Abdelkader Haddad échappe à la vigilance de ses gardes et débarque sur la côte espagnole comme tout autre immigrant. Son évasion illustre les règlements de comptes et les rivalités au sein de l'état-major de la gigantesque armée algérienne.
Àbord d'une vedette rapide et aux premières heures du matin, la disgrâce de l'un des militaires les plus puissants d'Algérie a été consommée. Entre le 18 et le 19 septembre, le général Abdelkader Haddad , plus connu sous le surnom de Nasser El Djinn (le Diable), a traversé la Méditerranée, fuyant son pays comme de nombreux autres immigrés algériens . Sa destination était la Costa Blanca, à Alicante, selon des expatriés algériens et des sources policières dans la province.
Mais le profil de Haddad ne ressemble en rien à celui du reste de ses compatriotes qui ont traversé la mer pour rejoindre l'Espagne. Pendant un an, le général a dirigé la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le plus puissant service de renseignement algérien. Il y a quatre mois, il a été démis de ses fonctions pour des raisons non précisées et incarcéré dans deux prisons militaires, d'abord à Blida puis à Béchar, avant d'être assigné à résidence dans une villa du quartier huppé de Dely-Ibrahim à Alger. Il devait être jugé prochainement, bien que les crimes qui lui sont reprochés restent inconnus.
Malgré la surveillance de la police militaire, le général a réussi à s'échapper. À son arrivée à Alicante, il a expliqué avoir pris cette décision car il savait qu'il serait exécuté avant même de comparaître devant le juge. Sa mort, a-t-il ajouté, aurait été présentée comme un suicide. Abdelkader Haddad connaît bien l'Espagne, où il possède des biens. Il s'était déjà exilé à Alicante à la fin de la décennie précédente pour échapper aux purges menées par le chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, après l'éviction du général Mohamed Mediène en 2015 et le démantèlement de son puissant Département d'investigation et de sécurité (DRS). Ce stratagème est significatif car c'est la première fois que des rivalités au sein de l'armée algérienne ont éclaté à cette époque.