Un minimum de logique, sans doute. Mais je suis toujours intéressé par le maximum de logique. Et dès lors on voit bien que certaines positions sont supérieures à d'autres. Par exemple aucune culture n'a affirmé que la tricherie, la cruauté gratuite, la lâcheté ou le meurtre de ses parents étaient louables. Même les nazis étaient supposés être "gentils" l'un envers l'autre et ne persécuter que les autres "races" (distinction classique entre "les nôtres" et "les autres").
Quant à Dieu qui serait le seul rempart contre le relativisme, c'est une question encore débattue de nos jours chez les philosophes et les théologiens.
Ayn Rand était athée, mais elle était très hostile au relativisme.
Aristote croyait en un dieu purement métaphysique qui ne fondait pas la morale, et pourtant il nous a donné une solide synthèse éthique.
Grotius a dit que la loi morale vaudrait même si Dieu n'existait pas.
Platon croyait en des Idées transcendantes, dont l'Idée suprême du Bien, mais il ne la situait pas dans l'intellect d'un Dieu créateur.
Deuxièmement, même si on affirmait que Dieu est essentiel pour réfuter le relativisme, cela ne nous donnerait toujours qu'une morale de la loi naturelle, et pas nécessairement une morale révélée (révélation positive ou spéciale). Autrement dit, on peut être déiste en toute bonne conscience, sans reconnaître quelque prophète que ce soit.
Je ne vois absolument pas en quoi, rationnellement parlant, certaines positions seraient supérieures à d'autres. A partir du moment où il n'existe aucun principe transcendant l'humain et que celui-ci se trouve être la mesure de chaque chose, alors toute position est entièrement relative à l'auteur qui la tient.
De ce fait, ce n'est pas parce que toutes les personnes procèdent d'une certaine manière que cela est un acte de vérité. Le nombre n'est pas un critère de véracité (j'ai même parfois tendance à penser le contraire). On peut, comme tu le fais, citer des exemples d'actes unanimement perçus comme néfastes mais cela signifie t-il qu'ils le sont par essence et non pas, en réalité, de l'unique fait de notre perception de ceux-ci.
Ainsi, imaginons qu'à une époque l'homosexualité ait pu être perçu, quasi-unaniment, comme néfaste et que par la suite, cette quasi-unanimité ait complètement changé en devenant, au contraire, une
reconnaissance, non pas d'un bienfait, mais d'une neutralité de l'acte homosexuel. La vérité a t-elle évolué ? ou alors la vérité n'est -elle pas que ce que l'on dit qu'elle est (vérité relative car
vérité décrété).
En effet, si aucun principe supérieur ne vient encadrer l'humain, il n'y aura pour vérité que ce qu'il aura décrété en tant que vérité et les vérités des gens s'affronteront ainsi (ce que l'on peut aisément constater). Alors quel peut-être ce principe supérieur ? Il est Dieu pour les religieux. Pour les non-religieux qu'en est-il ? Se réfèrent t-ils uniquement au nombre d'adhérents à une certaine vision pour décider que cette vision est une vision de vérité ? Le nombre est-il leur unique critère de reconnaissance du vrai ?
De même, l'on peut tout à fait rationnellement faire le mal. Ainsi, la torture peut trouver des justifications, de même que le meurtre gratuit peut être un signe de puissance positivement perçu au sein
de certains milieux. Mais encore, le mensonge, l'esprit de manipulation peuvent être une fierté pour certains qui s'imaginent là être au-dessus de la normale en embobinant les gens. L'on peut, par le
biais de la raison, trouver une justification à tout type d'actes et quand bien même l'on ne pourrait pas, cela serait-il suffisant pour désigner l'acte comme étant malsain (sachant que la justification peut survenir dans le futur).
Si par la raison, on peut légitimer aussi bien le bien que le mal, comment peut-on alors établir une ligne de démarcation qui soit évidente aux yeux de tous ? Et au final, si la vérité dépend de chacun, alors indubitablement la vérité n'existe pas.