Tunisie: "Rien n'est plus acceptable de part et d'autre et c'est cela qui est inquiétant"
Quatre jours seulement après l'assassinat du député de l'opposition Mohamed Brahmi, huit soldats tunisiens ont été tués lundi 29 juillet près de la frontière algérienne par des djihadistes. La Tunisie peut-elle basculer dans une dérive sanglante? Le décryptage de Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et directeur de la revue Maghreb-Machrek.
Un assassinat politique, le second en quelques mois, des militaires égorgés par un commando proche d'Al Qaida... Il y a-t-il un risque de voir, demain, la Tunisie basculer dans une dérive sanglante comme celle qu'a connue l'Algérie il y a quelques années?
Une telle dérive ne peut pas être exclue. Il y a, incontestablement, en Tunisie une montée du risque djihadiste. Le mode opératoire de l'embuscade dans laquelle ces soldats ont trouvé la mort rappelle en effet l'Algérie. Le commando, selon des informations de source algérienne, serait un groupuscule proche d'Al Qaida, le groupe Abou Fida, dirigé par un certain Kamel Ben Arbia. Quant aux armes, elles proviennent très certainement de Libye.
L'autre phénomène inquiétant, c'est l'état de tension au sein de la société entre les partisans d'Ennahda et les anti-islamistes- qui ne sont pas tous, loin s'en faut, des "laïcs" au sens où nous l'entendons. Pour ces derniers, les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont été un choc. Ils n'ont jamais été aussi remontés. La répression policière lors des manifestations n'arrange pas les choses. Le tout alors que le pays est toujours sans institutions et que la situation économique est désastreuse.
Quelle est vraiment l'attitude d'Ennahda vis-à-vis de ces groupes djihadistes? Les autorités lâchent des noms de coupables présumés mais personne n'a été, à ce jour, arrêté. Il en est de même d'ailleurs des auteurs de l'attaque de l'ambassade américaine il y a quelques mois...
Il leur est même arrivé, après l'assassinat de Chokri Belaïd, d'accuser un djihadiste décédé en Syrie! C'est tout le problème de l'ambiguïté d'Ennahda vis-à-vis des salafistes et des djihadistes. Cela rappelle l'attitude de la gauche en France qui, peu après être arrivée au pouvoir en 1981, avait libéré les militants d'Action directe..............................
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