Reuters : en Syrie, des milliers d’Alaouites massacrés en toute impunité par le nouveau régime

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Cette enquête de Reuters, quoique édulcorée, donne un aperçu éloquent de l’ampleur et de l’atrocité des massacres sectaires commis par les hordes terroristes du nouveau régime syrien depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2024. Ayant accompli sa mission—faire tomber un pouvoir hostile à l’impérialisme américain et au sionisme—, il jouit d’une impunité totale, et peut perpétrer des exactions de masse sans avoir à rendre de comptes. Les capitales occidentales détournent pudiquement le regard et donnent leur bénédiction, que ce soit au niveau politique (rétablissement des relations diplomatiques, levée des sanctions…) ou médiatique, tant leur complicité est évidente. Les droits du peuple syrien n’ont jamais été qu’un prétexte pour briser l’Axe de la Résistance et livrer le Moyen-Orient aux ambitions hégémoniques et expansionnistes des États-Unis et d’Israël. Précisons toutefois qu’un biais majeur persiste dans ce reportage, visant à préserver les dernières traces de vernis romantique quant à ce soulèvement télécommandé de l’étranger : les Alaouites sont visés non pas parce qu’Assad était alaouite, un prétexte grossier et même négationniste, mais parce que l’idéologie des fanatiques takfiris issus de Daech et d’Al-Qaïda qui composent la nouvelle armée syrienne les juge hérétiques depuis des siècles, et les voue à la conversion forcée ou à l’extermination. Les chiites et les chrétiens comptent également parmi leurs victimes, les meurtres, actes de torture, enlèvements (de femmes en particulier, réduites en esclavage sexuel) et humiliations étant quotidiens, et documentés au jour le jour par des chaines Telegram comme en arabe ou en anglais. Mais nos bonnes consciences ont mieux à faire que de s’en préoccuper (sauf à titre apologétique), toutes accaparées qu’elles sont à occulter le génocide à Gaza et à préparer le terrain à une nouvelle campagne de destruction de l’Iran sur le modèle syrien et libyen, toujours au prétexte de la défense des droits du peuple iranien.

Les forces syriennes ont massacré 1 500 Alaouites. La chaîne de commandement remontait jusqu’à Damas.

Une enquête de Reuters a identifié 40 lieux distincts où des meurtres, des pillages et des incendies criminels ont été perpétrés lors de trois jours de massacres sectaires ayant suivi une insurrection menée par des loyalistes d’Assad.

Alain Marshal
 
LATAKIA, Syrie — Le cœur du jeune homme avait été arraché de sa poitrine et déposé sur son corps. Son nom figurait en 56e position sur une liste manuscrite de 60 morts, aux côtés de ses cousins, de ses voisins et d’au moins six enfants de leur village côtier syrien.

Les hommes qui ont tué Suleiman Rashid Saad, 25 ans, ont appelé son père depuis le téléphone de la victime et l’ont défié de venir récupérer le corps. Celui-ci se trouvait près du salon de coiffure.

«Sa poitrine était grande ouverte. Ils lui ont arraché le cœur. Ils l’ont posé sur sa poitrine», raconte son père, Rashid Saad. C’était en fin d’après-midi, le 8 mars, dans le village d’Al-Rusafa. Les massacres d’Alaouites étaient loin d’être terminés.

L’assassinat de Suleiman Rashid Saad s’inscrit dans une vague de meurtres perpétrés par des combattants sunnites dans des communautés alaouites le long de la côte méditerranéenne syrienne, entre le 7 et le 9 mars. Ces violences ont éclaté en réaction à une rébellion lancée la veille par d’anciens officiers fidèles au président déchu Bachar al-Assad, qui aurait coûté la vie à 200 membres des forces de sécurité, selon le gouvernement [on peut également considérer que c’est la rébellion qui est une réaction à la prise du pouvoir par des miliciens terroristes sanguinaires venus des quatre coins du monde].

Une enquête de Reuters a permis de reconstituer le déroulement des massacres et de mettre au jour une chaîne de commandement reliant directement les assaillants à des hommes aujourd’hui aux côtés des nouveaux dirigeants syriens à Damas. Reuters a recensé près de 1 500 Alaouites tués et des dizaines d’autres portés disparus. L’enquête a révélé 40 lieux distincts où se sont produits des meurtres de représailles, des pillages et des saccages ciblant cette minorité religieuse longtemps associée au régime déchu d’Assad.

Ces jours de tueries ont mis en lumière la profonde polarisation qui règne en Syrie et que le nouveau gouvernement n’a toujours pas réussi à dépasser — entre ceux qui soutenaient Assad, ouvertement ou tacitement, et ceux qui espéraient voir triompher la rébellion. Beaucoup de Syriens nourrissent un ressentiment envers les Alaouites, qui ont longtemps bénéficié d’une influence disproportionnée au sein de l’armée et de l’appareil d’État durant les deux décennies de pouvoir d’Assad.

Les conclusions de Reuters interviennent alors que l’administration Trump commence à lever progressivement les sanctions imposées à la Syrie depuis l’époque d’Assad. Ce rapprochement met Washington dans une position délicate : le nouveau gouvernement syrien est dirigé par une faction islamiste aujourd’hui dissoute, anciennement connue sous le nom de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui fut autrefois la branche syrienne d’Al-Qaïda, connue sous le nom de Front al-Nosra.

Ce groupe, autrefois dirigé par l’actuel président syrien Ahmed al-Sharaa, est sous le coup de sanctions des Nations unies depuis 2014. Al-Sharaa, musulman sunnite comme la majorité des Syriens, est devenu président [autoproclamé, toute élection ayant été repoussée sine die] en janvier après avoir mené une offensive surprise ayant entraîné la chute du régime Assad et la prise de Damas.
 
Reuters a découvert qu’au moins une douzaine de factions désormais sous le commandement du nouveau gouvernement — dont certaines composées d’étrangers — ont participé aux massacres de mars. Près de la moitié de ces groupes sont visés depuis des années par des sanctions internationales pour violations des droits humains, incluant meurtres, enlèvements et violences sexuelles.

Le gouvernement syrien — y compris le ministère de la Défense et le bureau du président — n’a pas répondu au résumé détaillé des conclusions de Reuters, ni aux questions relatives au rôle des forces gouvernementales dans les massacres.

Dans une interview accordée à Reuters quelques jours après les massacres, Ahmed al-Sharaa a dénoncé ces violences comme une menace pour sa mission d’unification du pays. Il a promis de punir les responsables, y compris ceux liés à son propre gouvernement si nécessaire.

«Nous nous sommes battus pour défendre les opprimés, et nous n’accepterons pas que du sang soit versé injustement, ni que cela reste impuni ou sans conséquence, même si cela implique nos proches», a-t-il déclaré [c’est là le propos d’un terroriste qui s’est vanté de massacres contre des civils en tant que chef du Front al-Nosra, mais il faudrait le croire…].

Parmi les unités impliquées identifiées par Reuters figuraient le Service général de sécurité du gouvernement — principal organe chargé de l’application de la loi à l’époque où HTS contrôlait Idlib, aujourd’hui intégré au ministère de l’Intérieur — ainsi que d’anciennes unités de HTS telles que la force de combat d’élite Unit 400 et la Brigade Othman. D’autres milices sunnites récemment ralliées au gouvernement étaient également impliquées, notamment la brigade Sultan Suleiman Shah et la division Hamza, toutes deux sanctionnées par l’Union européenne pour leur rôle dans ces meurtres. L’UE n’a toutefois pas sanctionné les anciennes unités du HTS. Les États-Unis, pour leur part, n’ont pris aucune mesure de sanction en lien avec ces tueries.

Le président Ahmed al-Sharaa a ordonné la création d’une commission d’enquête sur les violences et la mise en place de médiations pour restaurer la «paix civile».

Yasser Farhan, porte-parole de la commission, a déclaré que le président recevrait les conclusions d’ici deux semaines, la commission étant en train d’analyser les informations et de rédiger son rapport final à partir des témoignages et données recueillis auprès de plus de 1 000 personnes, ainsi que de comptes rendus de responsables et d’interrogatoires de détenus. Il a recommandé à Reuters de ne pas publier ses conclusions avant la sortie officielle du rapport.

«Nous ne sommes pas en mesure de fournir de réponses avant la fin de ce processus, par respect pour l’intégrité de la vérité», a-t-il affirmé, ajoutant : «Je pense que vous trouverez les résultats utiles et qu’ils permettront de révéler la vérité

Les meurtres se poursuivent encore aujourd’hui, selon les constatations de Reuters.

Le nouveau gouvernement syrien a exprimé sa crainte de perdre le contrôle de la côte au profit de partisans d’Assad. Le 6 mars, il a donné l’ordre sans équivoque d’écraser une tentative de coup d’État menée par les «Fuloul», ou «vestiges» du régime, selon six combattants et commandants ainsi que trois responsables gouvernementaux.

Bon nombre des hommes ayant reçu ces ordres ne portaient l’uniforme gouvernemental que depuis quelques mois à peine et partageaient une interprétation du sunnisme réputée pour sa brutalité
 
Ce jour-là, certains ont interprété avec empressement le mot «fuloul» comme désignant l’ensemble des Alaouites — une minorité de deux millions de personnes à laquelle beaucoup de Syriens imputent les crimes de la famille Assad, elle-même issue de cette communauté [il s’agit là d’une ignoble falsification : les takfiris sont des élèves d’Ibn Taymiyya et adeptes du wahhabisme, et depuis des siècles, leur doctrine considère les Alaouites et les chiites comme des hérétiques à exterminer ; Reuters persiste à défendre l’idée d’une révolution syrienne authentique, alors que la réalité en est sanglante. Au sujet de l’ingérence étrangère dans ces événements, et de l’instrumentalisation des réseaux djihadistes les plus fanatiques, voir les aveux explicites de l’ex-Commandant en chef de l’OTAN : Daech, un «Frankenstein» créé pour «combattre le Hezbollah» ?].

Un responsable du nouveau gouvernement, Ahmed al-Shami, gouverneur de la province de Tartous, a affirmé à Reuters que les Alaouites n’étaient pas visés. Il a reconnu des «violations» contre des civils alaouites et estimé à environ 350 le nombre de morts dans la province — un chiffre correspondant aux données de Reuters mais jamais publié officiellement.

«La communauté alaouite ne figure sur aucune liste, qu’elle soit noire, rouge ou verte. Elle n’est ni criminalisée ni visée par des représailles. Les Alaouites ont subi des injustices, tout comme le reste du peuple syrien dans son ensemble» sous Assad, a déclaré le gouverneur. «Cette communauté a besoin de sécurité. C’est notre devoir, en tant que gouvernement, d’y œuvrer.»

Interrogé sur les conclusions de Reuters, Anouar El Anouni, porte-parole de l’Union européenne, a déclaré que l’UE avait condamné «les crimes horribles commis contre des civils, par toutes les parties», sans toutefois expliquer pourquoi les anciennes unités de HTS n’avaient pas été sanctionnées [c’est pourtant simple : une fois le régime d’Assad renversé, les Syriens ne comptent plus, et peuvent être soumis à toutes les atrocités tant que le nouveau régime se soumet à Israël]. Les porte-parole des départements d’État et du Trésor américains n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

On estime que plusieurs centaines de milliers de Syriens ont été tués depuis 2011, date à laquelle la répression des manifestations par Assad a dégénéré en guerre civile. Il a traqué tous les dissidents présumés. Mais les sunnites — qui formaient le groupe armé le plus visible parmi les opposants à Assad — ont été ciblés de manière disproportionnée [c’est encore une sectarisation absurde : l’écrasante majorité de l’armée de Bachar al-Assad était sunnite, comme la majorité de ses ministres, etc. ; dans un pays à majorité sunnite, les sunnites seront toujours la majorité de chaque côté].

Reuters s’est entretenu avec plus de 200 familles de victimes, lors de visites sur les lieux des massacres et par téléphone, ainsi qu’avec 40 responsables de la sécurité, combattants, commandants, enquêteurs et médiateurs nommés par le gouvernement. L’agence a également consulté des messages d’un groupe Telegram mis en place par un responsable du ministère de la Défense pour coordonner la réponse du gouvernement au soulèvement pro-Assad. Les journalistes ont examiné des dizaines de vidéos, obtenu des images de vidéosurveillance et analysé des listes manuscrites de noms de victimes.
 
Certains des assaillants ayant répondu au soulèvement de mars portaient des listes de noms d’hommes à cibler, notamment d’anciens membres des milices d’Assad qui avaient été temporairement amnistiés par le nouveau gouvernement. Des familles entières portant ces noms apparaissent ensuite sur des listes de morts rédigées à la main par les anciens des villages. Plusieurs survivants ont raconté que les corps de leurs proches avaient été mutilés.

Les combattants, dont beaucoup étaient masqués, s’étaient regroupés dans les bastions du nouveau gouvernement à Idlib, Homs, Alep et Damas. Et lorsque les convois blindés se sont dirigés vers l’ouest de la Syrie, les cris des miliciens — «Sunnites, Sunnites» — ont résonné dans la nuit, accompagnés de slogans rimés appelant à «massacrer les Alaouites», selon des vidéos authentifiées par Reuters.

De nombreuses vidéos montrent des combattants humiliant des hommes alaouites, les forçant à ramper et à aboyer comme des chiens, après les avoir rassemblés dans la ville de Salhab, où Reuters a confirmé au moins 16 morts. D’autres, filmées parfois par les combattants eux-mêmes, présentent des piles de cadavres ensanglantés.

«Ne prenez pas de photos», crie un combattant. «Chiens !», hurle un autre.

Parmi les morts figuraient des familles entières — femmes, enfants, personnes âgées et handicapées — dans des dizaines de villages et quartiers à majorité alaouite. Dans un quartier, 45 femmes figuraient parmi les 253 morts. Dans un autre village, 10 des 30 personnes tuées étaient des enfants. Dans au moins un cas, une ville alaouite entière a été vidée en l’espace de quelques heures, ses centaines d’habitants remplacés par des sunnites.

La première question posée par les combattants aux habitants, selon plus de 200 témoins et survivants, était révélatrice : «Êtes-vous sunnite ou alaouite ?»

Le soulèvement​

Ubaida Shli et son frère jumeau étaient les plus jeunes d’une fratrie sunnite de neuf enfants originaires d’Idlib, une ville du nord-ouest de la Syrie, selon leur sœur aînée, Yasmine.

Les jumeaux s’étaient rendus en Libye en tant que mercenaires. Deux ans auparavant, ils avaient intégré les forces de l’ordre de HTS — le Service général de sécurité — à Idlib, où HTS dirigeait en pratique sa propre administration parallèle.

C’est ainsi qu’à 23 ans, Shli s’est retrouvé à porter l’uniforme noir du Service général de sécurité (GSS) et à surveiller un poste de contrôle près de la ville de Baniyas, selon Yasmine et les messages vocaux qu’il lui a envoyés via WhatsApp, consultés par Reuters.

Au coucher du soleil, le 6 mars, ce poste de contrôle ainsi que d’autres positions du GSS dans les provinces de Lattaquié et Tartous ont été attaqués, faisant des dizaines de morts parmi les forces de sécurité.

Selon le nouveau gouvernement et des habitants de la région, les assaillants étaient dirigés par des officiers restés fidèles à Assad.

Ces officiers ont été rejoints par de jeunes hommes ayant perdu leur emploi lorsque le nouveau gouvernement a licencié des milliers de fonctionnaires alaouites et démantelé l’appareil sécuritaire du régime Assad, selon des témoignages d’habitants. Un chef communautaire a décrit le soulèvement comme une réaction spontanée de gens désespérés.

Shli a envoyé un message vocal à sa sœur vers 20h30 pour lui dire que la moitié des hommes autour de lui étaient morts. Il semblait calme et résigné à son sort.

«Il a dit qu’il aidait à récupérer les corps», raconte-t-elle. Elle lui a demandé pourquoi il ne fuyait pas. Il a répondu : »Il n’y a pas d’issue.»

Yasmine a appris la mort de son frère deux heures plus tard.

Les forces pro-Assad ont également lancé des attaques à Baniyas, la plus grande ville de la région de Tartous. Elles ont pris le contrôle de la route principale et de l’hôpital, et ont attaqué le nouveau siège de la sécurité gouvernementale, selon Aboul Bahr, un responsable de la sécurité basé à Baniyas, qui passait la nuit à Idlib. Reuters n’a pas pu vérifier de manière indépendante son récit.


Al-Sharaa a déclaré que 200 membres des forces de sécurité avaient été tués lors de la révolte, mais le gouvernement n’a publié ni noms ni bilan actualisé. Le ministère de la Défense n’a pas répondu aux questions de Reuters sur le nombre actualisé de morts parmi les forces gouvernementales ou sur le rôle des troupes affiliées au gouvernement dans les massacres d’Alaouites.

Le 23 juin, l’Union européenne a imposé des sanctions à trois officiers pro-Assad, les accusant d’avoir dirigé des milices qui «ont attisé les tensions sectaires et incité à la violence».

Les partisans du dirigeant déchu «voulaient organiser un coup d’État et proclamer une région autonome le long de la côte», a déclaré Hamza al-Ali, l’officier du GSS responsable de la ville d’Al-Qadamous, située à environ 30 kilomètres à l’est.
 
Le ministère de la Défense a appelé à des renforts provenant de toutes les factions ayant récemment rallié les forces du président al-Sharaa. Des appels au jihad ont retenti via les haut-parleurs des mosquées dans tout le pays.

Mohammed al-Jassim, commandant de la brigade Sultan Suleiman Shah, a déclaré à Reuters qu’il se trouvait en Turquie pour des raisons de santé lorsque les combats ont éclaté. Reuters n’a pas pu confirmer où se trouvait al-Jassim au moment des massacres. Il a nié toute implication de ses hommes dans les violences.


Alors que les massacres d’Alaouites se déroulaient, le porte-parole du ministère de la Défense, Abdel-Ghani, déclarait publiquement que l’opération sur la côte suivait son cours comme prévu, avec pour objectif de maintenir le contrôle de la région et de «resserrer l’étau sur les derniers éléments d’officiers et les vestiges du régime déchu», selon l’agence officielle SANA.

En coulisses, Abdel-Ghani dirigeait le groupe Telegram regroupant chefs de milices et commandants militaires, qui coordonnaient la réponse du gouvernement face au soulèvement pro-Assad, selon une douzaine de messages texte et audio échangés entre lui et un haut commandant d’une autre faction.

Deux sources ont confirmé que le pseudonyme utilisé sur Telegram appartenait bien à Abdel-Ghani, et qu’Abu Ahd était son nom de guerre. Reuters l’a contacté directement via ce pseudonyme sur Telegram. Il a déclaré avoir été interrogé par la commission chargée d’enquêter sur les tueries, mais a refusé de faire d’autres commentaires.

Les messages faisaient référence aux emplacements et aux mouvements des forces, notamment un message envoyé par Abdel-Ghani depuis le pont menant au village d’Al-Mukhtareyah, où des massacres étaient en cours.

Nanar Hawach, analyste senior à l’International Crisis Group, a estimé que ces massacres avaient érodé la légitimité du nouveau gouvernement aux yeux des Syriens, en particulier des minorités.

«Le déploiement d’unités connues pour leur hostilité envers des communautés qu’elles considèrent comme adverses, et déjà responsables d’exactions, a produit des résultats prévisibles», a déclaré Hawach. «Elles ont failli à leur devoir fondamental de protection.»

Symbole du contrôle fragile exercé par le gouvernement sur ses propres forces, les factions nouvellement intégrées se sont parfois affrontées dans les rues des villages, selon des témoins présents dans trois endroits différents, qui ont tous rapporté avoir vu une faction tenter de protéger des civils hébétés contre des hommes en uniforme cherchant à les tuer.

7 MARS
578 morts, 26 localités

L’autoroute M4 relie l’intérieur des terres à la mer Méditerranée. La M1 longe la côte vers le sud, avant de bifurquer vers l’est, près du Liban.

Les massacres, qui ont commencé avant l’aube du 7 mars, ont essentiellement suivi ces deux axes. La plupart des localités touchées étaient des communautés agricoles, avec des vergers d’agrumes lourds de citrons et d’oranges en mars, et des champs de légumes poussant abondamment toute l’année sous le climat méditerranéen.

Al-Mukhtareyah, le premier village après la sortie de l’autoroute M4 reliant Idlib à Lattaquié, a été attaqué vers 6 heures du matin.

Des groupes d’hommes, dont beaucoup portaient l’uniforme du GSS, ont défoncé les portes pour faire sortir les hommes, forçant certains à ramper et en traînant d’autres, ont déclaré huit témoins à Reuters. Les tirs ont duré environ une heure. À la fin, 157 personnes avaient été tuées — soit près d’un quart de la population du village — selon une liste dressée par un responsable communautaire et vérifiée par Reuters auprès de plusieurs survivants.

Parmi les victimes figuraient 28 membres de la famille Abdullah, 14 de la famille Darwish et 11 de la famille al-Juhni, selon des listes établies par les survivants et les responsables locaux.

«Les balles pleuvaient sur nous, ma sœur. On ne savait pas où aller, ni comment fuir», a raconté une femme ayant perdu son père et ses frères.

Une autre femme, qui a perdu 17 membres de sa famille, a partagé une capture d’écran d’une vidéo authentifiée par Reuters. Elle a désigné un tas de corps sur l’image et dit : «C’est ma famille.»

Elle a tracé une flèche à l’écran vers un homme vêtu d’une veste pâle et l’a envoyée à Reuters. «C’est mon mari.»
 
Le village était presque entièrement désert quelques jours après le massacre, ont rapporté les habitants. Faute de bras pour les récolter, les oranges pourrissaient sur les arbres.

Les villages les plus touchés étaient ceux dont les habitants appartenaient à une sous-branche des Alaouites appelée al-Klazyia, selon Ali Mulhem, fondateur du Syrian Civil Peace Group, une organisation qui documente les abus et joue un rôle de médiation dans les conflits. La famille Assad faisait partie des Alaouites al-Klazyia, tout comme de nombreux hauts responsables des services de sécurité du dictateur, ont précisé Mulhem et un notable de la communauté alaouite.

Parmi les localités associées à cette sous-secte figurait Sonobar, une communauté agricole d’environ 15 000 habitants, dont les maisons sont disséminées entre des champs de légumes.

La force d’élite de HTS, appelée Unité 400, s’est installée à Sonobar en décembre, promettant que la ville resterait paisible sous la nouvelle direction, ont confié trois villageois à Reuters. Ils ont décrit une vie tendue, mais supportable.

Tôt le matin du 7 mars, les hommes de l’Unité 400, accompagnés de centaines de renforts, se sont rassemblés et ont commencé à tuer. Au total, selon dix-sept témoins, neuf factions distinctes ont participé à l’attaque.

Un jeune homme a déclaré avoir vu les combattants de l’Unité 400 ouvrir le feu dès leur entrée dans sa maison. Onze membres de sa famille ont été tués. Il n’a survécu qu’en se cachant dans un garde-manger à l’étage.

Une autre faction impliquée dans l’attaque était la brigade Sultan Suleiman Shah, selon des survivants qui ont reconnu ses insignes. Cette brigade s’est fait connaître comme milice soutenue par la Turquie pendant la guerre civile, et elle fait l’objet de sanctions américaines depuis 2023, accusée par le département du Trésor des États-Unis de «harcèlement, enlèvements et autres abus». Al-Jassim a déclaré à Reuters que ces accusations étaient «des inventions» et a décrit ses hommes comme «très disciplinés».
La suite :

source : Reuters via Le blog d’Alain Marshal



 
Non, pas vraiment !

Les nazislamistes de HTS ne valent pas mieux que le boucher sanguinaire Bachar, fidèle ami du boucher du Kremlin ;)
si si j’ai bien compris, les chrétiens sont en train de se faire erradiquer de syrie par jolani le daeshien mais toi t’es focus sur les chiites comme tous sionistes de base

Je rappelle que c’est l’iran qui a nettoyer l’Irak de daech...tu dois être déçu

La syrie allait très bien avant les mercenaires occidentaux daechiens
 
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