PROCHE DU HAMAS
Agé de 60 ans, Wadji Ghonim n'est pas un inconnu. Réputé pour ses prises de position en faveur de l'excision des femmes - ce qu'il n'a pas prôné en Tunisie en public -, cet ancien militaire égyptien, auteur de diatribes radicales, est proche du Hamas. Il figure depuis mai 2009 sur la liste établie par le ministère de l'intérieur britannique des personnes interdites de séjour en Grande-Bretagne pour "apologie de la violence terroriste". Plusieurs pays européens lui refusent également l'entrée sur leur territoire. A Tunis, le prédicateur y a fait allusion, ironisant devant la foule : "Ils ont interdit mon corps, pas mes pensées."
Sa présence et ses propos ont déclenché une nouvelle bataille entre progressistes et islamistes, un face-à-face qui se développe en Tunisie depuis la victoire électorale du parti islamiste Ennahda et la formation d'un gouvernement dominé par ses partisans. L'opposition s'inquiète de la venue de prêcheurs étrangers, sans que les nouvelles autorités ne réagissent. "Le problème, c'est que Ghonim n'est pas le premier, assure Mme Belhadj Hmida. Mais il n'est pas question que les mosquées deviennent des lieux utilisés à des fins partisanes, quelles qu'elles soient." De ce côté-ci, parmi les sujets de préoccupation avancés, figure l'arrivée, fin février, pour la première fois en Tunisie, du théologien Tariq Ramadan.
Isabelle Mandraud
Le Monde