« si tu veux un scooter, tu n'as qu'à monter une association »

Voilà comment on achète des électeurs et un peu la "paix sociale" et ça dure .
Détournements de fonds : lourde peine requise contre la députée Sylvie Andrieux

Des circuits de ramassage en bus pour aller voter

Le témoignage d'un responsable associatif mercredi, Abderrezak Zeroual, avait également fragilisé un peu plus la défense de Sylvie Andrieux. Il avait décrit par le menu le rôle d'un des bénéficiaires du système de subventions à ces associations fictives lors des jours d'élections : «Il assurait la sécurité des élections le jour J» et «organisait les circuits de ramassage» en bus pour aller voter.

«Ce dossier est le dossier d'un système dont Mme Andrieux détenait les clés. Vous les avez remises à des envahisseurs qui sont entrés dans le temple et l'ont pillé. Dans ce pillage organisé, il faut occuper le terrain, le labourer et en récolter le produit en terme électoral, voilà ce dossier…» a résumé Jules Pinelli, alors que la députée semblait accuser le coup.


Outre trois ans de prison dont deux avec sursis et une amende de 100 000 euros, l'avocat général Jules Pinelli a requis, vendredi 6 juin, la confirmation de la peine d'inéligibilité de cinq ans prononcée par le tribunal correctionnel de Marseille le 22 mai 2013.

« SI TU VEUX UN SCOOTER, TU N'AS QU'À MONTER UNE ASSOCIATION »

Aucun enrichissement personnel n'est reproché à la parlementaire. Mais elle est accusée, lorsqu'elle était vice-présidente (PS) du conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) en charge de la politique de la ville, d'avoir fermé les yeux et encouragé le versement de subventions à des associations fictives, des coquilles vides créées au seul but d'escroquer la Région.
Entre 2005 et 2008, un total de 716 000 euros a ainsi été « flambé » par les deux principaux bénéficiaires de la fraude, le responsable d'une association de commerçants d' une cité et un caïd plusieurs fois condamné. « Comment ça se fait que presque un million d'euros parte ainsi en fumée ? » s'est étonnée la présidente de la cour, Monique Zerbib. Un des prévenus a rapporté que, « dans les quartiers, il se disait que si tu veux un scooter, une voiture, de l'argent, tu n'as qu'à monter une association ».

« LES VANNES OUVERTES EN GRAND DANS UN BUT ÉLECTORALISTE »

Rolland Balalas, à l'époque des faits assistant parlementaire de Sylvie Andrieux, également secrétaire général du groupe PS au conseil régional, a confirmé les visées électoralistes de ces versements à des « leaders d'opinion ». « Les vannes sont ouvertes en grand dans un but électoraliste. Mme Andrieux se foutait de savoir si ce qu'on finançait était bon ou pas à partir du moment où ça augmente sa popularité. »
Sur les six millions d'euros destinés à la politique régionale de la ville, 75% des fonds étaient alloués à des dossiers portés par la députée, a rapporté un cadre de la Région. L'avocat général a dénoncé « un système dont les clés étaient détenues par Mme Andrieux. Vous les avez remises à des envahisseurs qui sont entrés dans le temple et l'ont pillé. En contrepartie de ce pillage organisé et autorisé, a ajouté M. Pinelli, il faut occuper le terrain, le labourer et en récolter le produit en termes de bénéfice électoral. »

Mme Andrieux conteste avoir eu vent des très nombreuses alertes lancées plusieurs années avant qu'un signalement Tracfin, en juin 2007, ne provoque une enquête judiciaire. « Je n'avais pas de délégation pour mettre mon nez dans l'administration », s'est défendue l'élue, qui assure n'avoir joué aucun rôle dans l'attribution des subventions.
 
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