Des tirs sur les forces de l'ordre, des magasins pillés, des familles de gendarmes et d'élus évacuées après que leurs maisons ont brûlé… En Nouvelle-Calédonie, la nuit du 13 au 14 mai a été explosive. Une partie de la population désapprouve violemment le projet du gouvernement français, qui souhaite le dégel du corps électoral sur l'île. Ce dégel est examiné ce mardi par l'Assemblée nationale, qui doit se prononcer sur une révision de la Constitution.
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Jusqu'à présent, seules les personnes ayant vécu en Nouvelle-Calédonie entre 1988 et 1998 (et leurs enfants) pouvaient participer au scrutin. Si elle est approuvée, cette révision permettra à davantage de personnes de voter en Nouvelle-Calédonie, notamment des résidents de plus de dix ans sur l'île. Plus de 25 000 personnes pourraient ainsi voter pour la première fois, soit une augmentation de plus de 14 % du corps électoral. Une mesure « démocratique », estime le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Mais les indépendantistes kanaks – le peuple autochtone de l'île – tiennent à la spécificité de leur régime, assez restrictif, et souhaitent garder le plus de contrôle possible sur leurs terres.
En réponse à ces heurts, le Premier ministre, Gabriel Attal, a lancé un appel au calme. Un déplacement de Gérald Darmanin n'est pas prévu, d'autant plus compte tenu de l'attaque meurtrière d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure, qui a eu lieu mardi après-midi. La ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, reste pour l'instant à La Réunion, où elle rencontre une délégation syndicale ce mardi. Les touristes, eux, annulent leurs vacances et l'île se prépare à une nouvelle nuit de débordements.
René Dosière : « Il est urgent que le Premier ministre Gabriel Attal se saisisse du dossier calédonien »
À Paris, l'exécutif s'inquiète de cette poussée de violence. « Je ne vois pas de sortie de crise pour l'instant », explique un gradé. Ainsi, plusieurs escadrons de gendarmerie s'apprêtent à décoller pour l'aéroport de La Tontouta, près de Nouméa, où les vols commerciaux ont été annulés par la compagnie aérienne locale. Ces gendarmes doubleront les effectifs sur place, qui peinent à contenir les émeutiers. « Quand on voit des habitants constituer des milices de protection, ça devient très chaud », souffle ce gradé passé par la « Calédo ». Et qui en connaît le contexte périlleux : « C'est une île avec assez peu de routes, vite bloquables, longue de 500 kilomètres de long, sur laquelle on peut difficilement se déployer. »
L'île est majoritairement sous le contrôle des gendarmes, hormis la ville de Nouméa, qui dispose d'un commissariat de police, lequel gère aussi l'aéroport. « Nous faisons face à une situation très tendue », s'inquiète Cédric Boyer, délégué Alliance Police Nationale pour les DROM-TOM, qui suit les heurts au jour le jour. La ville de Nouméa est cernée de barricades et l'accès à l'aéroport est très difficile. Un couvre-feu a été instauré par les autorités du mardi 14 mai à 18 heures (heure locale, 9 heures à Paris) jusqu'au mercredi 15 mai à 6 heures. Les lycées et les écoles ont été fermés.
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Jusqu'à présent, seules les personnes ayant vécu en Nouvelle-Calédonie entre 1988 et 1998 (et leurs enfants) pouvaient participer au scrutin. Si elle est approuvée, cette révision permettra à davantage de personnes de voter en Nouvelle-Calédonie, notamment des résidents de plus de dix ans sur l'île. Plus de 25 000 personnes pourraient ainsi voter pour la première fois, soit une augmentation de plus de 14 % du corps électoral. Une mesure « démocratique », estime le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Mais les indépendantistes kanaks – le peuple autochtone de l'île – tiennent à la spécificité de leur régime, assez restrictif, et souhaitent garder le plus de contrôle possible sur leurs terres.
Une profonde revendication politique
Dans la nuit de lundi à mardi, la violence est montée d'un cran : 54 gendarmes et policiers ont été blessés et 82 personnes ont été interpellées. « On est proches de l'insurrection », s'alarme un gradé de la gendarmerie. Depuis la France, les scènes peuvent rappeler celles de juin 2023, déclenchées à la suite de la mort du jeune Nahel un peu partout sur le territoire. Alors, de Nouméa à Nanterre : même combat ? Pas vraiment, estiment les acteurs interrogés par Le Point, pour qui l'épaisseur des revendications politiques des Kanaks a peu à voir avec la légèreté avec laquelle les jeunes émeutiers de métropole ont pillé et saccagé certains quartiers.En réponse à ces heurts, le Premier ministre, Gabriel Attal, a lancé un appel au calme. Un déplacement de Gérald Darmanin n'est pas prévu, d'autant plus compte tenu de l'attaque meurtrière d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure, qui a eu lieu mardi après-midi. La ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, reste pour l'instant à La Réunion, où elle rencontre une délégation syndicale ce mardi. Les touristes, eux, annulent leurs vacances et l'île se prépare à une nouvelle nuit de débordements.
René Dosière : « Il est urgent que le Premier ministre Gabriel Attal se saisisse du dossier calédonien »
À Paris, l'exécutif s'inquiète de cette poussée de violence. « Je ne vois pas de sortie de crise pour l'instant », explique un gradé. Ainsi, plusieurs escadrons de gendarmerie s'apprêtent à décoller pour l'aéroport de La Tontouta, près de Nouméa, où les vols commerciaux ont été annulés par la compagnie aérienne locale. Ces gendarmes doubleront les effectifs sur place, qui peinent à contenir les émeutiers. « Quand on voit des habitants constituer des milices de protection, ça devient très chaud », souffle ce gradé passé par la « Calédo ». Et qui en connaît le contexte périlleux : « C'est une île avec assez peu de routes, vite bloquables, longue de 500 kilomètres de long, sur laquelle on peut difficilement se déployer. »
L'île est majoritairement sous le contrôle des gendarmes, hormis la ville de Nouméa, qui dispose d'un commissariat de police, lequel gère aussi l'aéroport. « Nous faisons face à une situation très tendue », s'inquiète Cédric Boyer, délégué Alliance Police Nationale pour les DROM-TOM, qui suit les heurts au jour le jour. La ville de Nouméa est cernée de barricades et l'accès à l'aéroport est très difficile. Un couvre-feu a été instauré par les autorités du mardi 14 mai à 18 heures (heure locale, 9 heures à Paris) jusqu'au mercredi 15 mai à 6 heures. Les lycées et les écoles ont été fermés.