Poutine promet d'aider l'Abkhazie à renforcer sa défense

SOUKHOUMI, Géorgie - Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a effectué une visite surprise dans la région sécessionniste géorgienne d'Abkhazie et il lui a promis un demi milliard de dollars pour renforcer sa défense.

Pour autant, la Russie n'a pas l'intention d'augmenter ses effectifs en Abkhazie et en Ossétie du Sud, autre région sécessionniste géorgienne, a déclaré le ministre russe de la Défense, Anatoly Serdioukov.

La Russie dispose de 3.636 soldats en Abkhazie, "un peu moins" en Ossétie du Sud, a-t-il dit. "Pourquoi (en déployer) davantage? C'est suffisant", a-t-il dit en réponse à une question de journalistes.

La Russie a mené en août 2008 une guerre de cinq jours contre la Géorgie, qui avait lancé une offensive pour tenter de reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud. Les forces géorgiennes ont été battues et Moscou a ensuite reconnu l'indépendance des deux régions.

"Avec les autorités actuelles en Géorgie, on ne peut rien exclure", a confié Poutine à des journalistes abkhazes qui lui demandaient s'il était prêt à une nouvelle guerre.

"Nous ferons tous les efforts nécessaires, avec les autorités abkhazes, pour construire une défense moderne aux frontières (...) C'est une garantie supplémentaire et sérieuse pour la défense de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud."

Poutine, arrivé en hélicoptère à Soukhoumi, chef-lieu de l'Abkhazie, a annoncé que la Russie dépenserait entre 15 et 16 milliards de roubles (500 millions de dollars) pour renforcer les défenses de l'Abkhazie en protégeant ses frontières et en équipant les bases militaires russes.

En outre, deux milliards et demi de roubles seront versés au budget abkhaze afin d'aider les finances de la région séparatiste, a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs appelé les hommes d'affaires russes à investir en Abkhazie.

"Ceux qui attendent aujourd'hui, je veux dire, non pas les investisseurs russes, mais les ressortissants d'autres pays, viendront plus tard, mais achèteront à des prix plus élevés", a pronostiqué Poutine lors d'un point de presse.

EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE

Seuls la Russie et le Nicaragua ont reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

A Tbilissi, le ministère géorgien des Affaires étrangères a dénoncé la visite de Poutine "en territoire occupé d'un pays souverain" qu'il a qualifiée de "provocation" et de "nouvelle tentative de déstabilisation et d'escalade des tensions dans la région du Caucase".

La visite de Poutine, en vacances à Sotchi, sur la mer Noire, souligne la volonté de la Russie de renforcer son emprise sur les régions rebelles dont les populations sont ethniquement distinctes de celles du reste de la Géorgie.

L'Union européenne a critiqué le mois dernier une visite du président russe Dmitri Medvedev en Ossétie du Sud et a dit soutenir l'intégrité territoriale de la Géorgie. Les Etats-Unis ont réclamé le respect de la souveraineté géorgienne.

Des affiches proclamant "Russie et Abkhazie: ensemble pour la prospérité" étaient placardées dans les rues de Soukhoumi.

"Poutine est notre ange gardien", ont scandé un groupe de mères d'Abkhazes tués au combat pendant la guerre de 1992-1993 contre la Géorgie, tandis que le Premier ministre russe déposait une gerbe devant un cénotaphe à la mémoire des morts de la guerre.

Poutine s'est ensuite rendu dans une nouvelle maternité de Soukhoumi où des jumeaux étaient nés une demi heure avant son arrivée. La directrice, Liana Achba, a annoncé qu'ils seraient prénommés Vladimir et Dmitri, en l'honneur de Poutine et de Medvedev.

"C'est au parents de décider" à observé Poutine auquel on venait de présenter les nourrissons.

"Depuis la reconnaissance de notre indépendance par la Russie (...) les femmes veulent à nouveau faire des enfants", a confié une jeune mère à Poutine.

"Il y a une véritable explosion démographique en ce moment", a confirmé Rita Trapsh, directrice du service de gynécologie.

lexpress.fr
 
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