Ad0nis
Il n'y a rien à dire...
Une révolution islamique
par Yahya Michot - publié le lundi 28 février 2011
Voir les insurgés de la place Taḥrîr, à chaque appel à la prière, se prosterner par milliers en rangs compacts comme « un édifice scellé de plomb » (bunyân marṣûṣ ; cf. Coran, LXI, 4) ne laisse pas indifférent. Divers commentateurs parlent déjà dune nouvelle révolution islamiste. Téléguidée par une inquiétante nébuleuse de Frères Musulmans et tutti quanti, cette révolution menacerait la « civilisation » jusquen son tréfonds. Et si, comme dhabitude, la vérité était un tantinet plus complexe ?
Pour le théologien musulman, le contraste est grand entre les événements qui amenèrent Housni Moubarak au pouvoir en 1981 et les circonstances de sa récente démission. Un rappel historique simpose. Devant le tribunal qui le fit pendre pour avoir assassiné Anouar Sadate, Khaled Islambouli sexclama « Jai tué Pharaon ! » Il aurait tout aussi bien pu sécrier « Jai tué Gengiskhân ! »
Son inspiration lui venait en effet de textes assimilant le Raïs aux Mongols ayant détruit Baghdad en 1256 et menacé à nouveau le sultanat syro-égyptien des Mamlouks aux alentours de 1300. Pour susciter la résistance à lenvahisseur tatar, un shaykh damascain nommé Ibn Taymiyya (m. 1328) avait à lépoque developpé un raisonnement en trois temps : malgré leur apparente conversion à lIslam en 1295, les Mongols dIran ne gouvernent pas selon la Sharîa ; ce sont donc des infidèles ; il doivent par conséquent être combattus.
par Yahya Michot - publié le lundi 28 février 2011
Voir les insurgés de la place Taḥrîr, à chaque appel à la prière, se prosterner par milliers en rangs compacts comme « un édifice scellé de plomb » (bunyân marṣûṣ ; cf. Coran, LXI, 4) ne laisse pas indifférent. Divers commentateurs parlent déjà dune nouvelle révolution islamiste. Téléguidée par une inquiétante nébuleuse de Frères Musulmans et tutti quanti, cette révolution menacerait la « civilisation » jusquen son tréfonds. Et si, comme dhabitude, la vérité était un tantinet plus complexe ?
Pour le théologien musulman, le contraste est grand entre les événements qui amenèrent Housni Moubarak au pouvoir en 1981 et les circonstances de sa récente démission. Un rappel historique simpose. Devant le tribunal qui le fit pendre pour avoir assassiné Anouar Sadate, Khaled Islambouli sexclama « Jai tué Pharaon ! » Il aurait tout aussi bien pu sécrier « Jai tué Gengiskhân ! »
Son inspiration lui venait en effet de textes assimilant le Raïs aux Mongols ayant détruit Baghdad en 1256 et menacé à nouveau le sultanat syro-égyptien des Mamlouks aux alentours de 1300. Pour susciter la résistance à lenvahisseur tatar, un shaykh damascain nommé Ibn Taymiyya (m. 1328) avait à lépoque developpé un raisonnement en trois temps : malgré leur apparente conversion à lIslam en 1295, les Mongols dIran ne gouvernent pas selon la Sharîa ; ce sont donc des infidèles ; il doivent par conséquent être combattus.