orange en pédalant dans l'eau. Le maire (UMP) de la ville, Eric Raoult, entend en effet faire fermer l'établissement au plus tôt. Motifs avancés ? Une "sécurité incendie" déficiente, argue l'ancien député de Seine-Saint-Denis, et... l'absence de parking.
Depuis que, au début de l'été, il a lu sur le site islamo-communautaire Oumzaza la promesse que cette salle fermée le vendredi de 12 à 15 heures "pour permettre à l'équipe d'assister au jumu'a", la prière hebdomadaire, "abritera bien entendu une salle de prière", le maire assure malgré les apparences qu'Orty Gym est un"commerce sportif religieux".
"LE PROBLÈME DE MONSIEUR LE MAIRE AVEC LES MUSULMANS"
"Oumzaza n'a rien à voir avec nous", rétorquent la gérante du nouvel établissement, Lynda Ellabou, une musulmane voilée, et son compagnon, Rachid Belhadef, qui a imaginé le projet. "Nous leur avons d'ailleurs demandé de retirerimmédiatement ce commentaire. On a assez d'ennuis comme ça..." Capture d'écran à l'appui, l'ancien rapporteur de la loi sur le voile reste pourtant persuadé qu'on tente "de détourner un dossier d'urbanisme sous de fallacieuses raisons pseudo-religieuses", vient-il d'écrire au sous-préfet du Raincy. Déjà que la devanture en verre dépoli du club lui "faisait penser aux enseignes obturées de Dubaï et du Qatar"...
"Rien à voir avec de l'islamophobie", assure M. Raoult. Pour la gérante d'Orty Gym, les tracasseries administratives dont elle est victime – elle avait dans un premier temps bénéficié d'une autorisation d'ouverture – n'ont pourtant qu'une seule raison : "Le problème de monsieur le maire avec les musulmans". Mme Ellabou assure ainsi que, à l'issue d'un rendez-vous avec M. Raoult, celui-ci lui aurait lancé : "Si ma secrétaire venait travailler en string, vous accepteriez ?" Le maire, lui, assure que M. Belhladef l'aurait menacé : "Si vous fermez ma salle, je ferme votre mairie."
NOUVELLE "BEURGEOISIE"
Ancien chauffeur de poids lourds, ancien maçon, mais aussi ex-sportif (cet athlète a été vice-champion de France de "force humaine", en 2007 et 2008, sous le prénom de Kader), M. Belhadef a étudié pendant deux ans la faisabilité du projet, observé le succès de la chaîne sportive Ladymoving à Aulnay-sous-Bois, noté sur Internet les demandes d'activités sportives "100 % femmes" et scruté la pageFacebook "sport entre soeurs" avant de se lancer.
"Les complexes sportifs pour femmes répondent à une réalité économique. J'entends beaucoup d'hommes autour de moi qui disent : je préfère que mon épouse s'entraîne dans une salle où il n'y a que des femmes, argumente-t-il. Une femme qui vient d'avoir un enfant et veut perdre un peu de poids préfère l'intimité. Les gens préfèrent payer cher et être tranquilles."
Au Raincy, ville la plus riche du département, la nouvelle "beurgeoisie" ne rechigne pas à payer 600 euros par an l'abonnement à un club de gym qui ne soit pas,"comme beaucoup d'autres, un club de drague".
HUISSIERS ENVOYÉS PAR LE MAIRE
"Bien sûr qu'il y a un marché", renchérit Me Raphaël Chiche, l'avocat du couple."La laïcité à la française n'a pas davantage anticipé le développement du hallal que des salles de sport, qui sont des activités privées comme les restaurants. Un club comme Orty Gym ne me paraît quand même pas inconciliable avec les valeurs de la République ! La vérité de ce combat d'arrière-garde, assure-t-il, c'est que M. Raoult ne veut pas froisser son électorat juif et qu'il souhaite garder l'image de "Neuilly du 9-3" de sa ville avant les municipales."
Patrouilles de policiers, huissiers envoyés par le maire en prévision d'une action en justice... Pendant que des femmes en short et brassières apprennent à dansercomme Beyoncé autour d'une des chorégraphes de Mia Frye, au Raincy, le bras de fer administratif et judiciaire se poursuit.
Pas certain que les abonnées de ce nouveau club de sport pourront tenterd'effacer cellulite et peau d'orange en pédalant dans l'eau. Le maire (UMP) de la ville, Eric Raoult, entend en effet faire fermer l'établissement au plus tôt. Motifs avancés ? Une "sécurité incendie" déficiente, argue l'ancien député de Seine-Saint-Denis, et... l'absence de parking.
Depuis que, au début de l'été, il a lu sur le site islamo-communautaire Oumzaza la promesse que cette salle fermée le vendredi de 12 à 15 heures "pour permettre à l'équipe d'assister au jumu'a", la prière hebdomadaire, "abritera bien entendu une salle de prière", le maire assure malgré les apparences qu'Orty Gym est un"commerce sportif religieux".
"LE PROBLÈME DE MONSIEUR LE MAIRE AVEC LES MUSULMANS"
"Oumzaza n'a rien à voir avec nous", rétorquent la gérante du nouvel établissement, Lynda Ellabou, une musulmane voilée, et son compagnon, Rachid Belhadef, qui a imaginé le projet. "Nous leur avons d'ailleurs demandé de retirerimmédiatement ce commentaire. On a assez d'ennuis comme ça..." Capture d'écran à l'appui, l'ancien rapporteur de la loi sur le voile reste pourtant persuadé qu'on tente "de détourner un dossier d'urbanisme sous de fallacieuses raisons pseudo-religieuses", vient-il d'écrire au sous-préfet du Raincy. Déjà que la devanture en verre dépoli du club lui "faisait penser aux enseignes obturées de Dubaï et du Qatar"...
"Rien à voir avec de l'islamophobie", assure M. Raoult. Pour la gérante d'Orty Gym, les tracasseries administratives dont elle est victime – elle avait dans un premier temps bénéficié d'une autorisation d'ouverture – n'ont pourtant qu'une seule raison : "Le problème de monsieur le maire avec les musulmans". Mme Ellabou assure ainsi que, à l'issue d'un rendez-vous avec M. Raoult, celui-ci lui aurait lancé : "Si ma secrétaire venait travailler en string, vous accepteriez ?" Le maire, lui, assure que M. Belhladef l'aurait menacé : "Si vous fermez ma salle, je ferme votre mairie."
NOUVELLE "BEURGEOISIE"
Ancien chauffeur de poids lourds, ancien maçon, mais aussi ex-sportif (cet athlète a été vice-champion de France de "force humaine", en 2007 et 2008, sous le prénom de Kader), M. Belhadef a étudié pendant deux ans la faisabilité du projet, observé le succès de la chaîne sportive Ladymoving à Aulnay-sous-Bois, noté sur Internet les demandes d'activités sportives "100 % femmes" et scruté la pageFacebook "sport entre soeurs" avant de se lancer.
"Les complexes sportifs pour femmes répondent à une réalité économique. J'entends beaucoup d'hommes autour de moi qui disent : je préfère que mon épouse s'entraîne dans une salle où il n'y a que des femmes, argumente-t-il. Une femme qui vient d'avoir un enfant et veut perdre un peu de poids préfère l'intimité. Les gens préfèrent payer cher et être tranquilles."
Au Raincy, ville la plus riche du département, la nouvelle "beurgeoisie" ne rechigne pas à payer 600 euros par an l'abonnement à un club de gym qui ne soit pas,"comme beaucoup d'autres, un club de drague".
HUISSIERS ENVOYÉS PAR LE MAIRE
"Bien sûr qu'il y a un marché", renchérit Me Raphaël Chiche, l'avocat du couple."La laïcité à la française n'a pas davantage anticipé le développement du hallal que des salles de sport, qui sont des activités privées comme les restaurants. Un club comme Orty Gym ne me paraît quand même pas inconciliable avec les valeurs de la République ! La vérité de ce combat d'arrière-garde, assure-t-il, c'est que M. Raoult ne veut pas froisser son électorat juif et qu'il souhaite garder l'image de "Neuilly du 9-3" de sa ville avant les municipales."
Patrouilles de policiers, huissiers envoyés par le maire en prévision d'une action en justice... Pendant que des femmes en short et brassières apprennent à dansercomme Beyoncé autour d'une des chorégraphes de Mia Frye, au Raincy, le bras de fer administratif et judiciaire se poursuit.