Houellebecq attise la polémique religieuse
Le dernier livre de Michel Houellebecq n’est pas encore dans les librairies qu’il domine la rentrée littéraire. Tapage justifié, ou excessif ? Tentatives de réponses… L’histoire d’un François…
Soumission raconte en exactement 300 pages la conversion à l’islam d’un universitaire, François, après quelques amours ratées et une tentative manquée de conversion au catholicisme. En toile de fond, la victoire à l’élection présidentielle de 2022 de Mohammed Ben Abbès : le candidat de la Fraternité musulmane, ancien condisciple à l’ENA de Laurent Wauquiez, l’emporte contre Marine Le Pen, grâce à l’appui du PS et de l’UMP. Il prend François Bayrou comme Premier ministre.
Un livre contre l’islam ?
Oui et non. Oui, Michel Houellebecq a dit que « la religion la plus ***, c’est l’islam », et a souvent mis en scène dans ses livres les effets d’un fanatisme musulman. Il annonce ici « une guerre civile entre les immigrés musulmans et les populations autochtones d’Europe occidentale ». Il l’admet dans un entretien à Mediapart , il « utilise le fait de faire peur ».
Mais non, car l’islam représente d’abord le retour du religieux en général, dont l’écrivain rappelle dans Mediapart qu’il stimule aussi les évangélistes. Pour lui, pas de doute : « Il y a plus d’opposition foncière entre un musulman et un athée laïc qu’entre un musulman et un catholique » – et il se range du côté des religieux contre les héritiers des Lumières.
Le roman de Zemmour ?
Non. Houellebecq dit n’avoir pas lu Le Suicide français d’Éric Zemmour. Une première différence est dans le positionnement des auteurs : Zemmour oppose « musulmans » et « Français de souche » (plutôt laïcs, sinon catholiques), quand Houellebecq trace la ligne de partage entre laïcs et religieux. Dans l’univers de Houellebecq, Zemmour serait du côté des « identitaires » ou, en version non-violente, du Front national. L’autre différence, essentielle, est que Zemmour a écrit un essai, et Houellebecq, un roman. Avec les nuances et l’humour qui manquent à l’auteur du Suicide français.
Un bon livre ?
Oui. Du pur Houellebecq : une histoire dont on veut connaître la fin, des personnages de ratés attachants, un style aussi épuré qu’efficace, une pincée de sexe, une bouffée de l’air du temps. « Tout, écrit Bernard Pivot dans le JDD , est à la fois énorme et subtil, outré et malin, invraisemblable et logique ».
En clair, on peut ne pas être d’accord avec cette phrase de Soumission : « Un livre qu’on aime, c’est avant tout un livre dont on aime l’auteur ». Houellebecq n’est sans doute pas « aimable », mais l’amabilité n’est pas une qualité littéraire.
http://www.bienpublic.com/actualite/2015/01/06/houellebecq-attise-la-polemique-religieuse
Le dernier livre de Michel Houellebecq n’est pas encore dans les librairies qu’il domine la rentrée littéraire. Tapage justifié, ou excessif ? Tentatives de réponses… L’histoire d’un François…
Soumission raconte en exactement 300 pages la conversion à l’islam d’un universitaire, François, après quelques amours ratées et une tentative manquée de conversion au catholicisme. En toile de fond, la victoire à l’élection présidentielle de 2022 de Mohammed Ben Abbès : le candidat de la Fraternité musulmane, ancien condisciple à l’ENA de Laurent Wauquiez, l’emporte contre Marine Le Pen, grâce à l’appui du PS et de l’UMP. Il prend François Bayrou comme Premier ministre.
Un livre contre l’islam ?
Oui et non. Oui, Michel Houellebecq a dit que « la religion la plus ***, c’est l’islam », et a souvent mis en scène dans ses livres les effets d’un fanatisme musulman. Il annonce ici « une guerre civile entre les immigrés musulmans et les populations autochtones d’Europe occidentale ». Il l’admet dans un entretien à Mediapart , il « utilise le fait de faire peur ».
Mais non, car l’islam représente d’abord le retour du religieux en général, dont l’écrivain rappelle dans Mediapart qu’il stimule aussi les évangélistes. Pour lui, pas de doute : « Il y a plus d’opposition foncière entre un musulman et un athée laïc qu’entre un musulman et un catholique » – et il se range du côté des religieux contre les héritiers des Lumières.
Le roman de Zemmour ?
Non. Houellebecq dit n’avoir pas lu Le Suicide français d’Éric Zemmour. Une première différence est dans le positionnement des auteurs : Zemmour oppose « musulmans » et « Français de souche » (plutôt laïcs, sinon catholiques), quand Houellebecq trace la ligne de partage entre laïcs et religieux. Dans l’univers de Houellebecq, Zemmour serait du côté des « identitaires » ou, en version non-violente, du Front national. L’autre différence, essentielle, est que Zemmour a écrit un essai, et Houellebecq, un roman. Avec les nuances et l’humour qui manquent à l’auteur du Suicide français.
Un bon livre ?
Oui. Du pur Houellebecq : une histoire dont on veut connaître la fin, des personnages de ratés attachants, un style aussi épuré qu’efficace, une pincée de sexe, une bouffée de l’air du temps. « Tout, écrit Bernard Pivot dans le JDD , est à la fois énorme et subtil, outré et malin, invraisemblable et logique ».
En clair, on peut ne pas être d’accord avec cette phrase de Soumission : « Un livre qu’on aime, c’est avant tout un livre dont on aime l’auteur ». Houellebecq n’est sans doute pas « aimable », mais l’amabilité n’est pas une qualité littéraire.
http://www.bienpublic.com/actualite/2015/01/06/houellebecq-attise-la-polemique-religieuse