Bonjour
J'ai trouvé un texte intéressant de Hobbes dont on pourrait discuter de façon productive. Il est tiré de son livre "Du Citoyen", chapitre XII :
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Mais, entre les opinions ou les maximes qui disposent à la sédition, l'une des principales est celle-ci, qu'il appartient à chaque particulier de juger de ce qui est bien, ou de ce qui est mal. J'avoue et je pense que je l'ai prouvé au premier chapitre, article IX, qu'en l'état de nature où chacun vit avec un droit égal et où l'on ne s'est point soumis par quelques pactes à la domination d'autrui, que cette proposition peut être reçue, mais en l'état politique elle est très fausse. Car j'ai fait voir au chapitre VI, art. IX, que les règles du bien et du mal, du juste et de l'injuste, de l'honnête et du déshonnête, étaient de la loi civile; et partant qu'il faut tenir pour bien ce que le législateur a ordonné et pour mal ce qu'il a défendu. Or toujours le législateur est celui qui a la souveraine puissance dans l'État, c'est-à-dire, le roi dans une monarchie. Ce que j'ai confirmé au chapitre xi, article VI, par les paroles de Salomon. Car, s'il fallait suivre comme bien et fuir comme mal ce qui semblerait tel aux particuliers, à quoi faire, dirait-il: tu donneras à ton serviteur un cœur intelligent, afin qu'il puisse juger ton peuple et discerner entre le bien et le mal? Puis donc que c'est aux rois à discerner entre le bien et le mal, ce sont des discours fort injustes, quoique fort ordinaires, Que le roi est celui qui fait mieux que les autres, qu'il ne faut point obéir au roi s'il ne commande des choses justes et semblables. Avant qu'il y eut des gouvernements dans le monde, il n'y avait ni juste, ni injuste, parce que la nature de ces choses est relative au commandement qui les précède, et que toute action est de soi-même indifférente. Sa justice ou son injustice viennent du droit de celui qui gouverne: de. sorte que les rois légitimes rendent une chose juste en la commandant, ou injuste, lorsqu'ils en font défense. Et les personnes privées, en voulant prendre connaissance du bien et du mal, affectent de devenir comme des rois, commettent un crime de lèse-majesté et tendent à la ruine de l'État. Le plus ancien des commandements de Dieu est celui que nous lisons au deuxième chapitre de la Genèse, vers. 15. Tu ne mangeras point de l'arbre de science de bien et de mal; et la plus ancienne des tentations du diable fut celle-ci, au chapitre suivant: vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. Aussi le premier reproche que Dieu fait à l'homme est: qui t'a montré que tu étais nu, si ce n'est que tu as mangé de l'arbre duquel je t'avais défendu de manger? Comme s'il disait, d'où as-tu jugé que la nudité en laquelle il m'avait plu de te créer, est honteuse, si ce n'est que tu te veux arroger la connaissance de l'honnête et du déshonnête?
(à suivre)
J'ai trouvé un texte intéressant de Hobbes dont on pourrait discuter de façon productive. Il est tiré de son livre "Du Citoyen", chapitre XII :
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Mais, entre les opinions ou les maximes qui disposent à la sédition, l'une des principales est celle-ci, qu'il appartient à chaque particulier de juger de ce qui est bien, ou de ce qui est mal. J'avoue et je pense que je l'ai prouvé au premier chapitre, article IX, qu'en l'état de nature où chacun vit avec un droit égal et où l'on ne s'est point soumis par quelques pactes à la domination d'autrui, que cette proposition peut être reçue, mais en l'état politique elle est très fausse. Car j'ai fait voir au chapitre VI, art. IX, que les règles du bien et du mal, du juste et de l'injuste, de l'honnête et du déshonnête, étaient de la loi civile; et partant qu'il faut tenir pour bien ce que le législateur a ordonné et pour mal ce qu'il a défendu. Or toujours le législateur est celui qui a la souveraine puissance dans l'État, c'est-à-dire, le roi dans une monarchie. Ce que j'ai confirmé au chapitre xi, article VI, par les paroles de Salomon. Car, s'il fallait suivre comme bien et fuir comme mal ce qui semblerait tel aux particuliers, à quoi faire, dirait-il: tu donneras à ton serviteur un cœur intelligent, afin qu'il puisse juger ton peuple et discerner entre le bien et le mal? Puis donc que c'est aux rois à discerner entre le bien et le mal, ce sont des discours fort injustes, quoique fort ordinaires, Que le roi est celui qui fait mieux que les autres, qu'il ne faut point obéir au roi s'il ne commande des choses justes et semblables. Avant qu'il y eut des gouvernements dans le monde, il n'y avait ni juste, ni injuste, parce que la nature de ces choses est relative au commandement qui les précède, et que toute action est de soi-même indifférente. Sa justice ou son injustice viennent du droit de celui qui gouverne: de. sorte que les rois légitimes rendent une chose juste en la commandant, ou injuste, lorsqu'ils en font défense. Et les personnes privées, en voulant prendre connaissance du bien et du mal, affectent de devenir comme des rois, commettent un crime de lèse-majesté et tendent à la ruine de l'État. Le plus ancien des commandements de Dieu est celui que nous lisons au deuxième chapitre de la Genèse, vers. 15. Tu ne mangeras point de l'arbre de science de bien et de mal; et la plus ancienne des tentations du diable fut celle-ci, au chapitre suivant: vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. Aussi le premier reproche que Dieu fait à l'homme est: qui t'a montré que tu étais nu, si ce n'est que tu as mangé de l'arbre duquel je t'avais défendu de manger? Comme s'il disait, d'où as-tu jugé que la nudité en laquelle il m'avait plu de te créer, est honteuse, si ce n'est que tu te veux arroger la connaissance de l'honnête et du déshonnête?
(à suivre)
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