Syrie : le prix payé par Al joulani pour la levée des sanctions US

Le 21 avril, Nour Kamal Khodr, 26 ans, a été enlevée avec ses deux filles, Naya Maher Qaidban, 5 ans, et Masa Maher Qaidban, 3 ans.

Nour et ses filles avaient quitté leur domicile du village d’Al-Mashrafa, dans la campagne de Homs, à midi, pour se rendre chez un voisin. Des témoins ont vu un groupe masqué, affilié à la Sureté générale dirigée par HTS, les enlever et les faire monter dans un véhicule arborant l’emblème du groupe avant de disparaître.

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Nour Kamal Khodr

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Naya Maher Qaidban, 5 ans, et Masa Maher Qaidban, 3 ans

Le 17 avril, le média irakien Al-Daraj a rapporté dix enlèvements confirmés de femmes alaouites dans les régions côtières. L’une des survivantes, utilisant le pseudonyme de Rahab, a raconté avoir été enlevée en plein jour et retenue dans une pièce verrouillée avec une autre femme.

Rahab a été libérée après que ses ravisseurs eurent apparemment craint une descente de la Sûreté générale. Elle a témoigné : « Ils nous ont torturées et battues. Il nous était interdit de nous parler, mais j’ai reconnu l’accent de nos ravisseurs. L’un parlait avec un accent étranger, l’autre avec un accent local d’Idlib. Je le savais, car ils nous insultaient pour notre appartenance alaouite. »

L’autre femme détenue avec elle, que nous appellerons Basma, est toujours captive. Elle a été contrainte de téléphoner à sa famille pour leur dire qu’elle allait « bien » et leur enjoindre de « ne rien publier » au sujet de son enlèvement.

Al-Daraj a également documenté le cas d’une jeune fille de 18 ans, elle aussi enlevée en plein jour, dans la campagne d’une ville côtière syrienne. Sa famille a ensuite reçu un SMS les menaçant de représailles s’ils parlaient de l’enlèvement — sinon, elle leur serait renvoyée morte. La jeune fille a plus tard envoyé un message vocal, depuis un numéro de téléphone enregistré en Côte d’Ivoire, affirmant qu’elle allait bien, tout en disant ignorer où elle avait été emmenée.

Les médias irakiens ont comparé ces cas au génocide des Yézidis perpétré par Daech à Sinjar. En 2014, plus de 6 400 Yézidis ont été réduits en esclavage par l’organisation. Des milliers ont été vendus en Syrie et en Turquie, comme esclaves domestiques ou sexuels, ou enrôlés de force dans les combats. Beaucoup sont toujours portés disparus [les exactions, enlèvements et assassinats sectaires en Syrie sont notamment documentées au quotidien en anglais sur ce compte Twitter et en arabe sur cette chaine Telegram] ; voir également ce raport d’Human Rights Watch du 14 mai 2025 sur les actes de torture et d’extorsion perpétrés contre les minorités en toute impunité par l’armée du nouveau régime].
 
HTS : la continuité idéologique de Daech

La présence de femmes alaouites à Idlib n’a rien de surprenant au regard de l’idéologie de Hayat Tahrir al-Cham (HTS). Cette organisation, qui a pris le contrôle d’Idlib en 2015 grâce à des missiles TOW fournis par la CIA, partage la même vision génocidaire que Daech. Fondée par Daech, elle a été dirigée par Charaa — alors connu sous le nom d’Abou Mohammad al-Julani — envoyé en Syrie en 2011 par le défunt « calife » Abou Bakr al-Baghdadi pour établir le Front al-Nosra, précurseur de HTS.

En 2014, le spécialiste de la Syrie Sam Heller décrivait les religieux du Front Al-Nosra comme promouvant un « sectarisme toxique — voire génocidaire » envers les Alaouites, inspiré des enseignements du théologien médiéval Ibn Taymiyya [né en 1263 et mort en 1328, il a été emprisonné à plusieurs reprises à Damas et au Caire en raison de ses positions extrémistes, notamment son recours fréquent à l’excommunication (takfîr) à l’égard d’autres courants de l’islam ; plusieurs siècles plus tard, ses écrits ont inspiré Muhammad ibn Abd al-Wahhâb, fondateur du wahhabisme, qui a trouvé un large écho avec la prise de pouvoir des Saoud en Arabie centrale, appuyée par les Britanniques au début du XXe siècle ; lorsqu’ils deviendront le principal allié des Saoud, les Etats-Unis les encourageront à diffuser le wahhabisme à travers le monde musulman ; c’est de cette idéologie que se revendiquent les mouvements terroristes tels qu’Al-Qaïda, Al-Nosra, Daech, HTS…].

Bien que HTS et Daech se soient opposés militairement en 2014, leurs liens ont perduré. Lorsque Baghdadi a été tué en 2019, il se cachait à Barisha, juste à l’extérieur de Sarmada, une zone contrôlée par HTS. À cette époque, de nombreux Yézidis réduits en esclavage se trouvaient également à Idlib.

The Guardian a confirmé cette information, citant Abdullah Shrem, un sauveteur yézidi, et Alexander Hug, de la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP), selon lesquels les disparus étaient souvent retenus « dans des zones hors du contrôle du gouvernement ».

En 2019, Ali Hussein, un Yézidi de Dohuk, a rapporté à la journaliste Jane Arraf (NPR) sa tentative de racheter la liberté d’une fillette yézidie de 11 ans, enlevée par Daech puis « vendue à un émir d’une branche d’Al-Qaïda en Syrie — le Front al-Nosra — [et] qui n’était plus vierge ».

« Je vous ai dit 45 000 dollars dès le départ. Je sais combien ils paient à Raqqa. Je vous ai dit qu’en Turquie, ils en offriraient 60 000 ou 70 000 dollars, puis lui prélèveraient ses organes. Mais je ne veux pas faire ça », a menacé le contact de Daech au cours des négociations.

Reuters a rapporté le sauvetage d’un jeune garçon yézidi, Rojin, capturé avec son frère et réduit en esclavage par Daech en 2014. À 13 ans, il avait été transféré dans le camp d’Al-Hol, géré par les Kurdes, dans l’est de la Syrie. Il y a été détenu aux côtés de milliers de familles et de partisans de Daech, après la chute de l’organisation à Baghouz en 2019.

Le combattant saoudien de Daech qui avait acheté Rojin a ensuite organisé son transfert clandestin vers Idlib. Rojin n’a été libéré qu’en novembre 2024, soit cinq ans plus tard, alors que HTS préparait son assaut éclair sur Alep.

Dans un autre cas rapporté par Reuters, un Yézidi de 21 ans, Adnan Zandenan, a reçu un message sur Facebook de son jeune frère qu’il croyait mort — lui aussi victime de trafic vers Idlib.

« Mes mains tremblaient. Je croyais qu’un ami me faisait une blague », s’est souvenu Zandenan. Mais son euphorie s’est rapidement muée en désespoir : son frère, alors âgé de 18 ans et complètement endoctriné par l’idéologie salafiste extrémiste, refusait de quitter Idlib et de revenir dans la communauté yézidie de Sinjar.
 
En décembre 2024, au lendemain même de l’entrée du HTS de Julani à Damas pour renverser le régime d’Assad, le média kurde irakien Rudaw rapportait qu’une femme yézidie de 29 ans avait été libérée de l’esclavage à Idlib.

Selon Rudaw, de nombreuses femmes yézidies ont été secourues dans le camp d’Al-Hol, administré par les forces kurdes.

Cependant, d’autres « ont été retrouvées dans des zones de Syrie contrôlées par les rebelles [HTS] ou par des groupes armés soutenus par la Turquie [SNA], et certaines ont même été localisées dans des pays tiers », précisait le média.

Dans les jours qui ont suivi la chute d’Assad, des foules en liesse ont envahi les places publiques, scandant des slogans en faveur de Julani, désormais renommé Ahmed al-Charaa.

Mais alors que les diplomates occidentaux se pressaient pour rencontrer le nouveau dirigeant, le véritable sens de cette « liberté » s’est rapidement dévoilé. Les enlèvements de femmes alaouites – qui rappellent tragiquement le sort réservé aux Yézidis – ont révélé que Julani ne faisait que rééditer le modèle instauré par Daech.

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[Bien qu’il n’ait que l’escalade belliciste à la bouche lorsqu’il s’agit de l’Ukraine, Macron n’a aucun scrupule à soutenir les régimes les plus sanguinaires du Moyen-Orient. Lors d’un récent briefing du Conseil de sécurité consacré à la Syrie, la France a évoqué en un seul mot sibyllin les crimes sexuels perpétrés contre les minorités en Syrie (« Restaurer la paix civile, c’est assurer la protection de tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance ethnique, religieuse ou de genre. »). La Russie, dont la base syrienne de Hmeimim héberge des milliers de Syriens fuyant les massacres, a été beaucoup plus explicite : « Il est tout aussi crucial de se pencher sur les informations faisant état d’enlèvements massifs de femmes et de jeunes filles syriennes dans l’ouest du pays. De tels actes sont inacceptables dans tout État se réclamant du sécularisme. Leurs auteurs doivent être identifiés et traduits en justice. »]
Sous couvert de libération, un système implacable de violences sectaires, d’esclavage et de viol s’est abattu sur les populations tombées sous sa domination.

Face aux dénégations croissantes, l’expert en génocide Matthew Barber a mis en garde contre un scénario tristement familier, semblable à celui qui a entouré les premiers jours du génocide des Yézidis : incrédulité, rejet, dérision – jusqu’à ce que la réalité se révèle bien plus atroce.

« Personne ne croyait que cela pouvait arriver… Même les analystes et journalistes occidentaux doutaient de nos témoignages », a déclaré Barber. « Et pourtant, la réalité s’est avérée encore plus terrible que ce que nous décrivions. »

Le silence des victimes n’est pas un choix : il leur est imposé. Et tandis que cette campagne de terreur genrée se poursuit, une question demeure : combien de temps encore le monde détournera-t-il le regard ?
 
Venant de l'un des plus grands handicapés du cœur jamais vus, qui n'a pas honte de soutenir les terroristes quand ils font du bon boulot pour Israël, c'est le comble.

Ton « angle d’attention aux réalités du monde » n’a jamais été, au maximum, que de 30 degrés (sur les 360 degrés de la vraie réalité).
Et c'est l'adorateur du fascisme russe qui me parle de coeur,
Honte de rien 😜
 
Le 21 avril, Nour Kamal Khodr, 26 ans, a été enlevée avec ses deux filles, Naya Maher Qaidban, 5 ans, et Masa Maher Qaidban, 3 ans.

Nour et ses filles avaient quitté leur domicile du village d’Al-Mashrafa, dans la campagne de Homs, à midi, pour se rendre chez un voisin. Des témoins ont vu un groupe masqué, affilié à la Sureté générale dirigée par HTS, les enlever et les faire monter dans un véhicule arborant l’emblème du groupe avant de disparaître.

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Nour Kamal Khodr

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Naya Maher Qaidban, 5 ans, et Masa Maher Qaidban, 3 ans

Le 17 avril, le média irakien Al-Daraj a rapporté dix enlèvements confirmés de femmes alaouites dans les régions côtières. L’une des survivantes, utilisant le pseudonyme de Rahab, a raconté avoir été enlevée en plein jour et retenue dans une pièce verrouillée avec une autre femme.

Rahab a été libérée après que ses ravisseurs eurent apparemment craint une descente de la Sûreté générale. Elle a témoigné : « Ils nous ont torturées et battues. Il nous était interdit de nous parler, mais j’ai reconnu l’accent de nos ravisseurs. L’un parlait avec un accent étranger, l’autre avec un accent local d’Idlib. Je le savais, car ils nous insultaient pour notre appartenance alaouite. »

L’autre femme détenue avec elle, que nous appellerons Basma, est toujours captive. Elle a été contrainte de téléphoner à sa famille pour leur dire qu’elle allait « bien » et leur enjoindre de « ne rien publier » au sujet de son enlèvement.

Al-Daraj a également documenté le cas d’une jeune fille de 18 ans, elle aussi enlevée en plein jour, dans la campagne d’une ville côtière syrienne. Sa famille a ensuite reçu un SMS les menaçant de représailles s’ils parlaient de l’enlèvement — sinon, elle leur serait renvoyée morte. La jeune fille a plus tard envoyé un message vocal, depuis un numéro de téléphone enregistré en Côte d’Ivoire, affirmant qu’elle allait bien, tout en disant ignorer où elle avait été emmenée.

Les médias irakiens ont comparé ces cas au génocide des Yézidis perpétré par Daech à Sinjar. En 2014, plus de 6 400 Yézidis ont été réduits en esclavage par l’organisation. Des milliers ont été vendus en Syrie et en Turquie, comme esclaves domestiques ou sexuels, ou enrôlés de force dans les combats. Beaucoup sont toujours portés disparus [les exactions, enlèvements et assassinats sectaires en Syrie sont notamment documentées au quotidien en anglais sur ce compte Twitter et en arabe sur cette chaine Telegram] ; voir également ce raport d’Human Rights Watch du 14 mai 2025 sur les actes de torture et d’extorsion perpétrés contre les minorités en toute impunité par l’armée du nouveau régime].
Les enlèvements de femmes et d'enfants, une pure tradition russe.
 
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