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PLD (Peace, Love and Diversity)
http://www.lemonde.fr/europe/articl...-la-voie-du-djihad-en-syrie_3169208_3214.html
Belges, jeunes et engagés dans la voie du djihad en Syrie
Le Monde.fr | 11.05.2013 à 14h21 • Mis à jour le 11.05.2013 à 14h23 | Par Mathilde Carton
Sammy apparaît dans un camp d'entraînement, dans une vidéo diffusée par la RTBF. | RTBF
Bruxelles, envoyée spéciale. Quatre parcours, un même objectif : rejoindre les rebelles syriens. Sammy, Sean, Zacharia et Ismaïl ont entre 16 et 23 ans et sont originaires de Laeken et de Schaerbeek, deux quartiers populaires de Bruxelles. Ces aspirants combattants font partie des 80 (selon Europol) à 300 Belges (d'après une bonne source musulmane belge), ayant rejoint des groupes djihadistes en Syrie. Une proportion inouïe au regard des cinq cents Européens recensés par l'université britannique King's College.
Pourquoi sont-ils partis ? Quête d'identité, idéalisme, lavage de cerveau ? En espérant un hypothétique retour, leurs familles, rencontrées à Bruxelles fin avril, essaient de garder contact par texto. Mais les enfants le répètent : leur vie n'est plus en Belgique.
Belges, jeunes et engagés dans la voie du djihad en Syrie
Le Monde.fr | 11.05.2013 à 14h21 • Mis à jour le 11.05.2013 à 14h23 | Par Mathilde Carton
Sammy apparaît dans un camp d'entraînement, dans une vidéo diffusée par la RTBF. | RTBF
Bruxelles, envoyée spéciale. Quatre parcours, un même objectif : rejoindre les rebelles syriens. Sammy, Sean, Zacharia et Ismaïl ont entre 16 et 23 ans et sont originaires de Laeken et de Schaerbeek, deux quartiers populaires de Bruxelles. Ces aspirants combattants font partie des 80 (selon Europol) à 300 Belges (d'après une bonne source musulmane belge), ayant rejoint des groupes djihadistes en Syrie. Une proportion inouïe au regard des cinq cents Européens recensés par l'université britannique King's College.
Les deux fils d'Abdelwahad sont partis en Syrie à trois mois d'intervalle. "A partir du moment où mon fils aîné a commencé à fréquenter la mosquée de Vilvorde, il s'est fait embrigader." Pour ce chauffeur de voitures ministérielles, il n'y a pas de doute : Sharia4Belgium a manigancé le départ de Zacharia et d'Ismaïl. Cette organisation islamiste, qualifiée de "groupe terroriste" par Europol et sous le feu de la justice belge, enverrait des combattants en Syrie.
Etudiant en ingénierie électro-mécanique, Zacharia est volontiers décrit comme un "gamin joyeux et vivant", bien intégré à la société belge. Né de parents marocains divorcés depuis 2010, il est musulman, mais pas fanatique. Jusqu'à cette retraite spirituelle de six jours à Vilvorde, en septembre. "Du jour au lendemain, il m'a dit qu'il voulait émigrer pour faire la guerre sainte, s'indigne Abdelwahad. J'ai essayé de le dissuader : il ne voulait rien savoir." Le 24 décembre, la mère de Zacharia découvre un billet d'avion pour la Turquie sur sa table de chevet. Aller simple.
Les parents confisquent son passeport et essaient de le raisonner. "Je l'ai même emmené voir un imam de la mosquée du Cinquantenaire à Bruxelles. Il lui a dit que la guerre en Syrie était une guerre civile qui ne lui appartenait pas", s'énerve le père. Zacharia paraît plus ou moins convaincu, mais reste silencieux. Le 17 janvier, il part comme tous les matins en direction de l'école. A 23 heures, Zacharia appelle son petit frère : "Ça y est, je suis en Turquie." Ismaïl prévient la mère. De nouveau, c'est le branle-bas de combat.
Abdelwahad montre une photo de ses deux fils, Ismaïl et Zacharia. | MATHILDE CARTON
Accompagnés de l'oncle de Zacharia, les parents partent pour Istanbul le 22 janvier. Ils retracent le parcours de leur fils avec l'aide des autorités turques : de la téléboutique de la gare routière où Zacharia a appelé Ismaïl jusqu'à un premier hôtel à Adana. "Sur les vidéos de surveillance, j'ai vu mon fils en train de prendre son petit-déjeuner", s'étonne encore le quinquagénaire, dépassé par une situation irréelle. Il voit Zacharia payer la note d'hôtel avant de prendre un taxi en direction d'Antioche, à 200km de là. "C'est ça qui m'étonne, il avait de l'argent alors que je ne lui donnais que 160 euros par mois !"
Les parents remontent la piste jusqu'à un petit hôtel tenu par une Syrienne. La directrice se souvient de quatre Belgo-Marocains qui parlaient de rejoindre Alep. Elle refuse de leur louer une chambre. Trop dangereux. Les garçons laissent leurs affaires, et repartent le soir même. "On l'a raté de quatre jours, se désole Abdelwahad. Son trajet était tout tracé, et il avait de l'argent. Je suis convaincu qu'il a suivi une filière."
Le retour en Belgique est difficile. Ismaïl s'isole, secoué par le départ de son frère. Ses parents lui arrachent des informations ; Zacharia vit dans une maison abandonnée à Alep, avec d'autres Belges. Il a commencé un entraînement militaire avec le Front Al-Nosra, le principal groupe djihadiste syrien, apparenté à Al-Qaida. Le 8 mars, Zacharia appelle son père. "Il m'a dit qu'il cherchait le martyre, et qu'il voulait instaurer un califat en faisant la guerre contre les 'mécréants' ! J'ai eu peur, lâche Abdelwahad, épuisé. Il a été complètement retourné." Son père lui demande de rentrer. Zacharia a peur d'être fiché, de finir en prison.
Scolarisé au lycée Fernand Blum, le "petit Ismaïl" part à son tour le 4 avril avec un de ses camarades de classe, Bilal, 15 ans. Ils ont une scolarité irréprochable, exempte de tout problème disciplinaire. Les deux mineurs ont pris un aller simple pour la Turquie, sans même être questionné par la douane. Une fois arrivé, il envoie un SMS. "J'espère que vous n'êtes pas allés voir la police, je vous aime." Deux semaines plus tard, un nouveau texto : Ismaïl a lui aussi commencé l'entraînement militaire, aux côtés de son grand frère.
"Mon fils n'est pas un terroriste." Malgré l'épuisement, Chantal (le prénom a été changé) ne tremble pas. Son fils Sammy est parti en Syrie il y a six mois. Il a attendu que sa mère aille en Allemagne voir de la famille pour plier bagage. "Il m'a conduite à la gare routière, et m'a embrassée comme si de rien n'était. C'est la dernière fois que j'ai vu mon fils."
En guise de cadeau d'adieu, Sammy a adressé un Coran et un livre sur le dialogue musulman-chrétien à sa mère. | Lemonde.fr
Attablée dans un petit café du centre de Bruxelles, Chantal ressasse ce qui s'est passé : le mauvais pressentiment quand Sammy n'a plus répondu au téléphone, le retour précipité à Bruxelles dans son appartement vide... Seules reliques : un coran et un livre sur le dialogue chrétien-musulman, qui lui sont tous deux adressés. Elle dépose un avis de disparition. Quelques semaines plus tard, un coup de fil, enfin. "Il m'appelait de Turquie où il disait avoir rejoint les camps humanitaires à la frontière syrienne", raconte cette ancienne éducatrice de 62 ans. Sammy n'est pas parti seul. Il a embarqué avec cinq de ses amis, dont Sean, 23 ans. "Ils avaient prévu leur coup de longue date, explique Chantal. Il m'a dit qu'il ne reviendrait pas."
Converti à l'âge de 14 ans après le divorce de ses parents, Sammy a toujours été croyant. "A 7 ans, il m'a demandé s'il pouvait être baptisé. Ça a toujours été en lui", confit la mère, qui se définie comme étant "un peu chrétienne". Chantal l'encourage alors dans sa pratique, contrairement au père, catholique d'origine ivoirienne, qui rejette l'islam du fils. Après le bac, Sammy ne sait pas trop quoi faire. Il travaille quelques temps dans un garage, mais vit surtout au chômage.
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