Le Congrès américain a créé un "monstre"
S
02/01/2013 à 11:02
Créer une menace pour forcer le Congrès à agir et éviter une calamité supposée: le procédé est devenu une habitude
ces dernières années aux Etats-Unis et le "mur budgétaire" en était la dernière illustration en date.
Mais son efficacité reste à démontrer.
L'idée de départ, en août 2011, consistait à fixer une date butoir, celle du 31 décembre 2012, en brandissant la menace
d'une réduction draconienne et automatique des dépenses publiques conjuguée à celle d'une lourde augmentation
de l'impôt sur les revenus, afin de contraindre des élus divisés à s'attaquer sérieusement au déficit budgétaire.
Cette idée était elle-même censée résoudre un autre problème de date butoir, celui de la dette fédérale,
qui dépasse 16.000 milliards de dollars (12.000 milliards d'euros).
Mais cela n'a pas marché.
Le Congrès, partagé entre une Chambre républicaine et un Sénat démocrate, a fait peur à tout le monde
mais n'a pas même fait mine de s'attaquer au déficit. Au contraire, le plan adopté mardi soi devrait creuser les déficits de près de 4.000 milliards de dollars sur dix ans.
"Nous avons créé un monstre", a affirmé mardi soir Charles Rangel, député démocrate de New York, juste avant le vote
qui a permis de faire tomber ce mur dans lequel l'économie américaine risquait de s'écraser.
"Ce cirque est très embarrassant", a lui aussi regretté Norm Ornstein, universitaire de l'American Enterprise Institute,
qui parle de "repoussoir".
"Le fait que, dans deux mois, nous allons assister à une nouvelle confrontation désastreuse sur le plafond de la dette,
avec une aile droite du groupe républicain à la Chambre prête à nous renvoyer dans les cordes si elle n'obtient pas gain
de cause, est effectivement effrayant.
"La Chambre aurait pu faire pire en rejetant le compromis, mais elle n'a rien fait pour remettre en cause sa réputation
de pire Congrès que nous ayons vus de notre vivant, au mieux", a-t-il ajouté.
"LA PLUS GRANDE INSTANCE DE DÉLIBÉRATION"
La nouvelle confrontation annoncée sur la dette devrait débuter dans les toutes prochaines semaines. Il s'agira une fois
de plus d'en relever le plafond, faute de quoi les pouvoirs publics seront en cessation de paiement.
Les élus républicains, dont beaucoup admettent que le compromis sur le mur budgétaire constitue une victoire pour
Barack Obama, se sont juré de relancer avec d'autant plus de vigueur leur campagne pour la réduction du déficit
et d'en faire une condition de leur aval au relèvement de ce plafond lors des débats à la Chambre.
A chaque nouvel épisode, l'affrontement entre conservateurs et démocrates sur le déficit gagne en virulence.
Alice Rivlin, experte en la matière à la Brookings Institution, redoute ainsi que l'issue de la bataille du mur budgétaire
ne durcisse celle de la dette, tout en accréditant l'idée selon laquelle les institutions américaines sont impuissantes
face aux grands enjeux économiques.
S
02/01/2013 à 11:02
Créer une menace pour forcer le Congrès à agir et éviter une calamité supposée: le procédé est devenu une habitude
ces dernières années aux Etats-Unis et le "mur budgétaire" en était la dernière illustration en date.
Mais son efficacité reste à démontrer.
L'idée de départ, en août 2011, consistait à fixer une date butoir, celle du 31 décembre 2012, en brandissant la menace
d'une réduction draconienne et automatique des dépenses publiques conjuguée à celle d'une lourde augmentation
de l'impôt sur les revenus, afin de contraindre des élus divisés à s'attaquer sérieusement au déficit budgétaire.
Cette idée était elle-même censée résoudre un autre problème de date butoir, celui de la dette fédérale,
qui dépasse 16.000 milliards de dollars (12.000 milliards d'euros).
Mais cela n'a pas marché.
Le Congrès, partagé entre une Chambre républicaine et un Sénat démocrate, a fait peur à tout le monde
mais n'a pas même fait mine de s'attaquer au déficit. Au contraire, le plan adopté mardi soi devrait creuser les déficits de près de 4.000 milliards de dollars sur dix ans.
"Nous avons créé un monstre", a affirmé mardi soir Charles Rangel, député démocrate de New York, juste avant le vote
qui a permis de faire tomber ce mur dans lequel l'économie américaine risquait de s'écraser.
"Ce cirque est très embarrassant", a lui aussi regretté Norm Ornstein, universitaire de l'American Enterprise Institute,
qui parle de "repoussoir".
"Le fait que, dans deux mois, nous allons assister à une nouvelle confrontation désastreuse sur le plafond de la dette,
avec une aile droite du groupe républicain à la Chambre prête à nous renvoyer dans les cordes si elle n'obtient pas gain
de cause, est effectivement effrayant.
"La Chambre aurait pu faire pire en rejetant le compromis, mais elle n'a rien fait pour remettre en cause sa réputation
de pire Congrès que nous ayons vus de notre vivant, au mieux", a-t-il ajouté.
"LA PLUS GRANDE INSTANCE DE DÉLIBÉRATION"
La nouvelle confrontation annoncée sur la dette devrait débuter dans les toutes prochaines semaines. Il s'agira une fois
de plus d'en relever le plafond, faute de quoi les pouvoirs publics seront en cessation de paiement.
Les élus républicains, dont beaucoup admettent que le compromis sur le mur budgétaire constitue une victoire pour
Barack Obama, se sont juré de relancer avec d'autant plus de vigueur leur campagne pour la réduction du déficit
et d'en faire une condition de leur aval au relèvement de ce plafond lors des débats à la Chambre.
A chaque nouvel épisode, l'affrontement entre conservateurs et démocrates sur le déficit gagne en virulence.
Alice Rivlin, experte en la matière à la Brookings Institution, redoute ainsi que l'issue de la bataille du mur budgétaire
ne durcisse celle de la dette, tout en accréditant l'idée selon laquelle les institutions américaines sont impuissantes
face aux grands enjeux économiques.