L'Etat islamique ne reçoit pas de financement de la part d'Etats comme l'Arabie Saoudite et le Qatar. Ces deux derniers financent en Syrie des rebelles qui sont combattus par les djihadistes de l'Etat islamique (comme le Front Al-Nosra pour ne citer qu'eux). D'ailleurs, Al-Qaïda est un ennemi désigné par l'Etat islamique et inversement. Ils n'ont pas le même objectif : là où les djihadistes d'Al-Qaïda cherchent le djihad mondial et ciblent l'Occident, les djihadistes de l'Etat islamique visent d'abord les régimes arabes qu'ils jugent impies. Cette simple différence en font des ennemis, donc croire aux paroles d'un ancien d'Al-Qaïda sur l'Etat islamique, c'est comme rechercher des informations sur les Américains en écoutant les discours d'un Nord-Coréen ...
Les djihadistes étrangers sont minoritaires au sein du groupe et sont souvent mal considérés. Surtout ceux venant d'Occident ou du Maghreb, de zones qui n'ont pas connu la guerre. Cela doit sans doute être différents pour les Tchétchènes par exemple qui ont connu la guerre de Tchétchénie et y ont combattu l'envahisseur russe. La grande majorité des membres de l'EIIL sont en fait des Syriens et des Irakiens, des locaux et même d'anciens membres du parti Baas ou de l'armée irakienne (8 des 20 lieutenants du calife sont d'anciens militaires sous Saddam Hussein).
Les financements de l'Etat islamique sont avant tout des fonds privés, des donateurs privés dans les monarchies du Golfe. Et l'Etat islamique s'autofinance : enlèvements, rackets des populations, contrebande, attaques de banques, ... Maintenant que l'Etat islamique se revendique "Etat", il dispose aussi d'autres sources de financement plus légales comme les impôts, ...
C'est surtout par sa tactique et sa stratégie que l'EIIL surprend. Déjà le groupe bénéficie de l'expérience militaire des anciens de l'armée irakienne. Puis, les membres de l'EIIL ont des tactiques au combat qui déroutent des adversaires étatiques : l'utilisation de picks ups avec armes lourdes pour la mobilité et la puissance de feu (les Kurdes n'ont pas l'habitude de combattre un tel ennemi ; les Irakiens non plus), les suicides bombers pour ouvrir une brèche et semer le chaos, ... La faiblesse des armées syrienne et irakienne explique aussi le succès de l'Etat islamique : par exemple, en Irak, la division à Mossoul défaite par l'EI avait subi le contrecoups des politiques de Maliki qui réserve aux divisions stationnant près de Bagdad l'essentiel du ravitaillement, de la logistique et de la qualité d'encadrement (et l'armement). En Syrie, après trois années de guerre, l'armée syrienne accuse des lacunes également. Enfin la motivation des combattants joue un rôle très important.