Procès de Cédric Jubillar : « Delphine a d’abord été séduite par son côté bad boy »

L’enquête de personnalité de Delphine Jubillar a confirmé ce matin un caractère opposé à celui de son mari. Sans nier toutefois, à l’origine, une vraie complicité amoureuse. Le sort de leurs deux enfants a également été évoqué par la sœur de la disparue.​


Au deuxième jour de son procès, alors qu’une première expertise psychologique lui avait la veille arrangé le portrait à grands traits de mauvais caractère - « arrogant, menteur et colérique » - Cédric Jubillar aura dû ce matin supporter l’éloquente enquête de personnalité de l’épouse dont il serait devenu le meurtrier. Le regard fixe, toujours impassible, s’il n’était ce perpétuel mouvement agitant nerveusement ses jambes. Et d’y voir alors le miroir déformant de son propre égocentrisme, quand l’expert convoqué à la barre n’a pas tari d’éloges à l’égard d’une jeune femme aussi sensible que réservée, investie dans ses vies professionnelle et familiale. Une trentaine de témoignages recueillis auprès de proches ou de collègues, tous racontant à l’unanimité (1) la double personnalité contrainte de Delphine. « Dès que Cédric arrivait, elle s’éteignait… C’était on / off », insiste une amie.

Des raviolis, c’était la fête​

En rembobinant le fil d’une vie dont la justice a laconiquement rappelé hier qu’elle s’était officiellement arrêtée voilà bientôt cinq ans, l’enquêteur de personnalité pourtant n’a pas manqué de rappeler ce qui d’abord les fit tomber amoureux. À l’aube de leurs 18 ans, malgré deux caractères déjà contraires, une rencontre à la croisée des chemins affectifs et de leurs carences réciproques. « Une revanche même », insiste Valentin Belbeze en racontant l’enfance quasi miséreuse de Delphine - « à la Zola, un peu comme l’accusé » selon le procureur - qui perdra successivement père et mère. « Une boîte de raviolis à l’ombre de leur petite HLM de Gaillac, et c’était la fête à la maison. Ses frères et sœur m’ont dit qu’ils se sont serré les coudes en se jurant de ne plus jamais revivre ça. Je pense que cette précarité l’a façonnée. »

« On a tous espéré que son histoire avec ce type sanguin serait courte. »

Une fratrie qui d’ailleurs n’accueillera pas Cédric Jubillar à bras ouverts. « C’est son côté bad boy qui sans doute a séduit notre sœur. Nous, on a tous espéré que son histoire avec ce type brut de décoffrage et sanguin serait une courte. » Peine perdue, ceux-là se raccrocheront alors à l’idée qu’il pourrait évoluer, mûrir. « Mais l’amour rend aveugle, même chez Delphine qui pourtant ne fermait pas les yeux », souffle Chloé, une amie d’enfance. Viendra le temps du concubinage, du mariage en 2013, l’année suivante de la maison et bientôt des enfants. Enfin celui du détachement et des tensions, notamment générées par la situation financière autant que par l’état du domicile conjugal rendu à l’état de taudis. « On m’a raconté la honte et le désarroi que Delphine ressentait face à cette situation. Sauf que la dernière année celle-ci a semblé prendre le dessus, les rôles se sont presque inversés. Elle ne lâchait rien. »

L’amant​

Chambres et vies à part. Le surgissement concomitant d’un autre homme n’y est sans doute pas étranger. Rencontré par le biais d’un site de rencontres extraconjugales à l’été 2020, le départ de Delphine est alors acté. Et l’amant de filer à son tour la métaphore lumineuse auprès de l’enquêteur de personnalité : « J’ai trouvé l’interrupteur, d’éteinte Delphine est devenue solaire. »

(1) À l’exception de la directrice de la crèche où était inscrit le second enfant du couple : « On ne peut pas dire que c’était une maman irréprochable. »
 
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