Un texte de Spinoza sur la liberté religieuse

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Spinoza, Traité théologico-politique, chapitre VII

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s’il était permis à chaque citoyen d’interpréter à son gré les droits des autres citoyens, il n’y a point d’État qui fût capable de se maintenir. Le droit public ne serait plus que le droit particulier, et l’ordre social s’écroulerait incontinent. Mais il en va tout autrement en matière de religion : car comme elle consiste moins dans les œuvres extérieures que dans la simplicité et la pureté de l’âme, elle n’a besoin d’être protégée par aucune autorité publique. Ce n’est point en effet l’empire des lois, ce n’est point la force publique, qui donnent aux cœurs cette droiture et cette pureté ; et personne ne peut être contraint par la force à suivre les voies de la béatitude. Des conseils fraternels et pieux, une bonne éducation, et avant tout la libre possession de ses jugements, voilà les seuls moyens d’y conduire. Ainsi donc, puisque chacun a pleinement le droit de penser avec liberté, même en matière de religion, et qu’on ne peut concevoir que personne renonce à l’exercice de ce droit, il s’ensuit que chacun dispose d’une autorité souveraine et d’un droit absolu pour prendre parti sur les choses religieuses, et par conséquent pour les expliquer lui-même et en être l’interprète. Car de même que le droit d’interpréter les lois et la décision souveraine des affaires publiques n’appartiennent au magistrat que parce qu’elles sont du droit public, de même chaque particulier a une autorité absolue pour décider de la religion et pour l’expliquer, parce qu’elle est du droit particulier. Il s’en faut donc beaucoup qu’on puisse inférer de l’autorité qu’exerçaient jadis les pontifes hébreux dans l’interprétation des lois du pays, que le pontife romain ait le même droit pour interpréter la religion ; tout au contraire, on est mieux fondé à en conclure que chacun a ce droit pour ce qui le concerne, et nous tirons de là une preuve nouvelle de l’excellence de notre méthode. Car puisque chacun a le droit d’interpréter l’Écriture, il en résulte que la seule règle dont il faille se servir, c’est la lumière naturelle commune à tous les hommes, et par suite que toute lumière surnaturelle, toute autorité étrangère, n’y sont nullement nécessaires.

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Spinoza redonne à tout un chacun la souveraineté en matière de jugements sur la religion. Il rejette l'autorité des leaders religieux qui prétendraient limiter notre liberté de pensée et imposer leur propre interprétation.

En cela, Spinoza est très moderne. Son message retentit jusqu'à aujourd'hui, alors que les individus, plus que jamais, veulent décider de ce qui est bon pour eux et de ce qui est vrai pour eux. Néanmoins, pour ce philosophe, cela ne devrait pas remettre en question notre allégeance aux lois de notre Cité. En matière de droit et de respect des lois, il n'y a pas cette liberté que Spinoza accorde aux opinions religieuses!!

Spinoza essaie de séparer deux sphères qu'on jugeait jusque-là inséparables : l'orthodoxie théologique et la citoyenneté. Avoir une opinion conforme aux élites en matière de théologie était un gage d'honnêteté et de vertu citoyenne. Spinoza arrive et dit : pensez ce qui vous semble juste en matière de théologie; cela n'a pas de raison d'attenter au lien social et à la coexistence pacifique des citoyens et de leurs groupes. Les leaders religieux penseront ce qu'ils veulent : ils n'ont pas plus d'autorité que d'autres.

Soudainement, un aspect de la vie, de la pensée des gens, devient soustraite à la surveillance et à la discipline de l'État et des Inquisiteurs : leur pensée religieuse. Les citoyens continueront d'obéir aux lois des magistrats et à faire leur part pour le bien commun. Mais ils gagnent un espace de liberté.
 
Car puisque chacun a le droit d’interpréter l’Écriture, il en résulte que la seule règle dont il faille se servir, c’est la lumière naturelle commune à tous les hommes, et par suite que toute lumière surnaturelle, toute autorité étrangère, n’y sont nullement nécessaires.

Oui et non. En Islam il y a le Coran et le Tafsir comme éventuelle explication, puis il y a les hadiths, mais concernant ces derniers il peut y avoir une certaines défiance sur l'authenticité de certains. Le Coran est le texte de base auquel on fait référence. C'est le socle permettant l'évolution de notre opinion personnelle.
 
Spinoza redonne à tout un chacun la souveraineté en matière de jugements sur la religion. Il rejette l'autorité des leaders religieux qui prétendraient limiter notre liberté de pensée et imposer leur propre interprétation.

Sur ce point bien précis, je peux dire que les leaders peuvent donner un avis sans plus, et nous reviendra le dernier mot dans le sens que concerne notre propre personne, ce qui est bien pour nous. Le Coran trace le chemin et nous met en garde (par des interdictions à observer) à ne pas en sortir, afin d'éviter l'égarement.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Oui et non. En Islam il y a le Coran et le Tafsir comme éventuelle explication, puis il y a les hadiths, mais concernant ces derniers il peut y avoir une certaines défiance sur l'authenticité de certains. Le Coran est le texte de base auquel on fait référence. C'est le socle permettant l'évolution de notre opinion personnelle.

Les textes sont ce qu’ils sont, mais il y a tout un éventail d’interprétations... les Chiites par exemple ont une vision de l’islam très particulière.

Spinoza dirait que l’important est d’aimer Dieu et son prochain et de pratiquer la justice. L’interprétation théologique des textes qu’on fait est un choix personnel, et on ne devrait pas nous inquiéter pour cela!
 
les Chiites par exemple ont une vision de l’islam très particulière.

L'Islam des chiites est différents des autres. Les sunnites disent qu'il faut suivre le Coran, la Sunna et la compréhension des pieux prédécesseurs. Les chiites font la même chose en suivant un sahaba, compagnon, gendre et cousin du Prophète à savoir Ali ibn Abou Talib. Leur différence est avant tout liée à la politique, puis par la suite théologique.
 
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