Emeutes, abaya… L’actualité se focalise sur les échecs de l’intégration. Mais dans le passionnant Les Intégrés, le sociologue Arnaud Lacheret, professeur associé à la Skema Business School et spécialiste de la culture arabo-musulmane, a choisi de s’intéresser aux réussites. Il a mené des dizaines d’entretiens avec des Français d’origine nord-africaine diplômés, qui ont réussi professionnellement et connu une trajectoire ascendante par rapport à leurs parents. Les données de l’enquête "Trajectoires et origines" de l’Ined confirment le ton globalement optimiste de l’ouvrage. En 2010, les enfants de parents d’origine algérienne étaient à 20 % titulaires d’un diplôme d’enseignement supérieur. Pour ceux originaires du Maroc ou de Tunisie, cela monte à 31%, soit juste trois points de moins que la population majoritaire française (l’Ined définit cette population comme les Français métropolitains non immigrés et non enfants d’immigrés ou de ressortissants d’outre-mer). "Le saut générationnel est spectaculaire avec un quasi-rattrapage en une seule génération pour les descendants d’immigrés marocains et tunisiens", souligne Arnaud Lacheret.
Surtout, en termes de catégories socio-professionnelles, l'évolution des enfants de parents marocains et tunisiens se compare à celle des enfants d’Italiens ou d’Espagnols. Celle des descendants de l’immigration algérienne, moins diplômée au départ, est similaire à celle des descendants de Portugais. "Sur une génération, la progression est la même entre populations européennes ou extra-européennes".
Les Intégrés pourfend nombre d’idées reçues et fourmille de pistes de réflexion pour les politiques. L’essai montre par exemple que ces enfants d’immigrés font souvent des choix d’orientation rationnels, privilégiant des études de commerce qui permettent de gagner de l’argent rapidement et d’obtenir un poste à responsabilité. "C’est très cruel pour les politiques de discrimination positive pratiquées en France. On favorise l’accès à Science Po, mais le but de ces jeunes n’est pas d’être fonctionnaire. Ils veulent réussir dans le privé", confie Arnaud Lacheret. Les personnes interrogées confirment aussi une prédilection pour les études scientifiques ou techniques, bien plus mises en valeur dans la culture nord-africaine (les élèves marocains sont par exemple très nombreux à Polytechnique) et qui, en outre, ont l’avantage d’échapper partiellement aux discriminations et au favoritisme.
Surtout, en termes de catégories socio-professionnelles, l'évolution des enfants de parents marocains et tunisiens se compare à celle des enfants d’Italiens ou d’Espagnols. Celle des descendants de l’immigration algérienne, moins diplômée au départ, est similaire à celle des descendants de Portugais. "Sur une génération, la progression est la même entre populations européennes ou extra-européennes".
Les Intégrés pourfend nombre d’idées reçues et fourmille de pistes de réflexion pour les politiques. L’essai montre par exemple que ces enfants d’immigrés font souvent des choix d’orientation rationnels, privilégiant des études de commerce qui permettent de gagner de l’argent rapidement et d’obtenir un poste à responsabilité. "C’est très cruel pour les politiques de discrimination positive pratiquées en France. On favorise l’accès à Science Po, mais le but de ces jeunes n’est pas d’être fonctionnaire. Ils veulent réussir dans le privé", confie Arnaud Lacheret. Les personnes interrogées confirment aussi une prédilection pour les études scientifiques ou techniques, bien plus mises en valeur dans la culture nord-africaine (les élèves marocains sont par exemple très nombreux à Polytechnique) et qui, en outre, ont l’avantage d’échapper partiellement aux discriminations et au favoritisme.