Salam,
Je m’appelle A. Je suis né à Rabat il y’a 39 ans au sein d’une famille aisée. Mon père est diplomate et ma mère consultante. Mes parents travaillent ensemble pour aider des entreprises étrangères à implanter leurs filiales au Maroc. Notamment en leurs assurant des marchés sur place et en s’occupant des démarches administratives liées à leurs projets. Je suis moi-même employé dans l’entreprise de mes parents. Je produis les études de marchés qui sont ensuite soumis à l’approbation de nos gros clients.
Seulement voilà, je suis célibataire et cela me pèse. Cela me pèse d’autant plus que je ne suis pas, semble-t-il, un canon.
En effet, les mœurs ont beaucoup évolués depuis l’époque où mes parents se sont mariés. A l’époque il suffisait d’avoir une situation pour épouser la plus belle fille aux alentours. Mais aujourd’hui les filles veulent des hommes riches, intelligents ET séduisants.
J’ai rencontré plusieurs femmes belles et cultivées mais elles me rejetaient systématiquement. Elles ne me le disaient pas, mais je savais que c’était parce qu’elles ne me trouvaient pas beau. Ma mère, une très belle femme, souffre de cette situation (et du fait que physiquement j’ai uniquement hérité du patrimoine génétique de mon père). Elle a tenté à plusieurs reprises de me caser avec des filles. Mais aucune ne voyait en moi le sultan charmant sur son fidèle karouila (je suis blagueur aussi comme vous l’avez sans doute apprécié en lisant ce petit mot d’esprit que j’ai mis en italique).
Or, je reste un homme avec ces besoins physiques. C’est pourquoi, dans un pays où le mariage forcé est encore d’actualité, l’idée de passer par ce moyen m’a effleuré l’esprit il y’a quelques temps. De plus, dans les campagnes environnantes des familles vendent leurs filles, de véritables perles précieuses, à des étrangers. Alors pourquoi pas moi ? Sachant que je m’occuperais de ma femme comme d’un joyau. Et voir ma mère souffrir me tue à petit feu.
Je me suis donc rendu il y’a trois jours, à une campagne près de Marrakech accompagné d’une entremetteuse, K. Nous étions dans une chambre d’hôtel lorsque K. m’a présenté H., une jeune femme de 19 ans aux yeux verts. Lorsque H. est apparu j’ai tout de suite su que j’en ferai ma femme.
K. a quitté la pièce quelques temps pour que nous puissions faire rapidement connaissance. Mais j’ai vite déchanté en voyant que H. n’était qu’un robot programmé à dire oui. Il n’y avait pas d’attirance dans ses yeux. Ils étaient vides. Elle ne cherchait pas à connaitre mes motivations. Elle ne disait que « wakha » (était-ce peut-être là, la marque d’un café ? Rires, je suis espiègle).