Un texte de Sartre avec une tentative de réfutation

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Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da quebrada
VIB
Bonjour :timide:

Voici un texte tiré de L'existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre.

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Lorsqu'on considère un objet fabriqué, comme par exemple un livre ou un coupe-papier, cet objet a été fabriqué par un artisan qui s'est inspiré d'un concept; il s'est référé au concept de coupe-papier, et également à une technique de production préalable qui fait partie du concept, et qui est au fond une recette. Ainsi, le coupe-papier est à la fois un objet qui se produit d'une certaine manière et qui, d'autre part, a une utilité définie, et on ne peut pas supposer un homme qui produirait un coupe-papier sans savoir à quoi l'objet va servir. Nous dirons que, pour le coupe-papier, l'essence - c'est-à-dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir - précède l'existence; et ainsi la présence, en face de moi, de tel coupe-papier ou de tel livre est déterminée. Nous avons donc là une vision technique du monde, dans laquelle on peut dire que la production précède l'existence.

Lorsque nous concevons un Dieu créateur, ce Dieu est assimilé la plupart du temps à un artisan supérieur; et quelle que soit la doctrine que nous considérions, qu'il s'agisse d'une doctrine comme celle de Descartes ou de la doctrine de Leibniz, nous admettons toujours que la volonté suit plus ou moins l'entendement ou, tout au moins, l'accompagne, et que Dieu, lorsqu'il crée, sait précisément ce qu'il crée. Ainsi, le concept d'homme, dans l'esprit de Dieu, est assimilable au concept de coupe-papier dans l'esprit de l'industriel; et Dieu produit L'homme suivant des techniques et une conception, exactement comme l'artisan fabrique un coupe-papier suivant suivant une définition et une technique. Ainsi l'homme individuel réalise un certain concept qui est dans l'entendement divin. Au XVIIIe siècle, dans l'athéisme des philosophes, la notion de Dieu est supprimée, mais non pour autant l'idée que l'essence précède l'existence.
[...]
L'existentialisme athée, que je représente, est plus cohérent. Il déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept, et que cet être c'est l'homme ou, comme dit Heidegger, la réalité-humaine. Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après. L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir.
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Sérieusement, on est pas obligé de concevoir Dieu comme cela, et la création (ou évolution) de l'être humain est pas forcément comparable à une fabrication industrielle comme celle d'un « coupe papier ».

Dans la perspective chrétienne, oui il y a une nature humaine, mais cela veut pas dire que la liberté existe pas, ou que les humains qui naissent quelque part sont enfermés tout de suite dans un rôle qu'ils n'ont pas le choix d'exécuter en vertu d'un décret divin.

Il y a une nature humaine, mais Dieu nous laisse libre de la réaliser de différentes façons. On est libres aussi de « pécher » et donc de pervertir la nature humaine en nous...

Mais même dans le cadre de ce qui est permis par Dieu (pas péché), les humains ont la liberté de choisir différentes façons de mener leur vie, à partir de leurs préférences ou de leurs compétences. Par exemple c'est pas la « nature humaine » qui détermine qu'un type va être architecte ou professeur ou comptable ou maçon. C'est pas la « nature humaine » qui détermine si on se marie ou non, et avec qui, et combien on a d'enfants, et comment on les élève, etc.

Il y a eu des théologiens qui ont enseigné la prédestination, le déterminisme théologique, mais c'est pas le courant majoritaire dans les Églises. La plupart des chrétiens croient au libre arbitre, mais pas en un libre arbitre extrême comme celui de Sartre.

De plus, la comparaison de Sartre est boiteuse pour une autre raison, car le coupe-papier est conçu par l'artisan comme un objet, mais « Dieu » nous conçoit pas comme des objets, justement, mais comme des personnes libres qui peuvent entrer en relation avec lui. Un objet fabriqué, oui il a une fonction, et un « destin », mais normalement, on ne conçoit pas les personnes comme ça. Par exemple on ne conçoit pas notre famille, nos amis, etc., comme des choses qui sont de simples instruments pour nos besoins. Ou alors c'est qu'on est moralement tordus. Donc, bien que « Dieu » soit tout-puissant (selon les credos), il se refuse à user de son pouvoir comme un tyran pour violer notre liberté et nous manipuler comme des marionnettes. Dieu ne veut pas « être servi par des robots ou des esclaves », mais par des personnes libres qui assument leurs choix.
 
Il y a aussi des cas où l'existentialisme de Sartre et son éloge de la « liberté sans bornes » sonnent parfaitement creux.

Un type avec une maladie génétique qui lui cause une déficience mentale grave, quelle espèce de liberté a-t-il encore? Ou encore un jeune qui chope la schizophrénie et perd le contact avec la réalité? Une condition préalable au libre arbitre est certainement qu'on comprenne le monde où on vit et les autres personnes, et qu'on ait des idées vraies sur ce monde. Dans ces cas-là de maladies génétiques et psychiques, la biologie détermine la « destinée » de ces personnes. Mais Sartre est pas scientifique.

Les personnes qui subissent des traumatismes, comme la guerre, l'inceste, le viol, les mauvais traitements, sont pas non plus toujours « libres » de surmonter leur problème psychologique. La guérison est pas toujours possible. Il y en a qui vont rester inadaptées pour cette raison. Bien malgré elles.

Oui il y a une liberté, mais elle peut être entravée, voire rendue impossible, de diverses façons. Parce qu'on est pas des entités abstraites, mais qu'on subit les lois de la nature et diverses contraintes sociales.
 
@Ebion bonjour :)
Je pense que tu as bien montré que sa pensé ne tient pas la route, je trouve pas que l'existentialisme sartrien sois très intéressant, j'ai l'impression qu'il confond l'idée de liberté et de nouveauté. Dans une monde theiste, c'est vrai que tout les idées ont déjà traversé l'esprit de Dieu, et donc nous actualisant plutôt que créerons ex nihilo. Mais même d'un point de vue non theiste, il y a des visions qui postules que tout les mondes possibles existent concrètement ou se manière abstraite. En tout cas la liberté n'est jamais total, elle est toujours dans une cadre donné, Dieu nous a donné certaine carte que nous sommes libre de jouer.
Je crois que ces 100 dernières années, l'occident se concentre beaucoup sur les conquêtes de toujours plus de liberté, le libéralisme veut toujours plus libérer l'homme. Mais mon avis c'est que cette quête de liberté sartrienne nous rendrez malheureux, l'ordre et la communauté sont tout aussi important que la liberté, celle ci ne prime pas à mes yeux.
 
@Ebion bonjour :)
Je pense que tu as bien montré que sa pensé ne tient pas la route, je trouve pas que l'existentialisme sartrien sois très intéressant, j'ai l'impression qu'il confond l'idée de liberté et de nouveauté. Dans une monde theiste, c'est vrai que tout les idées ont déjà traversé l'esprit de Dieu, et donc nous actualisant plutôt que créerons ex nihilo. Mais même d'un point de vue non theiste, il y a des visions qui postules que tout les mondes possibles existent concrètement ou se manière abstraite. En tout cas la liberté n'est jamais total, elle est toujours dans une cadre donné, Dieu nous a donné certaine carte que nous sommes libre de jouer.
Je crois que ces 100 dernières années, l'occident se concentre beaucoup sur les conquêtes de toujours plus de liberté, le libéralisme veut toujours plus libérer l'homme. Mais mon avis c'est que cette quête de liberté sartrienne nous rendrez malheureux, l'ordre et la communauté sont tout aussi important que la liberté, celle ci ne prime pas à mes yeux.

Il faut un équilibre entre la liberté et l'ordre et la loi.

Trop de liberté conduit à l'anarchie et au chaos.

Mais nier trop de libertés conduit à un État autoritaire étouffant et insupportable.

Actuellement, en Occident, l'extrême gauche et l'extrême droite sont plutôt du côté de l'autoritarisme et la suspension de certaines libertés (même si c'est pour des raisons opposées), tandis que c'est plutôt le centre du spectre politique qui représente la défense de la liberté et du concept traditionnel de démocratie libérale.
 
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