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La naissance du contrat
Mais lors d’un nouveau diner des deux couples,
l’expert en sécurité se mute en tueur à gages. Le sujet est de nouveau évoqué. "Il m’a dit qu'en fait ces choses pouvaient arriver, qu’il avait la possibilité de le faire disparaitre, raconte Muriel M. aux enquêteurs. (…) il m’a dit que 600 personnes disparaissaient chaque jour en France". Pour enfoncer le clou Frédéric V. charge la
CGT d'"organisme néfaste" dont il décrit les pires turpitudes au sein des petites entreprises. Sa cliente rétorque qu’il est "hors de question" d’éliminer quelqu’un.
Quinze jours plus tard pourtant,
le deal mortel est validé lors du fameux coup de téléphone, c’est en tout cas ce que relate la cheffe d’entreprise. Le contrat sur la tête du syndicaliste fera partie d’un "pack" formation + audit + élimination. Le tout pour
environ 80.000 euros, réglés en "quatre factures", adressées aux différentes sociétés de Frédéric V.
D’après les déclarations de Muriel M., le complot est dissimulé à son frère, président de l’entreprise et éternel complice qui a développé avec elle la PME familiale. Entendu par la brigade criminelle, ce frère, Laurent B., a d’ailleurs été libéré sans suite.
Muriel M. assure avoir ordonné l'abandon du projet
Lors de ses dernières auditions, Muriel M. a affirmé qu’elle avait très vite été prise de remords et changé d’avis. Deux semaines après la soirée fatidique, selon ses déclarations aux policiers, elle aurait tenté d’arrêter la machine infernale : "Cela m’a torturé (..) quand j’ai vu fin février que Mr T. était toujours là j’ai dit 'on arrête tout stop !!'"
Un contre-ordre aurait alors été explicitement donné à Frédéric V. par téléphone.
Problème : à ce stade Frédéric V. ne l’a jamais évoqué au cours de ses auditions et Muriel M n’a jamais demandé de remboursement. La cheffe d’entreprise maintient que, pour elle, il ne faisait aucun doute que le projet était abandonné.
La suite de l’affaire est connue.
Le contrat sur le syndicaliste a été confié à Sébastien L., l’un des bras armés du groupe criminel. Des surveillances ont été organisées et de nombreuses photos de la maison et des véhicules de la cible ont été prises. Lors de sa garde à vue en janvier, Sébastien L. a affirmé qu'il avait alors réalisé que Hassan T. avait une femme et des enfants et mis fin de lui-même au projet sans en référer à ses supérieurs.
Frédéric V. certifie quant à lui que c'est après la découverte par la police, le 24 juillet 2020, d’une autre tentative d’assassinat menée par la cellule criminelle, et dirigée cette fois
contre une coach en entreprise de Créteil, qu'il avait décidé de stopper le contrat sur Hassan T.
Les révélations des différents contrats
Les enquêteurs sont ensuite patiemment remontés jusqu’à Frédéric V. et Sébastien L., interpellés en janvier dernier.
Les deux suspects ont alors révélé le contrat d’Oyonnax. Depuis lors la brigade criminelle avait placé sous surveillance Muriel M. et son mari, avant de les interpeler le 4 mai.
L’époux,
Gérard M., a lui aussi été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de commettre un meurtre. La justice le soupçonne d’avoir été au courant du projet criminel de son épouse et de n’avoir rien fait pour l’arrêter. Ses dénégations lors de sa garde à vue n’ont pas convaincu à ce stade les magistrats qui l’ont également placé et maintenu en détention provisoire.
Le syndicaliste incrédule
Entendu également par les enquêteurs,
Hassan T. a eu beaucoup de peine à croire au scénario criminel dont il a été la cible. "Se débarrasser de moi, franchement je n’arrive pas à comprendre pourquoi". Au cours de l’audition, le mécanicien a peu à peu changé d’avis : "Maintenant que je vous vois je commence à y croire". Le syndicaliste avait en fait été informé dès mars dernier par des journalistes du soupçon de contrat placé sur sa tête. Mais il était alors
convaincu qu’il y avait "erreur sur la personne".
L’affaire avait fortement ébranlé l’usine et les deux patrons avaient organisé plusieurs réunions avec le personnel. Hassan T. a relaté avoir eu "des doutes" sur Muriel M., devenue "un peu plus sympa" avec lui mais sans finalement porter plainte, convaincu que tout cela "ne s’adressait pas à la bonne personne". Face aux enquêteurs, ébranlé, le père de
’on en veuille à ma vie".
Contactés par RTL, les avocats de Muriel M., Gérard M., Frédéric V. et Sébastien L. n’ont pas souhaité s’exprimer.
INFO RTL - Muriel M. a reconnu avoir donné son feu vert à l’exécution de Hassan T., un salarié de son entreprise adhérent à la CGT.
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