Au volant de son camping-car, ce chantre de la non-violence sillonne la France à la rencontre des jeunes de banlieues difficiles.
Ce jour-là, à la tristement célèbre cité des Tarterêts, sur la commune de Corbeil-Essonnes en région parisienne, c’est la fête sur la place du marché de cette banlieue classée zone de sécurité prioritaire et zone urbaine sensible. Depuis 19 heures, Yazid Kherfi, crâne rasé, a débarqué avec son camping-car et déballé tranquillement son attirail: tables et chaises pliantes, jeux de société et thé à la menthe. De quoi organiser une soirée conviviale au cœur de la cité pour créer le contact avec les jeunes, à l’heure à laquelle ces derniers zonent bien souvent dans la rue. «Les Maisons des Jeunes sont habituellement fermées le soir. Si nous ne venons pas, d’autres s’en occupent: les intégristes, les voyous, les dealers, internet…», explique Yazid Kherfi pour justifier sa démarche.

Dos de son camping-car, estampillé au nom de son association, Médiation Nomade, un portrait de Martin Luther King est flanqué d’une citation phare du défenseur de la non-violence: «Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots». Le ton est donné. Ici, place à l’apaisement et au dialogue. La semaine précédente, son camping-car avait posé ses bagages à Carcassonne (sud de la France), trois jours auparavant à Lucé - la banlieue de Chartres (Eure-et-Loir) d’où l’un des islamistes radicaux ayant participé à l’attentat contre le Bataclan en 2015 était originaire.
« La violence se termine toujours par la case prison. Je n’ai rien gagné, j’ai fait cinq ans de prison, cinq ans de cavale, perdu mon meilleur ami et fait pleurer ma mère pendant vingt ans »
Prudents, les jeunes s’approchent peu à peu par curiosité. Les plus jeunes d’abord, les plus crédules: un enfant joue à un jeu de société avec un animateur du quartier, tandis que les adolescents s’attablent avec Yazid, qui leur explique sa démarche. Les questions fusent: «combien t’as gagné avec ton plus gros casse?», «t’as déjà tué quelqu’un?» … Imperturbable, Yazid balaie d’un revers de la main cette rafale de questions avec un unique message: «la violence se termine toujours par la case prison. Moi je n’ai rien gagné, j’ai fait cinq ans de prison, connu cinq ans de cavale, perdu mon meilleur ami (tué pendant son dernier braquage, ndlr) et j’ai fait pleurer ma mère pendant vingt ans». Fin de l’histoire. Et pourtant, c’est davantage sa vie d’ancien braqueur qui fascine ces jeunes, avides de sensations fortes et qui rêvent tous de devenir milliardaires. Quelques petites frappes se vantent même de leurs premiers méfaits. «Mais comme je les fascine et je viens du même milieu qu’eux, j’ai une vraie légitimité à leur parler et ils me respectent», reconnaît celui qui fait l’objet de toutes les attentions ce soir-là.
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Ce jour-là, à la tristement célèbre cité des Tarterêts, sur la commune de Corbeil-Essonnes en région parisienne, c’est la fête sur la place du marché de cette banlieue classée zone de sécurité prioritaire et zone urbaine sensible. Depuis 19 heures, Yazid Kherfi, crâne rasé, a débarqué avec son camping-car et déballé tranquillement son attirail: tables et chaises pliantes, jeux de société et thé à la menthe. De quoi organiser une soirée conviviale au cœur de la cité pour créer le contact avec les jeunes, à l’heure à laquelle ces derniers zonent bien souvent dans la rue. «Les Maisons des Jeunes sont habituellement fermées le soir. Si nous ne venons pas, d’autres s’en occupent: les intégristes, les voyous, les dealers, internet…», explique Yazid Kherfi pour justifier sa démarche.

Dos de son camping-car, estampillé au nom de son association, Médiation Nomade, un portrait de Martin Luther King est flanqué d’une citation phare du défenseur de la non-violence: «Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots». Le ton est donné. Ici, place à l’apaisement et au dialogue. La semaine précédente, son camping-car avait posé ses bagages à Carcassonne (sud de la France), trois jours auparavant à Lucé - la banlieue de Chartres (Eure-et-Loir) d’où l’un des islamistes radicaux ayant participé à l’attentat contre le Bataclan en 2015 était originaire.
« La violence se termine toujours par la case prison. Je n’ai rien gagné, j’ai fait cinq ans de prison, cinq ans de cavale, perdu mon meilleur ami et fait pleurer ma mère pendant vingt ans »
Prudents, les jeunes s’approchent peu à peu par curiosité. Les plus jeunes d’abord, les plus crédules: un enfant joue à un jeu de société avec un animateur du quartier, tandis que les adolescents s’attablent avec Yazid, qui leur explique sa démarche. Les questions fusent: «combien t’as gagné avec ton plus gros casse?», «t’as déjà tué quelqu’un?» … Imperturbable, Yazid balaie d’un revers de la main cette rafale de questions avec un unique message: «la violence se termine toujours par la case prison. Moi je n’ai rien gagné, j’ai fait cinq ans de prison, connu cinq ans de cavale, perdu mon meilleur ami (tué pendant son dernier braquage, ndlr) et j’ai fait pleurer ma mère pendant vingt ans». Fin de l’histoire. Et pourtant, c’est davantage sa vie d’ancien braqueur qui fascine ces jeunes, avides de sensations fortes et qui rêvent tous de devenir milliardaires. Quelques petites frappes se vantent même de leurs premiers méfaits. «Mais comme je les fascine et je viens du même milieu qu’eux, j’ai une vraie légitimité à leur parler et ils me respectent», reconnaît celui qui fait l’objet de toutes les attentions ce soir-là.

Yazid Kherfi, l’ancien braqueur qui pacifie les cités
FIGARO DEMAIN - Au volant de son camping-car, ce chantre de la non-violence sillonne la France à la rencontre des jeunes de banlieues difficiles.
