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Les Ksour et les Kasbahs amorcent leur renaissance
Les Ksour et les Kasbahs luttent contre les effets du temps et de la dégradation. Habitats traditionnels et millénaires ces bâtisses en terre et en pierres font partie de l’identité culturelle des régions présaharienne du Maroc. Construits en matériaux locaux selon des règles architecturales qui reflètent le savoir-faire ancestral des artisans locaux, les 4.000 Ksour et 800 Kasbahs des Oasis du Maroc ont depuis toujours été un symbole de l’originalité de l’architecture marocaine et de son évolution à travers les siècles.
Malheureusement, la situation de l’habitat en terre en général est devenue préoccupante sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs. À commencer par l’urbanisation moderne et agressive, qui contribue à leur délaissement et délabrement. Selon les chiffres disponibles, près des trois quarts de ces habitats sont dans une situation de dégradation avancée et laissés à l’abandon. Aujourd’hui, ce patrimoine inestimable va connaître une nouvelle vie à travers le programme baptisé : «Valorisation durable des Ksour et Kasbahs du Maroc».
Le programme s’inscrit également dans le cadre des engagements pris par le Maroc en matière de réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Pour que ce programme de valorisation ait un caractère durable, celui-ci intègre une nouvelle approche alliant réhabilitation du bâti, renforcement des capacités et amélioration des conditions socio-économiques des populations.
En ce qui est des enjeux, figurent la préservation du patrimoine matériel et immatériel du Royaume et la lutte contre toutes les formes de pauvreté et de vulnérabilité. Ces actions sont donc primordiales et essentielles afin d’offrir aux habitants un cadre de vie sain et de lancer la renaissance de ces Ksour et Kasbahs.
Un programme modèle
Le programme de valorisation durable des Ksour et Kasbahs se présente également comme un modèle d’engagement conjoint du gouvernement avec le système des Nations unies au Maroc. Déjà 134 MDH ont déjà été mobilisés par le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville et le PNUD sur la période 2015-2020 pour la valorisation durable de 16 Ksour pilotes dont 9 en milieu rural et 7 en milieu urbain, pour plus de 21.400 bénéficiaires.
Des perspectives, mais surtout des problèmes à traiter
Ces réhabilitations offrent à ces sites de nouvelles perspectives. Mais avant, il va falloir traiter une panoplie de problèmes liés notamment à leur fragilité et dépendance à l’économie locale et leur faible valeur ajoutée ; leur faible attractivité due à l’absence d’équipements ou encore la vulnérabilité des ménages qui y vivent et leur dépendance aux transferts solidaires. Sur le plan sociodémographique, l’on note un vieillissement de la population dû à un exode massif des jeunes et bien d’autres problématiques dont la clarification des titres de propriété et autres écueils liés au foncier.
Cahier de charges des travaux
Le ciblage des sites pilotes à valoriser a été fait en concertation avec tous les acteurs, y compris la société civile et les élus locaux. À cette date, le programme a mené des travaux de réhabilitation au niveau de 16 sites pilotes, à savoir 13 Ksour dans la Région Drâa-Tafilalet, 2 Ksour dans la Région de l’Oriental, et 1 Ksar dans la Région Souss-Massa.
Les opérations de réhabilitation et de restauration visent en premier lieu les logements occupés et ceux présentant des dangers pour les habitants et les passagers. Ils consistent en la réfection et le traitement des murs, des planchers, des façades, des passages couverts, d’un revêtement des ruelles et des placettes et le renouvellement et la réfection des enduits et des menuiseries.
Ces travaux concernent également des équipements publics tels que des mosquées, des mausolées et des synagogues, ainsi que des murailles et des tours. Le programme a aussi investi dans l’assainissement et le drainage des eaux pluviales.
Au-delà des travaux de restaurations et des réhabilitations, le principe fondateur de ce programme est de favoriser un mode de développement durable. Pour un impact socio-économique positif sur la population, les actions des différentes parties prenantes visent à remédier aux problèmes interdépendants de la pauvreté, de l’inégalité et de l’exclusion. Ainsi, 28 projets d’activités génératrices de revenus et de renforcement de capacités d’un montant global de 6,28 MDH ont été réalisés.