compteblad
PLD (Peace, Love and Diversity)
Témoignage « Je porte le voile intégral, cest mon choix »
n.c.
Mercredi 21 avril 2010
texto
Samia, 30 ans, porte le voile intégral depuis onze ans. Elle est en litige avec la commune dEtterbeek, qui lui a infligé une amende administrative pour port du voile intégral sur la voie publique. Elle témoigne de son expérience pour « Le Soir ».
« Dans le cadre du débat parlementaire sur le port du voile intégral dans lespace public et du procès qui moppose à la commune bruxelloise dEtterbeek, je fais lobjet dun grand nombre de sollicitations émanant de la presse, tant écrite quaudiovisuelle. Je nétais pas demandeuse pour prendre la parole. Jai donc décidé de mexprimer par voie de carte blanche.
Le point de vue que jy exprime est le mien et je nengage ni ne représente personne dautre. Chacune peut avoir des raisons différentes de porter le foulard intégral et je ne mexprime ni en leur nom ni au nom de lislam. Je ne suis ni théologienne ni militante. Je suis une citoyenne belge née en Belgique il y a 30 ans. Ma mère, belge, ainsi que mon beau-père mont éduquée dans les principes athées. Cest à lissue dun cheminement personnel que jai choisi de devenir musulmane.
Cela fait déjà onze ans que je porte une tenue vestimentaire qui voile entièrement mon corps et mon visage, sauf les yeux. Cest un choix personnel. Je ne le considère pas comme une obligation, mais comme un plus dans lexpression de ma foi. A mon sens, comment pourrait-on dailleurs parler dun acte religieux sil nest pas fait de notre propre chef ? En quoi nous serait-il utile ?
Ce choix, je ne tente pas de limposer, pas même à mes enfants. Il résulte dun cheminement spirituel personnel fait en toute liberté. Cest le fruit dune décision mûrement réfléchie et non dun mal-être. Jai fait vu de piété, à linstar dune religieuse chrétienne, tout en gardant une vie ordinaire en tant quépouse et que mère. Le bon comportement, la politesse, le respect et lempathie sont à mes yeux des valeurs plus importantes que mon apparence. Je me concentre sur ma vie spirituelle, sur le bien-être intérieur qui ne dépend pas de la projection dune simple image à laquelle on consacre de plus en plus dimportance, et à ce plaire à tout prix actuel qui veut que de plus en plus de monde se dépersonnalise afin dêtre accepté.
Certaines de mes amies qui portaient comme moi le foulard intégral par choix ont, sous la pression, préféré lenlever, ce qui entraîne chez elles une certaine frustration. Le porter est pour moi une liberté à laquelle je ne voudrais pas renoncer à cause dune contrainte que jestimerais injuste.
Je suis consciente que ce choix vestimentaire peut être de nature à interpeller, surtout lorsquil est réduit au mot burqa, vecteur de bien des fantasmes et de craintes. Dans ma vie, je veille à observer dans lespace public une attitude que je veux respectueuse et ouverte à légard de tout un chacun, dautant plus que mon apparence est de nature à renforcer les préjugés.
Le fait de mhabiller de la sorte nentrave pas mon droit à lexpression, à la pensée et au mouvement. Cest justement ce choix vestimentaire, compatible avec mes convictions religieuses, qui me permet dexister comme je le souhaite dans lespace public. Jy exerce un certain nombre dactivités, par exemple conduire mes enfants à lécole. De façon générale, y compris dans lespace public, je mabstiens de toute forme de prosélytisme ou de comportement attentatoire à lordre et la sécurité publics.
Je ne demande à personne dadhérer au choix que jai posé, mais de le respecter, tout simplement.
Mon choix ne signifie pas que je refuse toute forme de limitation de cette liberté. Je me soumets aux contrôles didentité, comme tout le monde, dans les mêmes conditions. Il y a des circonstances dans lesquelles montrer mon visage me semble tout à fait logique et normal, par exemple lorsque je fais mes papiers didentité, lorsquon me remet mes enfants, lorsque je passe des frontières, etc. Cest une simple question de bon sens. Je ne me considère pas différente à ce sujet parce que je porte le foulard intégral. Toutefois, je ne comprendrais pas que le porter implique que je sois soumise en tant que telle à de plus amples restrictions de ma liberté.
Cest avec désolation et tristesse que je constate la disproportion des moyens, ainsi que le temps et lénergie considérables déployés pour restreindre les libertés individuelles et les droits fondamentaux, surtout que cela concerne un nombre extrêmement limité de personnes. Ceci à un moment où la majorité de nos concitoyens sont confrontés au quotidien à des difficultés de plus en plus grandes : pauvreté, perte demplois, crise du logement, qualité de lenseignement, etc. autant denjeux qui sont communs à tous, au-delà des convictions.
n.c.
Mercredi 21 avril 2010
texto
Samia, 30 ans, porte le voile intégral depuis onze ans. Elle est en litige avec la commune dEtterbeek, qui lui a infligé une amende administrative pour port du voile intégral sur la voie publique. Elle témoigne de son expérience pour « Le Soir ».
« Dans le cadre du débat parlementaire sur le port du voile intégral dans lespace public et du procès qui moppose à la commune bruxelloise dEtterbeek, je fais lobjet dun grand nombre de sollicitations émanant de la presse, tant écrite quaudiovisuelle. Je nétais pas demandeuse pour prendre la parole. Jai donc décidé de mexprimer par voie de carte blanche.
Le point de vue que jy exprime est le mien et je nengage ni ne représente personne dautre. Chacune peut avoir des raisons différentes de porter le foulard intégral et je ne mexprime ni en leur nom ni au nom de lislam. Je ne suis ni théologienne ni militante. Je suis une citoyenne belge née en Belgique il y a 30 ans. Ma mère, belge, ainsi que mon beau-père mont éduquée dans les principes athées. Cest à lissue dun cheminement personnel que jai choisi de devenir musulmane.
Cela fait déjà onze ans que je porte une tenue vestimentaire qui voile entièrement mon corps et mon visage, sauf les yeux. Cest un choix personnel. Je ne le considère pas comme une obligation, mais comme un plus dans lexpression de ma foi. A mon sens, comment pourrait-on dailleurs parler dun acte religieux sil nest pas fait de notre propre chef ? En quoi nous serait-il utile ?
Ce choix, je ne tente pas de limposer, pas même à mes enfants. Il résulte dun cheminement spirituel personnel fait en toute liberté. Cest le fruit dune décision mûrement réfléchie et non dun mal-être. Jai fait vu de piété, à linstar dune religieuse chrétienne, tout en gardant une vie ordinaire en tant quépouse et que mère. Le bon comportement, la politesse, le respect et lempathie sont à mes yeux des valeurs plus importantes que mon apparence. Je me concentre sur ma vie spirituelle, sur le bien-être intérieur qui ne dépend pas de la projection dune simple image à laquelle on consacre de plus en plus dimportance, et à ce plaire à tout prix actuel qui veut que de plus en plus de monde se dépersonnalise afin dêtre accepté.
Certaines de mes amies qui portaient comme moi le foulard intégral par choix ont, sous la pression, préféré lenlever, ce qui entraîne chez elles une certaine frustration. Le porter est pour moi une liberté à laquelle je ne voudrais pas renoncer à cause dune contrainte que jestimerais injuste.
Je suis consciente que ce choix vestimentaire peut être de nature à interpeller, surtout lorsquil est réduit au mot burqa, vecteur de bien des fantasmes et de craintes. Dans ma vie, je veille à observer dans lespace public une attitude que je veux respectueuse et ouverte à légard de tout un chacun, dautant plus que mon apparence est de nature à renforcer les préjugés.
Le fait de mhabiller de la sorte nentrave pas mon droit à lexpression, à la pensée et au mouvement. Cest justement ce choix vestimentaire, compatible avec mes convictions religieuses, qui me permet dexister comme je le souhaite dans lespace public. Jy exerce un certain nombre dactivités, par exemple conduire mes enfants à lécole. De façon générale, y compris dans lespace public, je mabstiens de toute forme de prosélytisme ou de comportement attentatoire à lordre et la sécurité publics.
Je ne demande à personne dadhérer au choix que jai posé, mais de le respecter, tout simplement.
Mon choix ne signifie pas que je refuse toute forme de limitation de cette liberté. Je me soumets aux contrôles didentité, comme tout le monde, dans les mêmes conditions. Il y a des circonstances dans lesquelles montrer mon visage me semble tout à fait logique et normal, par exemple lorsque je fais mes papiers didentité, lorsquon me remet mes enfants, lorsque je passe des frontières, etc. Cest une simple question de bon sens. Je ne me considère pas différente à ce sujet parce que je porte le foulard intégral. Toutefois, je ne comprendrais pas que le porter implique que je sois soumise en tant que telle à de plus amples restrictions de ma liberté.
Cest avec désolation et tristesse que je constate la disproportion des moyens, ainsi que le temps et lénergie considérables déployés pour restreindre les libertés individuelles et les droits fondamentaux, surtout que cela concerne un nombre extrêmement limité de personnes. Ceci à un moment où la majorité de nos concitoyens sont confrontés au quotidien à des difficultés de plus en plus grandes : pauvreté, perte demplois, crise du logement, qualité de lenseignement, etc. autant denjeux qui sont communs à tous, au-delà des convictions.