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"Le nouveau film de Diastème, « Un Français », rencontre des difficultés dues à la frilosité des salles."
"Le réalisateur français Patrick Asté – aka Diastème –, a publié un billet sur son blog, hier, dans lequel il y explique les nombreuses difficultés que son nouveau film intitulé Un Français rencontre. “Les 50 avant-premières du film qui devaient avoir lieu dans 50 villes de France le mardi 2 juin sont annulées”lui a annoncé la coproductrice du film, Marielle Duigou.
Pire encore, les “plus de 100 salles” prévues par Mars Distribution pour la sortie d’Un Français se transforment en “moins de 50, et encore, pas sûr“. Une mauvaise nouvelle pour Diastème qui n’obtient que des réponses laconiques lorsqu’il tente de comprendre la situation :
“Les exploitants ne veulent pas le film, ils ont peur.
– Peur de quoi ?
– Je ne sais pas.
– Les 50 !?
– Ben faut croire.”
Le film raconte, sur une période de trente ans, l’histoire d’un skinhead, Marco (Alban Lenoir), dont les journées consistent à passer à tabac les Arabes et à coller des affiches de l’extrême droite, mais qui, contre toute attente, choisit de prendre le chemin du repentir et de devenir “quelqu’un de bien” en se débarrassant de la violence, de la colère et de la bêtise qui le rongent. Les plus “grands” moments de l’histoire de l’extrême droite en France seront ainsi traités dans le film, des affrontements entre punks et skinheads dans les années 80 à la récente Manif pour Tous en passant par le 1er mai 1995, triste jour où le marocain Brahim Bouarram fut noyé après avoir été jeté dans la Seine par des skinheads.
On ne peut, évidemment, s’empêcher de penser à American History X (1998) de Tony Kaye, un film au sujet similaire, dans lequel Edward Norton jouait Derek, un américain qui rejoignait un groupuscule de militants d’extrême droite suite à la mort de son père, tué par un dealer noir, avant de finalement faire le choix de changer et de se ranger du côté du bien. Contrairement au cinéma américain et britannique (This is England de Shane Meadows), le mouvement skinhead n’a été que très peu représenté dans le cinéma français, et Un Français montre que la voie semble être plus difficile à emprunter qu’il n’y parait.
De fait, Diastème dit se sentir, évidemment, abattu et ne pas comprendre le sort réservé au film puisqu’il explique n’avoir eu que des retours positifs jusqu’à présent, lui disant qu’Un Français était un film “important”, un film “nécessaire”, un film “que les gens doivent aller voir”, “surtout ici et maintenant”, un film avec “un sujet que personne n’a jamais traité”, un film avec une “actualité” et un “engagement”. Toujours selon Diastème, Un Français est un vrai film de paix et de cinéma.
Après avoir été recalé du Festival de Cannes cette année, le réalisateur se doutait que les choses ne seraient pas faciles, mais il n’imaginait pas quel parcours du combattant il allait devoir parcourir. Dans son billet, il exprime son amertume par un fort coup de gueule : “Mais dans quel pays est-ce qu’on vit !? Sans déconner !? “. Un constat bien amer qui arrive cinq mois seulement après les évènements de Charlie Hebdo.
Dans le dossier de presse du film, Diastème déclare avoir eu l’idée d’écrire un livre sur le sujet dans un premier temps. Mais la mort de Clément Méric a été un déclencheur pour lui et lui a donné l’idée et l’envie d’en faire un film :
J’avais commencé à écrire un livre intitulé Un Français, dont le sujet était partiellement similaire. Et le jour de la mort de Clément Méric, à la télévision, j’ai revu dans le camp de ses agresseurs des visages que j’avais croisés dans mon enfance ou mon adolescence. Me rendre compte que ces gens avaient mon âge, que leur haine était la même que quand ils avaient 18 ans, cela m’a bouleversé. Rien n’avait bougé. J’ai trouvé cela troublant, et romanesque. J’ai pensé que s’il y avait un seul sujet à traiter aujourd’hui, ce serait celui-ci : un personnage que l’on suit sur trente ans et qui, lui, se débarrasse de la haine et de la violence au fond de lui. C’était un sujet de film. En deux jours, j’avais écrit vingt pages…
L’histoire est même très personnelle pour Diastème puisqu’il explique avoir grandi à l’époque des premières bandes de skinheads et en avoir même été victime :
Le personnage principal a mon âge, il vient du même endroit que moi. Je suis né fin 1965, j’ai grandi à Colombes, dans un quartier où la première bande de skinheads française s’est créée. J’ai connu ces gens, ils étaient mes camarades de bac à sable. Moi, j’ai eu la chance de partir. (…) Quand je revenais ponctuellement à Colombes, je voyais comment la jeunesse évoluait. D’autres bandes se sont formées. Et les premiers skins, je les ai retrouvés quand j’étais étudiant à Nanterre, en 1985. (…) Je me suis moi-même fait courser par des types d’extrême-droite. À l’époque, je participais à Touche pas à mon pote, même si je n’ai jamais milité. (…) C’est donc un film profondément personnel.
Plus encore, par ce film engagé, Diastème tente de montrer – à ceux qui l’auraient oubliée, la violence du Front National :
Je n’ai pas la prétention de révéler quoi que ce soit. Je raconte une histoire, inspirée de faits réels, que je trouve édifiante, qui aide à mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. En 1985, on défilait « pour », en 2013, on défile « contre ». Et je rappelle au passage ce que la presse semble occulter : le Front National est un parti qui a du sang sur les mains. Les présentateurs télé l’oublient, moi, je m’en souviens. Ce parti a été créé par des Nazis français, on ne peut pas le traiter comme les autres partis, on ne peut pas occulter cette dimension historique. Aujourd’hui encore, nombre de collaborateurs de Marine Le Pen sont des anciens du GUD.
Mars Distribution a diffusé mardi un communiqué pour dénoncer une “spectaculaire campagne de haine”, et indiquant que “malgré toutes les tentatives d’intimidation qui, finalement,en justifient la portée, “Un Français” sortira le 10 juin 2015“."
Par Manon Chollot
"Le réalisateur français Patrick Asté – aka Diastème –, a publié un billet sur son blog, hier, dans lequel il y explique les nombreuses difficultés que son nouveau film intitulé Un Français rencontre. “Les 50 avant-premières du film qui devaient avoir lieu dans 50 villes de France le mardi 2 juin sont annulées”lui a annoncé la coproductrice du film, Marielle Duigou.
Pire encore, les “plus de 100 salles” prévues par Mars Distribution pour la sortie d’Un Français se transforment en “moins de 50, et encore, pas sûr“. Une mauvaise nouvelle pour Diastème qui n’obtient que des réponses laconiques lorsqu’il tente de comprendre la situation :
“Les exploitants ne veulent pas le film, ils ont peur.
– Peur de quoi ?
– Je ne sais pas.
– Les 50 !?
– Ben faut croire.”
Le film raconte, sur une période de trente ans, l’histoire d’un skinhead, Marco (Alban Lenoir), dont les journées consistent à passer à tabac les Arabes et à coller des affiches de l’extrême droite, mais qui, contre toute attente, choisit de prendre le chemin du repentir et de devenir “quelqu’un de bien” en se débarrassant de la violence, de la colère et de la bêtise qui le rongent. Les plus “grands” moments de l’histoire de l’extrême droite en France seront ainsi traités dans le film, des affrontements entre punks et skinheads dans les années 80 à la récente Manif pour Tous en passant par le 1er mai 1995, triste jour où le marocain Brahim Bouarram fut noyé après avoir été jeté dans la Seine par des skinheads.
On ne peut, évidemment, s’empêcher de penser à American History X (1998) de Tony Kaye, un film au sujet similaire, dans lequel Edward Norton jouait Derek, un américain qui rejoignait un groupuscule de militants d’extrême droite suite à la mort de son père, tué par un dealer noir, avant de finalement faire le choix de changer et de se ranger du côté du bien. Contrairement au cinéma américain et britannique (This is England de Shane Meadows), le mouvement skinhead n’a été que très peu représenté dans le cinéma français, et Un Français montre que la voie semble être plus difficile à emprunter qu’il n’y parait.
De fait, Diastème dit se sentir, évidemment, abattu et ne pas comprendre le sort réservé au film puisqu’il explique n’avoir eu que des retours positifs jusqu’à présent, lui disant qu’Un Français était un film “important”, un film “nécessaire”, un film “que les gens doivent aller voir”, “surtout ici et maintenant”, un film avec “un sujet que personne n’a jamais traité”, un film avec une “actualité” et un “engagement”. Toujours selon Diastème, Un Français est un vrai film de paix et de cinéma.
Après avoir été recalé du Festival de Cannes cette année, le réalisateur se doutait que les choses ne seraient pas faciles, mais il n’imaginait pas quel parcours du combattant il allait devoir parcourir. Dans son billet, il exprime son amertume par un fort coup de gueule : “Mais dans quel pays est-ce qu’on vit !? Sans déconner !? “. Un constat bien amer qui arrive cinq mois seulement après les évènements de Charlie Hebdo.
Dans le dossier de presse du film, Diastème déclare avoir eu l’idée d’écrire un livre sur le sujet dans un premier temps. Mais la mort de Clément Méric a été un déclencheur pour lui et lui a donné l’idée et l’envie d’en faire un film :
J’avais commencé à écrire un livre intitulé Un Français, dont le sujet était partiellement similaire. Et le jour de la mort de Clément Méric, à la télévision, j’ai revu dans le camp de ses agresseurs des visages que j’avais croisés dans mon enfance ou mon adolescence. Me rendre compte que ces gens avaient mon âge, que leur haine était la même que quand ils avaient 18 ans, cela m’a bouleversé. Rien n’avait bougé. J’ai trouvé cela troublant, et romanesque. J’ai pensé que s’il y avait un seul sujet à traiter aujourd’hui, ce serait celui-ci : un personnage que l’on suit sur trente ans et qui, lui, se débarrasse de la haine et de la violence au fond de lui. C’était un sujet de film. En deux jours, j’avais écrit vingt pages…
L’histoire est même très personnelle pour Diastème puisqu’il explique avoir grandi à l’époque des premières bandes de skinheads et en avoir même été victime :
Le personnage principal a mon âge, il vient du même endroit que moi. Je suis né fin 1965, j’ai grandi à Colombes, dans un quartier où la première bande de skinheads française s’est créée. J’ai connu ces gens, ils étaient mes camarades de bac à sable. Moi, j’ai eu la chance de partir. (…) Quand je revenais ponctuellement à Colombes, je voyais comment la jeunesse évoluait. D’autres bandes se sont formées. Et les premiers skins, je les ai retrouvés quand j’étais étudiant à Nanterre, en 1985. (…) Je me suis moi-même fait courser par des types d’extrême-droite. À l’époque, je participais à Touche pas à mon pote, même si je n’ai jamais milité. (…) C’est donc un film profondément personnel.
Plus encore, par ce film engagé, Diastème tente de montrer – à ceux qui l’auraient oubliée, la violence du Front National :
Je n’ai pas la prétention de révéler quoi que ce soit. Je raconte une histoire, inspirée de faits réels, que je trouve édifiante, qui aide à mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. En 1985, on défilait « pour », en 2013, on défile « contre ». Et je rappelle au passage ce que la presse semble occulter : le Front National est un parti qui a du sang sur les mains. Les présentateurs télé l’oublient, moi, je m’en souviens. Ce parti a été créé par des Nazis français, on ne peut pas le traiter comme les autres partis, on ne peut pas occulter cette dimension historique. Aujourd’hui encore, nombre de collaborateurs de Marine Le Pen sont des anciens du GUD.
Mars Distribution a diffusé mardi un communiqué pour dénoncer une “spectaculaire campagne de haine”, et indiquant que “malgré toutes les tentatives d’intimidation qui, finalement,en justifient la portée, “Un Français” sortira le 10 juin 2015“."
Par Manon Chollot