Bonjour
Plusieurs d'entre nous avons eu l'expérience de savoir ce que nous devions faire, notre devoir, mais d'avoir néanmoins la volonté paralysée ou trop faible. Comment ce paradoxe est-il possible si, suppose-t-on, la volonté incline vers le plus grand bien que lui présente la raison (comme le croyait Socrate)?
Spinoza, dans son Court Traité, aborde ce problème :
"""
(1) Cherchons maintenant d’où peut venir que, voyant qu'une chose est bonne ou mauvaise, tantôt nous trouvons en nous la puissance de faire le bien et d'éviter le mal, tantôt nous ne la trouvons pas.
(2) C'est ce que nous pouvons facilement comprendre, en remarquant les causes que nous avons données de l'opinion, qui est elle-même, nous l'avons vu, la cause de toutes les passions. Nous avons dit qu'elle naissait soit par ouï-dire, soit par expérience. Or, comme il arrive que ce que nous éprouvons en nous a une plus grande puissance sur nous que ce qui nous arrive du dehors, il s'ensuit que la raison peut bien être cause de la destruction de ces opinions que nous tenons du seul ouï-dire, parce que la raison n'est pas comme celles-ci venue du dehors ; mais il n'en est pas de même de celles que nous devons à notre expérience.
(3) En effet le pouvoir que nous tenons de la chose elle-même est toujours plus grand que celle que nous acquérons par l'intermédiaire d’une autre chose, comme nous l'avons montré plus haut, en distinguant le raisonnement et la claire intelligence, d'après l'exemple de la règle de trois, car il y a plus de puissance à comprendre la proportionnalité en elle-même qu'à comprendre la règle des proportions. Et c'est pourquoi nous avons souvent dit qu'un amour est détruit par un autre qui est plus grand ; mais nous n'entendons pas par là le désir, qui ne vient pas, comme l'amour, de la vraie connaissance, mais du raisonnement.
"""
Spinoza veut dire que nos raisonnements abstraits peuvent bien nous faire connaître ce qui est bien et mal, et cela est suffisant pour rejeter des opinions fausses venues de l'extérieur. Mais les raisonnements abstraits, psychologiquement, n'ont pas autant de force sur notre volonté que des choses perçues par nos sens et imaginées vivement, qui ont pour effet de nous captiver, tant qu'on n'aura pas perçu autre chose de plus grand, de plus attirant, ou bien qu'on n'aura pas perçu du mauvais dans la chose qui nous captivait!
Êtes-vous d'accord? Est-ce pour cela qu'on ne fait pas toujours le bien connu? Y a-t-il une déconnexion dans le cerveau entre le fruit de notre raisonnement et les vives impressions que laissent nos expériences?
Plusieurs d'entre nous avons eu l'expérience de savoir ce que nous devions faire, notre devoir, mais d'avoir néanmoins la volonté paralysée ou trop faible. Comment ce paradoxe est-il possible si, suppose-t-on, la volonté incline vers le plus grand bien que lui présente la raison (comme le croyait Socrate)?
Spinoza, dans son Court Traité, aborde ce problème :
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(1) Cherchons maintenant d’où peut venir que, voyant qu'une chose est bonne ou mauvaise, tantôt nous trouvons en nous la puissance de faire le bien et d'éviter le mal, tantôt nous ne la trouvons pas.
(2) C'est ce que nous pouvons facilement comprendre, en remarquant les causes que nous avons données de l'opinion, qui est elle-même, nous l'avons vu, la cause de toutes les passions. Nous avons dit qu'elle naissait soit par ouï-dire, soit par expérience. Or, comme il arrive que ce que nous éprouvons en nous a une plus grande puissance sur nous que ce qui nous arrive du dehors, il s'ensuit que la raison peut bien être cause de la destruction de ces opinions que nous tenons du seul ouï-dire, parce que la raison n'est pas comme celles-ci venue du dehors ; mais il n'en est pas de même de celles que nous devons à notre expérience.
(3) En effet le pouvoir que nous tenons de la chose elle-même est toujours plus grand que celle que nous acquérons par l'intermédiaire d’une autre chose, comme nous l'avons montré plus haut, en distinguant le raisonnement et la claire intelligence, d'après l'exemple de la règle de trois, car il y a plus de puissance à comprendre la proportionnalité en elle-même qu'à comprendre la règle des proportions. Et c'est pourquoi nous avons souvent dit qu'un amour est détruit par un autre qui est plus grand ; mais nous n'entendons pas par là le désir, qui ne vient pas, comme l'amour, de la vraie connaissance, mais du raisonnement.
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Spinoza veut dire que nos raisonnements abstraits peuvent bien nous faire connaître ce qui est bien et mal, et cela est suffisant pour rejeter des opinions fausses venues de l'extérieur. Mais les raisonnements abstraits, psychologiquement, n'ont pas autant de force sur notre volonté que des choses perçues par nos sens et imaginées vivement, qui ont pour effet de nous captiver, tant qu'on n'aura pas perçu autre chose de plus grand, de plus attirant, ou bien qu'on n'aura pas perçu du mauvais dans la chose qui nous captivait!
Êtes-vous d'accord? Est-ce pour cela qu'on ne fait pas toujours le bien connu? Y a-t-il une déconnexion dans le cerveau entre le fruit de notre raisonnement et les vives impressions que laissent nos expériences?