Ca a l'air très intéressant, je pense que je le lirais en détail la semaine prochaine après les exams."Annoncée par le Premier ministre en février dernier, la refondation de la politique d’intégration a été lancée début juillet, à travers la première réunion des personnalités qualifiées à qui ont été confiés les groupes de travail de la refondation. Depuis, ces 5 groupes poursuivent leurs travaux, en lien avec les différents ministères concernés. Les personnalités qualifiées remettront leurs relevés de conclusion au plus tard le 25 octobre prochain. Leurs préconisations, qui seront rendues publiques, serviront de base de travail au Gouvernement, pour définir les grands axes de la nouvelle politique d’intégration de notre pays.
La refondation de la politique d’intégration s’appuie sur quatre principes : une distinction claire entre politique d’immigration, politique d’accueil et politique d’intégration, un changement de regard sur les personnes immigrées et leurs descendants, une approche interministérielle des questions d’intégration, qui doivent être intégrées à l’ensemble des volets de l’action publique (santé, social, emploi, culture, habitat, défense…), dans le sens de l’accès de tous au droit commun, et l’appui sur les associations de proximité, dont le réseau a été fortement fragilisé ces dernières années, et qui permettent de renforcer le lien social.
Le Gouvernement entend prendre le temps, sur ce sujet sensible, d’un dialogue ouvert avec la société civile. La refondation de la politique d’intégration s’appuiera ainsi sur le travail de 5 groupes thématiques, dans lesquels seront associés les associations, les syndicats, les universitaires, les services de l’Etat, les collectivités locales et les citoyens(télécharger la composition des groupes de travail) :
• Groupe "Connaissance reconnaissance" (culture, histoire, mémoire) : le pilotage de ce groupe est confié à Murielle Maffessoli, directrice de l’Observatoire Régional de l'Intégration et de la ville en Alsace, et à Chantal Lamarre, directrice de Culture Commune-Scène Nationale du Bassin Minier Du Pas-de-Calais.
• Groupe "Faire société" (citoyenneté, services publics, dialogue avec la société civile) : le pilotage est confié à Olivier Noël, sociologue - chercheur à l'Institut Social et Coopératif de Recherche Appliquée (ISCRA), et à Ahmed Boubeker, professeur de sociologie à l’Université Paul Verlaine de Metz.
• Groupe "Habitat" (ségrégations urbaines, ruralité, mobilité géographique) : pilotage confié à Chantal Talland, directrice de l’Ecole de la Rénovation Urbaine, et à Chaynesse Khirouni, députée de Meurthe-et-Moselle.
• Groupe "Mobilités sociales" (éducation, emploi, formation) : pilotage confié à Fabrice Dhume, sociologue - chercheur à l’ISCRA, et à Khalid Hamdani, directeur de l’Institut Ethique et Diversité.
• Groupe "Protection sociale" (prévention, accès aux droits, personnes âgées) : pilotage confié à Bénédicte Madelin, directrice de Profession banlieue, et à Dominique Gential, directrice générale de la Mutuelle Sociale Agricole Ardèche / Drôme / Loire."
Rapport Tuot:
http://www.gouvernement.fr/sites/de...efondation_des_politiques_d_integration_1.pdf
Relevé de conclusions de ces groupes téléchargeable ici: http://www.gouvernement.fr/presse/refondation-de-la-politique-d-integration-releve-de-conclusions
D'ailleurs à ce sujet:
Revenir sur le voile à l’école : une proposition iconoclaste et inutile?
Quelques lignes dans un rapport d’étape consacré à la réflexion sur une nouvelle politique d’intégration pour la France, commandé avant l'été par Matignon, ont suffi à relancer un débat sur le port du voile à l’école, vendredi 13 décembre. Il a même provoqué une violente passe d’armes entre le premier ministre, Jean-Marc Ayrault d’une part, et le chef de file de l’UMP, Jean-François Copé et l’ancien premier ministre, François Fillon, d’autre part. Une des nombreuses pistes proposées dans l’un des cinq groupes de travail évoque en effet "la suppression des dispositions légales et réglementaires scolaires discriminatoires", allusion à la loi de 2004 qui interdit le port de signes religieux à l’école et à la circulaire de rentrée de 2012, qui restreint la possibilité pour les mères voilées d’accompagner les sorties scolaires.
Ayrault : "Est-ce qu'on a cette intention? Evidemment pas !"
M. Copé a accusé le gouvernement de vouloir "briser le pacte républicain". "M. Copé est un irresponsable et un menteur parce que faire le procès au gouvernement de la République que je dirige, que nous voudrions abandonner le modèle républicain d'intégration, c'est une injure", a-t-il déclaré à la presse à Matignon, assurant qu'il n'était pas question de revenir sur l'interdiction à l'école des signes religieux. "Est-ce qu'on a dit ça une fois ? Est-ce qu'on a cette intention ? Evidemment pas. Moi-même j'ai voté la loi d'interdiction des signes religieux à l'école. M. Copé est à côté de la plaque ; l’UMP a un problème", a déclaré M. Ayrault. "J'alerte le premier ministre sur les dangers que constituerait l'application de ces rapports. Ils diviseraient un peu plus les Français et alimenteraient tous les extrémismes", a pour sa part déclaré M. Fillon , estimant qu' "ils s'inscrivent dans la logique d'une nation mosaïque et communautariste". "Le retour du voile à l'école serait une brèche dans le principe de laïcité. En abattant ce rempart contre l’intégrisme, on abattrait l'école républicaine."
Face à ce tollé, Khaled Hamdani, consultant en ressources humaines, et auteur avec Fabrice Dhum, chercheur à l’Institut social et coopératif de recherche appliquée (Iscra), de la proposition polémique, tient à rappeler que cette préconisation, "un point marginal dans l’ensemble de notre travail, ne traduit en aucun cas la position du gouvernement". Sans la justifier plus avant, il assure qu’elle est le fruit d’un "compromis entre les dizaines de personnes" auditionnées dans le cadre de ce rapport sur les "Mobilités sociales", intitulé Vers une politique française de l’égalité dans les domaines de l’éducation, la formation, l’emploi, le travail.
Le rapport défend toutefois l'idée que la loi de 2004 comporte "de manière implicite une logique discriminatoire, qui joue au final sur la perte de confiance dans l'institution scolaire, servant de justification pour une extension des pratiques discriminatoires dans de nombreux secteurs (entreprises, universités et centres de formation, cantines scolaires, structures de la petite enfance, services publics...) ».
Un texte devenu consensuel
Cette proposition est d’autant plus iconoclaste, pour ne pas dire inutile, qu’elle ne correspond guère à une quelconque demande sociale ou politique. En près de dix ans d’existence, la loi du 15 mars 2004 s’est imposée comme un texte plutôt consensuel, à droite comme à gauche. Et, même ceux qui s’étaient montrés réticents à l’époque de sa discussion en 2003, dans la foulée du rapport Stasi, ont admis son "efficacité" en termes d’apaisement et de clarification dans les établissements scolaires. Dans son premier point d’étape, le nouvel Observatoire de la laïcité, présidé par Jean-Louis Bianco, soulignait le bilan positif de ce texte. "On n'a pas besoin de ce genre de polémique, juge aussi Ahmed Boubeker, sociologue et auteur de l'un des autres rapports remis au premier ministre, qui y défend pourtant une "laïcité inclusive et libérale".
Aujourd’hui, seuls les milieux militants du Comité 15 mars et Libertés, proches de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) ou du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dénoncent toujours une loi discriminatoire et attentatoire à la liberté religieuse et demandent son abrogation. Mais à l’inverse, certains dans le camp laïc, à droite et à gauche, souhaiteraient son élargissement à l’enseignement supérieur. Une hypothèse pour l'heure globalement rejetée.
Des interrogations sur les "mères voilées"
Le consensus global est en revanche moins évident sur la circulaire de rentrée 2012. Celle-ci affirme que "les principes de laïcité de l’enseignement et de neutralité du service permettent notamment d’empêcher que les parents d’élèves ou tout autre intervenant manifestent, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques lorsqu’ils accompagnent les élèves lors des sorties et voyages scolaires".
L’Observatoire de la laïcité reconnaît qu’il devra se pencher sur le sujet des mères voilées accompagnant les sorties scolaires. Le Défenseur des droits, Dominique Baudis, a pour sa part, demandé au Conseil d’Etat de clarifier cette "zone grise" de la laïcité, soulignant un vide juridique sur ce thème. Pour l’heure, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, n’a pas souhaité revenir sur la circulaire de son prédécesseur. Sur le terrain, son application formelle dépend du contexte et de la sensibilité des directeurs ou des directrices d'école.
Stéphanie Le Bars
http://religion.blog.lemonde.fr/201...ecole-une-proposition-iconoclaste-et-inutile/