! c'est pas tant le lavage mortuaire qui change une personne c'est plutôt de côtoyer la mort d' un proche d'aussi près !
Allah yehdina jami3oune
Fi amanillah
Amine !
En tous cas cela a profondément bouleversé ma vision de la vie (et fort heureusement de façon durable, du moins jusqu'à aujourd'hui encore). Je m'oblige à parfois aller visiter des cimetières car cela me permet de remémorer la mort à laquelle on ne pense jamais au quotidien.
En fait, nous sommes incessamment dans la projection vers le futur, sur ce que l'on fera tout à l'heure, demain, sur tel ou tel projet professionnel/personnel, sur notre prochain achat, sur la façon dont l'on doit dépenser son argent afin d'en avoir encore assez pour les factures, sur ce que l'on va pouvoir organiser avec les amis etc.... sans réaliser que tout peut s'arrêter en une fraction de seconde (en traversant la rue, en allant dormir etc...)
Au final, on prend tellement goût à ce bas monde qu'on finit par tout prendre à coeur. La moindre dispute et c'est la fin du monde, le moindre désaccord acquiert une importance incommensurable, le moindre regard de travers, la moindre remarque, la moindre erreur deviennent tellement gros.
On accepte difficilement l'imperfection des gens (sans réaliser que cette imperfection que l'on pense déceler n'est peut-être en réalité qu'une vision déformée due à notre propre imperfection), l'on se fâche rapidement, l'on déprime à la moindre déconvenue face à un "accident" de la vie (aussi relatif soit-il). On perd de l'argent c'est un drame, l'on mange un repas froid c'est un drame, l'on se fait dépasser de façon un peu maladroite c'est un drame....
Alors que quand on réalise que la mort constitue la seule réalité inévitable, à laquelle personne ne pourra se soustraire, qu'elle mettra fin à tout ce que l'on convoite ici-bas, que tout ce qui possède de l'importance à nos yeux ne constitue qu'une vaste illusion (en dehors des bonnes actions qui prendront leur sens dans l'au-delà), alors l'on se dit que finalement tout ce qui nous arrive en "mal" n'est pas si important que cela, que ce ne sont que des illusions et que cette douleur, cette émotion forte consécutive à cette "mauvaise" expérience n'est qu'éphémère et ne possède pas grand intérêt en fait. Quand je vois ces tombes dans les cimetières, je me dis qu'eux aussi ont du connaitre des disputes, des déconvenues, des drames et au final tout cela est loin derrière eux, que ce n'était pas éternel, que ce sera pareil pour nous et qu'en conséquence il faut dédramatiser les choses.
Cependant, cela est normal que l'on ne réagisse pas ainsi sur le moment. Dans l'immédiateté de l'action, l'émotion est plus forte que la raison. Le plus dur étant, passé ce moment où les sentiments négatifs nous submergent, de réaliser le caractère futile de ce qu'il vient de se passer. Tout à l'heure je me suis disputé gravement avec quelqu'un de mon entourage et sur le moment je ne voulais plus le voir, je pensais que la responsabilité intégrale de la dispute lui revenait et j'avais la haine, prêt à écraser tous ceux sur mon chemin lors même qu'en y réfléchissant après coup, c'est complètement stupide de ma part. Mon égo m'a dominé alors qu'il n'y a rien de grave et que cela ne vaut pas le coup de se disputer avec quelqu'un qui compte lors même que l'on risque de se rendre compte de la réelle importance qu'il revêt pour nous qu'une fois sa mort survenue (si tant est qu'elle survient avant la nôtre).
Désolé de faire long mais ça me fait du bien de me livrer un peu parfois (j'ai pas vraiment la possibilité dans mon milieu). J'espère que cette expérience vous sera profitable sur le long terme et si cela peut calmer votre tristesse, dites-vous qu'enfin votre amie est délivrée de la prison que constitue cette vie, qu'elle se repose enfin réellement et que tous ses soucis, toutes ses souffrances sont désormais terminées avec l'espoir qu'Allah l'accueille dans son paradis et lui épargne les tourments de la tombe et de l'au-delà.
Peut-être même que c'est elle qui se trouve actuellement triste pour vous du fait que vous soyez encore emprisonné(e) là.