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"Que Jambon aille faire d'abord le ménage en Flandre"MATHIEU LADEVÈZE Publié le lundi 16 novembre 2015 à 09h19
"Que Jambon aille faire d'abord le ménage en Flandre"
INTERVIEW > MATHIEU LADEVÈZE Publié le lundi 16 novembre 2015 à 09h19 - Mis à jour le lundi 16 novembre 2015 à 09h20
Pour le député bruxellois Fouad Ahidar (SP.A), les vrais racines de l'extrémisme et du radicalisme belge sont à chercher au Nord du pays
Le député bruxellois Fouad Ahidar connaît la communauté musulmane de Bruxelles comme sa poche. Musulman pratiquant, il fréquente les mosquées de la commune de Molenbeek-Saint-Jean depuis des lustres et il connaît parfaitement la population du centre historique. S'il ne nie pas les problèmes molenbeekois, il dénonce l'attentisme du fédéral en matière de lutte contre la radicalisation des jeunes issus de la communauté maghrébine. Et répond vertement à la sortie de Jan Jambon hier à la télévision flamande.
Comment la communauté musulmane de Bruxelles vit-elle les attentats survenus vendredi à Paris ?
"A 99,9%, elle est sous le choc. A 99,9%, elle condamne avec la plus grande virulence ce qui s'est passée !"
Jan Jambon semble penser le contraire, lui qui veut 'nettoyer' Molenbeek...
"J'ai été choqué par ce qu'il a dit. C'est facile à dire aujourd'hui. Mais avant tout, il faut se demander ce qu'a fait la Sûreté de l'Etat sur cette commune et sur Bruxelles pour lutter contre ce phénomène. Cela fait des années que nous demandons un soutien du fédéral. Jambon, il va nettoyer quoi, il va nettoyer qui ? Oui il y a des problèmes à Molenbeek ! Mais de là à dire que le le plus grand vivier de djihadistes de Belgique, je ris. En fait, j'ai vraiment l'impression qu'il cherche à stigmatiser Bruxelles et Molenbeek pour se dédouaner de ce qui se passe en Flandre."
Quel rapport avec la Flandre ?
"Tous les groupuscules radicaux viennent d'abord du nord du pays, tous sont nés en Flandre : Vilvoorde, Anvers, Gand, Tessenderlo, Malines... Qu'il démarre son travail en Flandre, c'est de là que viennent les premiers extrémistes : Sharia, Belliraj et bien d'autres encore. Avant, on n'en avait pas à Molenbeek. On avait des voyous, des arracheurs de sacs, de la drogue, etc. Mais pas d'extrémistes."
Mais aujourd'hui ils sont à Molenbeek. Vous n'avez rien vu venir ?
"Pas seulement. Mais c'est vrai qu'on a laissé cette situation s'installer, qu'il y a eu un certain laisser-aller. Le centre historique est très dense, composé de nombreuses personnes avec peu de ressources donc plus facilement influençables : des cibles plus faciles à atteindre. De même, il est très facile de se fondre dans la masse sans se faire repérer. Il est évident qu'un imam intégriste ne va pas s'installer à Woluwe-Saint-Pierre ou à Uccle."
Quelles pistes suggérez-vous ?
"On a surtout raté une chose : l'installation d'imams professionnels, modernes qui connaissent aussi bien la religion que les réseaux sociaux et la réalité de la commune dans laquelle ils prêchent. Des imams en lien avec la police, la sûreté de l'Etat aussi. Qu'on leur montre la dernière vidéo d'appel au djihad ou toute autre atrocité. Qu'ils puissent la décortiquer, en parler le vendredi lors des prêches et des débats, alerter les parents, qu'ils fassent passer le message à leurs enfants ! En fait, la vraie question c'est : pourquoi des jeunes qui sont nés ici, qui ont grandis ici sont partis faire la guerre dans un pays qu'ils ne connaissent pas. Pourquoi ces jeunes viennent aujourd'hui attaquer la France et demain peut-être la Belgique... Des pays dans lesquels ils ont vécu depuis leur naissance. C'est ça la vraie question. Pas se demander s'il faut ou pas nettoyer Molenbeek."
Vous avez également proposer un numéro vert ?
"Oui, il y a plus d'un an déjà, nous avions demandé la mise en place d'une ligne verte antiradicalisme. Personne ne nous a écoutés."
A quoi servirait ce numéro ?
"Tout simplement : un numéro de téléphone gratuit où quiconque pourrait alerter d'un phénomène de radicalisme religieux, parler à une personne de confiance. Un jeune qui annonce qu'il va partir en Syrie, une personne qui prêche des discours haineux auprès des jeunes, etc. Cette ligne pourrait servir aux familles, aux proches inquiets de voir un proche se radicaliser. Aux imams également qui pourraient expliquer qu'à tel endroit, tel moment, des jeunes se réunissent, se radicalisent. Regardez Jean-Denis Le Soumis. Pendant plusieurs années, on l'a laissé prêcher n'importe où, n'importe comment. Sans que personne ne s'en offusque. Comment est-ce possible ?"
Pourtant, la commune de Molenbeek forme les policiers, professeurs, éducateurs, etc. afin de repérer ces phénomènes de radicalisation. Ca ne fonctionne pas ?
"Je ne sais pas si ça fonctionne. Je suis ni policier ni éducateur mais je suis sûr que je peux être mieux informé. Vous croyez qu'un jeune qui veut faire le djihad va se confier à un agent de quartier, que le frère ou la soeur de ce jeune ira en parler au professeur ? Non. Ca ne marche pas comme ça. Le ou la plus apte à découvrir le vrai visage d'une personne, c'est justement le frère, la soeur, le meilleur ami. Mais aujourd'hui, ils/elles ne savent pas vers qui se tourner. Un simple exemple : il y a quelque temps, un jeune racontait partout qu'il voulait aller faire le djihad. Il est allé à Décathlon acheter du matériel, fanfaronnait, etc. Puis il a changé d'avis. Mais comme il ne voulait pas passer pour un pleutre, il s'est arrangé pour se faire arrêter par la police... Avec ce numéro d'appel gratuit, on aurait directement pu alerter les autorités. Aujourd'hui, il est plus facile de mettre sur pied une ligne verte pour dénoncer la violence envers les animaux que pour prévenir de la radicalisation des jeunes."
"Que Jambon aille faire d'abord le ménage en Flandre"MATHIEU LADEVÈZE Publié le lundi 16 novembre 2015 à 09h19
"Que Jambon aille faire d'abord le ménage en Flandre"
INTERVIEW > MATHIEU LADEVÈZE Publié le lundi 16 novembre 2015 à 09h19 - Mis à jour le lundi 16 novembre 2015 à 09h20
Pour le député bruxellois Fouad Ahidar (SP.A), les vrais racines de l'extrémisme et du radicalisme belge sont à chercher au Nord du pays
Le député bruxellois Fouad Ahidar connaît la communauté musulmane de Bruxelles comme sa poche. Musulman pratiquant, il fréquente les mosquées de la commune de Molenbeek-Saint-Jean depuis des lustres et il connaît parfaitement la population du centre historique. S'il ne nie pas les problèmes molenbeekois, il dénonce l'attentisme du fédéral en matière de lutte contre la radicalisation des jeunes issus de la communauté maghrébine. Et répond vertement à la sortie de Jan Jambon hier à la télévision flamande.
Comment la communauté musulmane de Bruxelles vit-elle les attentats survenus vendredi à Paris ?
"A 99,9%, elle est sous le choc. A 99,9%, elle condamne avec la plus grande virulence ce qui s'est passée !"
Jan Jambon semble penser le contraire, lui qui veut 'nettoyer' Molenbeek...
"J'ai été choqué par ce qu'il a dit. C'est facile à dire aujourd'hui. Mais avant tout, il faut se demander ce qu'a fait la Sûreté de l'Etat sur cette commune et sur Bruxelles pour lutter contre ce phénomène. Cela fait des années que nous demandons un soutien du fédéral. Jambon, il va nettoyer quoi, il va nettoyer qui ? Oui il y a des problèmes à Molenbeek ! Mais de là à dire que le le plus grand vivier de djihadistes de Belgique, je ris. En fait, j'ai vraiment l'impression qu'il cherche à stigmatiser Bruxelles et Molenbeek pour se dédouaner de ce qui se passe en Flandre."
Quel rapport avec la Flandre ?
"Tous les groupuscules radicaux viennent d'abord du nord du pays, tous sont nés en Flandre : Vilvoorde, Anvers, Gand, Tessenderlo, Malines... Qu'il démarre son travail en Flandre, c'est de là que viennent les premiers extrémistes : Sharia, Belliraj et bien d'autres encore. Avant, on n'en avait pas à Molenbeek. On avait des voyous, des arracheurs de sacs, de la drogue, etc. Mais pas d'extrémistes."
Mais aujourd'hui ils sont à Molenbeek. Vous n'avez rien vu venir ?
"Pas seulement. Mais c'est vrai qu'on a laissé cette situation s'installer, qu'il y a eu un certain laisser-aller. Le centre historique est très dense, composé de nombreuses personnes avec peu de ressources donc plus facilement influençables : des cibles plus faciles à atteindre. De même, il est très facile de se fondre dans la masse sans se faire repérer. Il est évident qu'un imam intégriste ne va pas s'installer à Woluwe-Saint-Pierre ou à Uccle."
Quelles pistes suggérez-vous ?
"On a surtout raté une chose : l'installation d'imams professionnels, modernes qui connaissent aussi bien la religion que les réseaux sociaux et la réalité de la commune dans laquelle ils prêchent. Des imams en lien avec la police, la sûreté de l'Etat aussi. Qu'on leur montre la dernière vidéo d'appel au djihad ou toute autre atrocité. Qu'ils puissent la décortiquer, en parler le vendredi lors des prêches et des débats, alerter les parents, qu'ils fassent passer le message à leurs enfants ! En fait, la vraie question c'est : pourquoi des jeunes qui sont nés ici, qui ont grandis ici sont partis faire la guerre dans un pays qu'ils ne connaissent pas. Pourquoi ces jeunes viennent aujourd'hui attaquer la France et demain peut-être la Belgique... Des pays dans lesquels ils ont vécu depuis leur naissance. C'est ça la vraie question. Pas se demander s'il faut ou pas nettoyer Molenbeek."
Vous avez également proposer un numéro vert ?
"Oui, il y a plus d'un an déjà, nous avions demandé la mise en place d'une ligne verte antiradicalisme. Personne ne nous a écoutés."
A quoi servirait ce numéro ?
"Tout simplement : un numéro de téléphone gratuit où quiconque pourrait alerter d'un phénomène de radicalisme religieux, parler à une personne de confiance. Un jeune qui annonce qu'il va partir en Syrie, une personne qui prêche des discours haineux auprès des jeunes, etc. Cette ligne pourrait servir aux familles, aux proches inquiets de voir un proche se radicaliser. Aux imams également qui pourraient expliquer qu'à tel endroit, tel moment, des jeunes se réunissent, se radicalisent. Regardez Jean-Denis Le Soumis. Pendant plusieurs années, on l'a laissé prêcher n'importe où, n'importe comment. Sans que personne ne s'en offusque. Comment est-ce possible ?"
Pourtant, la commune de Molenbeek forme les policiers, professeurs, éducateurs, etc. afin de repérer ces phénomènes de radicalisation. Ca ne fonctionne pas ?
"Je ne sais pas si ça fonctionne. Je suis ni policier ni éducateur mais je suis sûr que je peux être mieux informé. Vous croyez qu'un jeune qui veut faire le djihad va se confier à un agent de quartier, que le frère ou la soeur de ce jeune ira en parler au professeur ? Non. Ca ne marche pas comme ça. Le ou la plus apte à découvrir le vrai visage d'une personne, c'est justement le frère, la soeur, le meilleur ami. Mais aujourd'hui, ils/elles ne savent pas vers qui se tourner. Un simple exemple : il y a quelque temps, un jeune racontait partout qu'il voulait aller faire le djihad. Il est allé à Décathlon acheter du matériel, fanfaronnait, etc. Puis il a changé d'avis. Mais comme il ne voulait pas passer pour un pleutre, il s'est arrangé pour se faire arrêter par la police... Avec ce numéro d'appel gratuit, on aurait directement pu alerter les autorités. Aujourd'hui, il est plus facile de mettre sur pied une ligne verte pour dénoncer la violence envers les animaux que pour prévenir de la radicalisation des jeunes."