Économiquement si, en fait, il est l'une des composantes qui entre dans la détermination du taux d'inflation. Une économie sans inflation devrait s'imposer l'absence totale d'échange avec le monde extérieur où l'inflation aurait cours, car tôt au tard la montée des prix des importations en provenance de celui-ci entraînerait la nécessite d'une adaptation. Mais bref...
Au-delà de la technicité, ce qui me dérange surtout dans cet interdit de l'usure est qu'il ne tient absolument pas compte des raisons ni des circonstances de l'interdiction telle que pratiquée dans le Coran. Celle-ci avait trait aux conditions de l'usure de l'époque, et aux violations qu'elle entraînait souvent des principes d'égalité et de justice humaine chers aux Coran. On applique un interdit dans se trop se demander si on parle bien de la même chose en somme

. Ceux qui défendent cet interdit ne cherchent en général pas trop à savoir si les caractéristiques du prêt à intérêt (à taux régulé et non pas fixé arbitrairement, s'entend) correspondent encore à celles de l'usure dont parle le Coran. Ceux qui prennent la peine de le faire avec objectivité, s'aperçoivent bien que ce n'est pas le cas. Bien entendu le mécanisme du crédit nécessite une éthique qui appelle une réglementation.
La sourate 3, verset 125 stipule: "Ô vous qui croyez, ne vivez pas de l'usure (produisant le) double deux fois". Pour qui connaît les conditions de la pratique des prêts à l'époque de la Révélation, il s'agit d'une allusion claire à la pratique antérieure à l'Islam en Arabie, où l'emprunteur se devait de rembourser le double de la somme ou de la quantité empruntée. Le taux était donc de 100%. Ce qui en faisait un business rentable, on en conviendra

. Celui qui ne savait pas rembourser sa dette a terme échu et qui obtenait un délai de grâce devait rembourser le double du double, sans quoi il risquait sa propre ruine ou sa mise en esclavage. C'est là ce que le Coran condamne, cette usure arbitraire pratiquée avec une absence totale de régulation éthique, et entrainant ce type de conséquences amorales.
La volonté de ne pas appliquer d'intérêt amène parfois à des bricolages légaux qui produisent un effet encore pire. Pour ne prendre qu'un exemple, certains ulemas, toujours soucieux de trouver des entourloupettes pour rester dans le cadre apparent de la charia, ont inventé le contrat de vente 'salam' pour les agriculteurs qui, souvent, au début de leur récolte, ont besoin d'emprunter un capital nécéssaire à préparer et réaliser celle-ci.
Ce contrat est en fait une vente de leur récolte avec paiement à l'avance par l'acheteur, ce qui permet donc de financer celle-ci. Joli en apparence, sauf que bien souvent, en pratique, les agriculteurs très nécessiteux ou qui avaient peur que leur récolte pourrisse, devaient consentir à vendre le fruit futur de leur récolte pour la moitié de sa valeur. Autrement dit, l'acheteur faisait parfois un bénéfice substantiel par rapport à la valeur du bien acquis après coup... ce qui est tout à fait la même chose que de l'usure sauf que ça n'en porte pas le nom

. Bref, on produisait des effets pires que ceux qu'on cherchait à interdire sauf que l'honneur était sauf en apparence pcq on ne faisait pas de crédit à intérêt

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Assimiler l'intérêt dans le cadre d'une économie régulée à du vol est donc un peu ... euh... disons un raccourci écorné

. De plus en plus de législations de pays musulmans, à l'instar du Maroc ou de la Tunisie, l'acceptent en le dissociant de l'usure, en comprenant surtout que, régulé et légiféré, il est l'un des éléments moteurs d'un fonctionnement économique.