"pourquoi il faut autoriser les signes religieux à l’école"

Jiimmy

Vergissmeinnicht
@Mkawed

Si tu me le permets, je vais tenter de schématiser ta pensée en la découpant selon 5 thèmes :

L'école porte un rôle éducatif qui lui est essentiel

Originellement l'école n'a pas été fondée pour éduquer mais uniquement pour transmettre des savoirs. Que tu aies la vision d'une école ayant évolué et se devant de jouer un rôle éducatif en substitut ou en complément, peu importe, des parents, soit. Tel n'est pas ma conception et telle n'est pas celle de beaucoup de gens qui préfèrent que celle-ci se restreigne à son rôle initial.

Cependant, cette vision que tu portes trouve sa force dans l'idée d'un état "centralisateur des consciences". En l'occurrence les états ne sont viables que s'ils disposent du monopole de la violence légitime et du consentement qui va avec. Comment est produit ce consentement ? Par le biais d'appareils idéologiques dont l'école constitue le principal. Ceci permettant de légitimer le pouvoir.

Là est donc toute l'importance que revêt l'école pour les gouvernants qui l'utilisent comme vecteur de conversion à la religion de la vertu civique parfaite. L'enfant est donc conditionné dès le plus jeune âge à aimer le pouvoir tel qu'il s'exerce, à le croire fondé en intégrant des schèmes de pensées qui seront distillés en conséquence.

Le débat sur l'introduction de nouvelles matières et l'approfondissement de la laicité, de la morale laique, la théorie du genre sont autant d'exemples qui nous démontrent la tentative d'intrusion dans les consciences afin de formater les citoyens selon un modèle unique à partir de structures de pensées définies en haut lieu.

C'est en cela que je considère que l'école a usurpé son rôle originel auquel elle se devrait de revenir et qui est la transmission de savoirs. Les résultats catastrophiques des élèves Français devraient alerter sur l'importance de ce rôle qui semble, désormais, bien secondaire.


Le voile est soumission et ne sert à rien car la foi transcende l'accoutrement

Je ne pense pas qu'il nous incombe de déterminer le sens que donneraient les femmes au voile dont elles se parent. Ce n'est ni à toi, ni à moi ni à quiconque de clamer l'inutilité avérée de ce que nous n'utilisons pas. N'existe pas que ce que nous percevons, en l'occurrence un acte n'est pas significatif qu'à compter du moment où nous le percevons tel quel.

Ainsi ces femmes qui décident de porter le voile le font en leur âme et conscience et voient, elles (et c'est bien là le principal), l'utilité à ce geste.

Elles ne sont pas plus soumises dans leur décision que ne le sens celles qui décident de porter la jupe. La seule soumission dont elles font preuve c'est celle qu'elles s'obligent à avoir envers leur seigneur. En cela certainement diffèrent-elles de tout un tas de femmes qui sont vestimentairement soumises à leurs patrons en se devant de porter des tenues (non voilées) adaptées à un certain environnement de travail (tailleur, jupe etc...) ou aux exigences de leurs maris qui leur imposeraient, insidieusement ou non, de célébrer dans leur accoutrement la féminité telle que conçue par ceux-ci.

La femme libérée, la femme émancipée est, elle, soumise à l'homme dans son hexis corporelle. Ainsi que le démontrait Bourdieu ("anamnèse des constances cachées"). Elle existe pour et par le regard masculin. Les critères de beauté dont elle s'impose le suivi sont déterminés par l'homme. La féminité est une « forme de complaisance à l’égard des attentes masculines, réelles ou supposées ». Les femmes sont entraînées dans un « rapport de dépendance à l’égard des autres qui tend à devenir constitutif de leur être ».
Elles tendent ainsi à respecter des schémas masculins qui la font devenir femme-objet.

C'est tout l'intérêt du voile qui protège de cette dépravation des esprits et qui fait de la femme qui le porte un être à part entière. Une femme vue, analysée pour ce qu'elle est réellement et non une femme perçue uniquement à travers ses formes et la beauté de son visage. Il suffit de mettre côte à côte une femme voilée et une femme en mini-jupe pour constater laquelle sera réellement la plus visible et laquelle collectera des commentaires qui sembleront traiter d'un animal plutôt que d'un humain.



La France est le phare des libertés et de la vertu plus généralement.

C'est un discours qu'on entend souvent et qui légitime certaines caricatures que l'on peut se faire sur les Français. Cet ethnocentrisme exprimé par la sensation de disposer du plus beau pays (de la plus belle avenue), des plus beaux paysages, des meilleures valeurs, être à l'origine de tout ce qui existe en terme de vertu me parait être totalement inadéquat.

Je considère cela comme un repli sur soi, une défaite de l'esprit qui n'essaye pas d'analyser les contextes actuels pour tenter de trouver des valeurs, des solutions permettant de réconcilier les gens mais préférant se conforter dans des certitudes sur des supposées acquis universels qui ne sont plus qu'illusions en réalité.



La religion est oppression du fait de l'utilisation qui en est faite


Que ce soit la religion ou toute autre idéologie existante, il est possible de répandre le mal au nom de tout. Cela ne rend pour autant en rien l'idéologie responsable en elle-même sauf si celle-ci appelle ouvertement au mal sans qu'aucune réfutation de cela puisse en être fait.

L'on peut tuer au nom d'une revendication religieuse, au nom d'une revendication territoriale, au nom d'une revendication ethnique, au nom d'une revendication linguistique, au nom d'une aspiration démocratique (révolution Française), au nom d'une revendication athée (belliqueuse envers le religieux) etc....

A partir de là tout débat devient inutile. La religion n'étant pas responsable et seule son interprétation pouvant être mise en cause, le réel problème consiste donc plutôt en la façon dont l'on pourrait réconcilier le sens réel du texte et le sens tiré par les acteurs.

La religion est sacré pour les gens, que ceux-ci adoptent des attitudes agressives lorsque celle-ci est insultée n'est en rien étonnant. Il en est de même à chaque fois que le sacré est attaqué chez quelqu'un (que ce soit une religion, une Maman, un enfant ou autre).



L'éducation, le blasphème et la laicité sont les outils de lutte contre l'obscurantisme et favorisant le vivre-ensemble

Ce qui semble revendiqué c'est une France uniforme, une France où chacun se ressemblerait sur certains points bien précis et se rassemblerait autour de certaines valeurs bien précises. Là où certains n'aspirent qu'à vivre leur vie, leur foi sans que l'on ne vienne empiéter sur leur liberté constitutionnellement consacrée, d'autres ont pour volonté de se constituer en modèle à ériger pour que le peuple se calque dessus.

Ces gens prennent leurs propres références, leur vision du monde et des rapports sociétaux et entendent l'étendre à tous ceux qui vivent en parallèle d'eux.
Ils formulent des interprétations, qui sont propres à eux, sur de grandes idées telles que la liberté, la laicité, la tolérance etc.... et exigent que chacun produisent les mêmes.

Je ne pense pas que ce soit une idée pérenne. Les gens ne peuvent accepter que d'autres personnes, comme elles, leur imposent des schèmes de pensées qui ne sont pas les leurs. Quelles que soient votre intention, aussi parées soient-elles de bonté, il vous est impossible de les rendre effectives.
 

Jiimmy

Vergissmeinnicht
@VeraBien


Le débat faisant rage chez une infime minorité de Musulmans, concernant l'obligation du voile, ne concerne en rien le législateur. D'autant plus qu'à partir du moment où une personne s'en couvre, c'est qu'elle porte la conviction que celui-ci
est un acte obligatoire.

Effectivement il est crucial, pour les gens ayant la vision que j'aie, de lutter pour l'abrogation de cette loi injuste et, similairement, d'inscrire leurs enfants dans des établissements où chacun sera apte à vivre son identité sans contraintes puisque l'école publique Française ne le permet pas.

En fait, je pense que le problème n'est pas tant le fait que l'on interdise les signes religieux à l'école car après tout chaque pays devrait être libre d'édicter les normes qu'il estime justes. Le problème est plutôt, à mon sens, constitué par la justification hypocrite qui est émise pour tenter de légitimer ces lois coercitives.

En l'occurrence, si le législateur s'était contenté de déclarer que nous sommes dans un pays majoritairement catholique (dans la théorie mais athée dans la pratique) et qu'il ne voulait pas d'un Islam visible (car cette loi est, bien entendu, mue par une volonté d'éradication de l'expression visuelle de ce qui a trait à l'Islam), alors peut-être cela aurait-il été plus acceptable que cette excuse de laicité (dévoyée), qui n'a cours qu'en France, mise en avant pour tenter de cacher les vraies raisons qui sont un combat idéologique contre la religion Musulmane.

Enfin, pour ce qui est l'auto-exclusion que pratiqueraient les personnes désireuses de vivre leur foi telle qu'elles l'entendent. Je pense qu'en réalité ce qu'il se passe c'est que des gens pratiquent l'exclusion de ce qui est autre et légitiment leur attitude répulsive en rejetant la responsabilité sur l'autre du seul fait qu'il est différent. Ainsi la prétendue auto-exclusion n'aurait rien "d'auto" mais serait construite pour nier ses propres fautes ou plutôt pour ne pas assumer la piètre tolérance dont on fait preuve.

"Présente toi à moi tel que je l'entends, adopte les traits qui me caractérisent, copie mes faits et gestes, calque tes visions sur celles qui sont miennes, adopte les tenues que je trouve adéquates, dépouille toi des traits qui sont caractéristiques de ton être et si tu te refuses à cela, alors tu seras responsables de l'anathème que je prononcerai à ton encontre".
 
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