BismiLLehi ar-Rahmâni ar-Rahîm
Ibn Aqîl (rahimahullâh) a dit :
« Je condamne le soufisme [1] pour des pratiques que la « Charîah » désapprouve :
Ils ont fondé des endroits de rassemblement dinactivité quils appellent « al-Arbita », quils ont remplacé aux mosquées. Ce ne sont ni des mosquées ni des demeures, ni des compartiments. Ils sy sont installés plutôt que de gagner leur vie et y mènent une vie bestiale en mangeant, buvant, dansant et chantant.
Ils raccommodent leurs vêtements avec des morceaux de tissu en soie colorés, ce qui a attiré les masses. Ils ont séduit les femmes et les jeunes garçons en faisant des dessins sur leurs vêtements. Quand ils pénètrent dans une demeure où se trouvent des femmes, ils nen ressortent sans avoir perverti les curs des femmes contre leur mari. Ils acceptent la nourriture et les dons de la part des oppresseurs, des pervers et des voleurs parmi les collecteurs dimpôts, les soldats et les douaniers.
Ils vont en compagnie de beaux garçons aux « Samâat » [lieu où ils écoutent les chants et les mélodies]. Ils les amènent dans des rassemblements illuminés par des bougies et se mêlent aux femmes étrangères sous prétexte de les faire habiller dune « Khirqa » [Lhabit de laine du soufi par excellence] et partage lhabit de toute personne en entrant en transe.
Ils appellent la réjouissance musicale extase [Wajd], linvocation temps [Waqt] et le partage des habits des gens règle [Houkm]. Ils ne sortent dun lieu où ils ont été invités quaprès avoir imposé une autre invitation et disent que cest une obligation. Croire à une telle chose est mécréance [Koufr] et sa pratique est perversité [Fisq].
Les soufis croient que chanter au rythme des barres de fer est une forme dadoration, ainsi quil nous est parvenu de leur part que linvocation lors dun chant ou dun groupe est exaucée, mais une telle croyance est aussi mécréance, puisque quiconque croit quil peut se rapprocher dALLâh via des rites qui sont déconseillés [Makrouh] ou illicite [harâm] devient mécréant [kâfir]. Car de telles conduites sont considérées par les savants comme illicites ou déconseillées.
En outre, les Soufîs abandonnent leur volonté à leurs gourous en disant quon ne peut sopposer à leurs décisions en quoi que ce soit. Ainsi, le SHeikh se trouve au-dessus de tenir des propos blasphématoires de mécréance et dégarement [dhallâl] quils appellent extase et de faire des actes reconnus par la religion comme perversion.
Sil embrasse un jeune garçon, on dit que cest une miséricorde, sil se tient à lécart avec une femme étrangère, on dit que cest sa fille qui porte « al-Khirqa » et sil attribue un habit à une personne autre que son propriétaire et sans accord de ce dernier, on dit que cest la règle de « al-Khirqa ».
[...]
Les Soufîs sont les premiers à avoir de termes comme « Ceci est la Loi [Charîa] et cela est la réalité [Haqîqa] », mais cela est une chose inacceptable. La Loi est ce quAllâh a prescrit pour le bien de lhumanité et de toute affirmation au-delà, relève dans les esprits de linspiration des « Chayâtine » [Satan]. Toute personne recherchant la vérité [haqq] en dehors de la Loi divine est en égarée [maghrour] et trompée [makhdou]. Quand ils entendent quelquun rapporter un hadîth du Prophète (sallallahu alayhi wa sallam), ils disent : « Les pauvres ! Ils prennent leur hadîth dun mort et vers un mort. Tandis que nous prenons le nôtre du Tout Vivant, lImmortel [al-ladhî lâ yamût] ».
Si quelquun dit : « Mon père ma dit daprès mon grand-père », on lui dira : « Mon cur ma dit daprès mon Seigneur ». Ainsi, ils se sont égarés et ont détourné beaucoup de faibles desprit, en inventant des légendes et en dépensant pour cela de largent.
En réalité, les Jurisconsultes [Fuqahâ] ont le même rôle que les médecins. Largent dépensé pour eux est comme faite pour le traitement, alors que largent dépensé pour tels imposteurs est comme la dépense faite pour les chanteuses [al-moughaniyât]. La haine des soufis contre les Jurisconsultes [savants musulmans] est une grande mécréance [Zandaqa] car ces derniers les mettent en garde contre leur égarement [dhallâlahoum] et leur perversité [fassiqahoum]. Certes, la vérité [al-haqq] pèse lourd au même titre que la Zakât. Il est de ce fait plus facile pour certains de dépenser de largent pour les chanteuses et les poètes pour leurs louanges. Ils détestent également les Gens du Hadîth [Ashab al-Hadîth]
[...]
Ils ny a pas plus dangereux pour la « Charîah » [Loi Divine] que les gens du « Kalâm » [Rhétorique] et les Soufîs. Les premiers corrompent la foi des gens par des doutes [Choubouhât] dictés par leurs esprits et les derniers pervertissent les actes des gens et cherchent à démolir les fondements et les commandements divins. Ils préfèrent le chômage et lécoute des chansons.
Quant aux premières générations [Salaf], elles nétaient pas comme eux, au contraire, elles étaient soumises dans leur dogme [Aqîda] et étaient actives et consciencieuses.
Mon conseille pour mes frères, cest de ne pas se faire influencer par les paroles des gens du « Kallâm », et de ne pas prêter loreille aux simplicités des Soufîs. Travailler pour gagner sa vie est meilleure que le chômage du Soufisme, et sattacher aux vérités vaut mieux que dapprofondir des choses copiées à la manière des faux dévots. Ceci étant, nous constatons que le but des gens du Kalâm, est de semer le doute dans les esprits, et celui des Soufîs est de pervertir [...]. » [2]
Notes
[1] Les Ulémas ont dit que lIslâm na pas connu le nom de « Soufîsme », ni à lépoque du Prophète, ni à celle de ses compagnons et moins encore à lépoque de ceux qui sont venus après les compagnons du Prophète (sallallahu alayhi wa sallam). Lapparition de ce phénomène a concordé avec lapparition dun groupe dascètes qui portaient des habits en « Soûf » [laine en arabe], doù leur surnom de « Soufî ». Certains affirment également que leur nom vient du mot « Soufiyyâh » qui signifie sagesse en grec et non du mot « safâ » qui signifie en arabe la pureté comme certains laffirment, car ladjectif dérivé du « Safâ » est « Safâ-î » et nom « Soufî ». Il regroupe plusieurs confréries telles que le Tîdjâniyyah, la Qâdarîyyah, la nakhchabandîyyah, la Châdhalîyyah, la Rifâîyyah, etc.
Ibn Taymiyyah (rahimahullâh) de son côté dit : « Les musulmans des premières générations [Salaf] appelaient « al-Qurrâ » les hommes de religions et de science ; ce terme rejoint donc à la fois « al-Ulémâ » et « an-Nussâk ». Puis, à ensuite, le nom « as-Soûfiyyah et Fuqarrâ ». [Kitâb « Al-Furqân bayna Awliyâ ar-Rahmân wa Awliyâ ach-Chaytân » - p.129].
[2] Kitâb « Talbîs Iblîs » de Ibn al-Djawzî, p.384-385