Un homme accusé de viol attaque un policier pour des aveux extorqués

Un homme accusé de viol par sa belle-soeur avant d'être mis hors de cause va attaquer en justice un fonctionnaire de police pour "un aveu extorqué lors d'une garde à vue", a-t-on appris lundi auprès de son avocat, Me Gilbert Collard.

Le policier va être assigné au civil mardi devant le tribunal de grande instance de Paris, a précisé Me Collard.

Le Parisien, qui a évoqué lundi cette affaire, rappelle que Patrick Leveneur, 38 ans, avait été placé en garde à vue à Marseille en mars 1997 avec son épouse Michelle, 40 ans, après la plainte de sa belle-soeur pour viols.

Le mari aurait avoué "pour protéger" sa femme et ses enfants, avant de se rétracter devant le juge d'instruction, a-t-il confié au quotidien.

"Un policier m'a interrogé seul à seul dans une pièce et m'a dit +Bon, écoute, tu étais mineur au moment des faits (dont l'accusait sa belle-soeur, ndlr), tu ne risques rien. Par contre, si tu continues à nier, ta femme va accoucher en prison et tes enfants iront à la DDASS+. Tout de suite, j'ai pensé à ma femme et j'ai dit +Oui, je l'ai fait+", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Je n'ai jamais vu d'avocat pendant ma garde à vue", dénonce ce père de cinq enfants, gaillard costaud aux cheveux frisés.

Patrick Leveneur s'est ensuite rétracté devant la juge d'instruction, et la cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé le 28 janvier 1999 un non-lieu définitif en faveur du couple, soulignant "l'absence de crédibilité des accusations portées par la partie civile".

Soupçonnée de complicité, son épouse affirme avoir été fouillée à corps et menottée alors qu'elle était enceinte de huit mois à l'époque. "Je ne souhaite pas ça à mon pire ennemi, mais ce que je demande, c'est que ça cesse, des conditions de garde-à-vue comme ça", confie-t-elle, très émue, dans l'appartement familial situé à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).

Son mari avoue "en vouloir aux policiers qui ont mené cette enquête". "Ils ne nous ont pas écoutés. Quand on est arrivés (au poste), on était déjà coupables", accuse-t-il.

"Cet homme a fait quatre mois de prison sur la base d'un aveu extorqué lors d'une garde à vue. Son innocence a été démontrée. Il commence à sortir d'une dépression et veut aujourd'hui demander des comptes", a dit à l'AFP Me Collard.

"Cette histoire m'a démoli", a expliqué Patrick Leveneur, aujourd'hui chauffeur de bus dans le Val-de-Marne. "Quand je suis sorti, je ne supportais pas qu'on ferme une porte derrière moi. Mon fils, qui avait deux ans à l'époque, a mis des mois à m'appeler +papa+", raconte-t-il, amer.

"Pendant sept ans, jusqu'en 2004, j'ai pointé chaque mois au commissariat alors qu'un non-lieu avait été prononcé en 1999", a-t-il ajouté.
"Quand vous n'avez jamais eu affaire à la justice, on vous dit de faire ça, vous le faites mais je veux que que le préjudice soit estimé à la hauteur de ce que j'ai subi", a-t-il commenté.

http://news.fr.msn.com/m6-actualite/france/article.aspx?cp-documentid=154943082

AFP
 
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